Chantons la langue avec Yves Duteil

Yves Duteil, la Langue de chez nous, 1985. pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Cela étant, il y aussi «La langue de chez nous».

Yves Duteil, «la langue de chez nous», album la Langue de chez nous, 1985

 

C’est une langue belle avec des mots superbes
Qui porte son histoire à travers ses accents
Où l’on sent la musique et le parfum des herbes
Le fromage de chèvre et le pain de froment

Et du Mont-Saint-Michel jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il en a gardé toutes les harmonies

Dans cette langue belle aux couleurs de Provence
Où la saveur des choses est déjà dans les mots
C’est d’abord en parlant que la fête commence
Et l’on boit des paroles aussi bien que de l’eau

Les voix ressemblent aux cours des fleuves et des rivières
Elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux
Parfois même aux torrents qui charrient du tonnerre
En polissant les pierres sur le bord des ruisseaux

C’est une langue belle à l’autre bout du monde
Une bulle de France au nord d’un continent
Sertie dans un étau, mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d’un volcan

Elle a jeté des ponts par-dessus l’Atlantique
Elle a quitté son nid pour un autre terroir
Et comme une hirondelle au printemps des musiques
Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs

Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout,
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu’on y parle encore la langue de chez nous

C’est une langue belle à qui sait la défendre
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie

 

P.-S.—En 1989, Michel Rivard lance la chanson «Le cœur de ma vie» : «Je l’ai écrite parce que, à ce moment-là, j’avais besoin de dire que ma langue meurt, explique-t-il. Et j’étais un petit peu en réaction à la chanson sur la langue d’Yves Duteil qui présentait une vision absolument carte postale du Québec. Je n’ai jamais vraiment embarqué dans cette chanson-là, alors j’avais besoin d’en faire une» (la Presse+, 23 juin 2024).

 

Chantons la langue avec les Fabulous Trobadors

Fabulous Trobadors, On The Linha Imaginòt, 1998, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Fabulous Trobadors, «L’accent», On The Linha Imaginòt, 1998

 

Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Tu l’écoutes et je vois qu’il est bien
Chacun au début possède le sien
Le français parlé par les Toulousains suit un certain destin
Le mien provient du languedocien
Il vient de loin et c’est un lien contemporain avec l’âge moyen
Ce qu’il devient nous appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Il se mélange avec le tien
Il y en a combien, il y en a plein
Algérien, marocain, brésilien,
Africain, italien, sicilien
Imagine tout ce qu’il contient
Il est de la campagne, il est urbain
Rien je ne regrette rien
Ce qu’il devient m’appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

L’accent de la télé ne signifie rien
Imposé par les infos il déteint
Tous les pébrons prennent le sien
Oublie le leur
Est-ce que ça te convient ?
Complètement aliéné soudain
Face au micro
Alors il n’y a plus rien
Peur de l’accent qui vient d’où tu viens
Pourtant il t’appartien
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Dans les médias c’est un déclin
La même pression partout se maintient
J’entends le seul et même refrain
Le modèle du super citoyen
Si tu sais que c’est de quelque part que tu proviens
Au sérieux personne ne te tient
Folklorique pour eux égal crétin
Un cliché auquel rien n’appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Tu l’écoutes et je vois qu’il est bien
Chacun au début possède le sien
Le français parlé par les Toulousains suit un certain destin
Le mien provient du languedocien
Il vient de loin et c’est un lien contemporain avec l’âge moyen
Ce qu’il devient nous appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

 

Accouplements 252

Alfred Hitchcock, North by Northwest, 1959, affiche

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Depuis le 1er septembre 2024, l’excellent Patrick Boucheron est à la barre de l’émission Allons-y voir, «Un rendez-vous pour analyser les images qui nous entourent et nourrir nos imaginaires», sur France Culture. L’épisode du 24 novembre, «Au théâtre des valeurs de l’art», portait sur le marché de l’art. La commissaire-priseuse Chloé Collin y réfléchissait à son métier. On y entendait, sur les ventes aux enchères, un extrait du film le Tableau volé (2024) de Pascal Bonitzer et la chanson Drouot (1970) de Barbara.

