L’oreille tendue de… Pierre Samson

Pierre Samson, le Mammouth, 2019, couverture

«Bella et Joshua échangent un regard. Il lui demande si elle a entendu où ils ont été emmenés.
— Bien sûr, je tendais l’oreille, vous vous en doutez bien. À l’hôpital-prison, là, entre les deux gares. On n’est pas près de les revoir, les pauvres. Pour ce qui est du Mammouth, je le répète : l’homme qui est tombé près de moi n’avait aucune arme dans les mains. Il n’a pas essayé de frapper personne. Il était juste en avant de la foule.»

«Ces femmes, trop maigres, trop pâles, tendent l’oreille aux propos débités par la dame Varrieur et, si elles ne peuvent affirmer y comprendre grand-chose, elles ressentent qu’une vérité libératrice pointe le nez derrière ce flot d’étranges paroles et qu’elle s’évanouira dès les premières secondes de silence.»

Pierre Samson, le Mammouth, Montréal, Héliotrope, 2019. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Gabriel Anctil

Gabriel Anctil, Cuba libre !, 2019, couverture

«Ils sirotent tranquillement une blonde
leurs appareils photo au repos.
Regardent au loin, aux aguets
tendant l’oreille pour capter le prochain appel au combat
prêts à rejoindre la Sierra Maestra
certains de pouvoir désormais passer
pour de purs révolutionnaires
déterminés à libérer l’humanité
des besoins imposés» (p. 13)

«J’entends des chants et des rythmes de tambours.
Je tends l’oreille
et tente de remonter à la source de la musique
comme si mon corps entier voulait s’y frotter» (p. 54)

Gabriel Anctil, Cuba libre !, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Quai no 5», 2019. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Grégoire Courtois

Grégoire Courtois, les Agents, 2019, couverture

«Solveig est pâle. Elle avance tête baissée comme les autres. Les agents ici réunis tendent l’oreille afin d’identifier le