C’est à cette émission que l’Oreille tendue a repensé en revoyant North by Northwest / la Mort aux trousses (1959) d’Alfred Hitchcock. Cary Grant y est particulièrement habile à bousiller le déroulement d’une vente aux enchères, en misant soit trop bas, soit trop haut. La scène est particulièrement drôle.

Allez-y voir.

Chantons la langue avec Mireille Mathieu

Mireille Mathieu, «J’ai gardé l’accent», 1968, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Mireille Mathieu, «J’ai gardé l’accent», 1968

 

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille
C’est l’ail du potager, l’huile de l’olivier, le raisin de la treille
C’est le micocoulier où jouent les écoliers,
Qu’une cigale égaye

Quand la mer de Pagnol en retenant ses vagues
S’endort en rêvassant
Et rêve d’un marin qui lui passe la bague
La mer a notre accent

Quand le vent de mistral décoiffe les marchandes
Jouant au Tout-Puissant
Et qu’il nous fait le ciel plus bleu que la lavande
Le vent a notre accent

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille
C’est le mas paternel, aux murs couleur de miel, aux tomates vermeilles
C’est la tuile du toit, comme un peu de patois
Que le soir ensoleille

Quand la nuit de Daudet aux moulins met des voiles
Qui tournent en crissant
Et que ça grouille au ciel de millions d’étoiles
La nuit a notre accent

Quand l’été de Giono revient en transhumance
Et que les estivants imitent en riant
Le parler de Provence
Le monde a notre accent

Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille
C’est l’accent du clocher, la Noël des bergers dans la nuit des merveilles
C’est l’orgueil provençal, la gloire de Mistral

C’est l’accent de Mireille

 

Chantons la langue avec Chanson plus bifluorée

Chanson plus bifluorée, De concert et d’imprévu, 2006, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Chanson plus bifluorée, «Grammaire song», De concert et d’imprévu, 2006

 

D’accord c’est un peu rébarbatif
Le subjonctif en apéritif
Passons sur le mode impératif
Le plus-que-parfait, le pronom relatif

Adjectif possessif : possession
Mes, tes, ses, nos, vos, leurs, mon, ton, son
Exemple facile : c’est son tonton
Qu’est ton maçon, lui qui t’a bâti ta maison

Un cheval au pluriel c’est chevaux
Mais des batailles font pas des bateaux
Exception faite pour aller aux bals
Danser quels régals dans tous les carnavals

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

L’accent aigu remplace souvent
Un ancien s qu’on avait dans l’temps
L’accent circonflexe évidemment
Mis pour une lettre qu’on écrivait avant

J’ai laissé mon épée à l’escole
Avant que d’étudier l’Anatole [?]
De l’anglais on garde le football
Le jean, le footing et puis le music-hall

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Tout adverbe est toujours inchangé
Mais tout adjectif peut s’accorder
Quand tout est pronom, difficulté !
Tout c’est compliqué, on n’y est plus tout à fait

Bijou caillou chou genou hibou
Sans oublier tous nos vieux joujoux
Bijou caillou chou genou hibou pou
Mais où est donc or ni car ? Souvenez-vous

Avez-vous bien étudié la grammaire
Les règles littéraires, accordé l’auxiliaire ?
Avez-vous bien révisé le français
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Avez-vous cherché dans le dictionnaire
Compris le questionnaire, écrit vos commentaires ?
Avez-vous bien étudié l’imparfait
L’attribut du sujet, le complément d’objet ?

Avez-vous résolu tous les mystères
De la conjugaison et du vocabulaire ?
Du temps où vous remplissiez vos cahiers
D’attributs du sujet, de compléments d’objet
D’attributs du sujet, de compléments d’objet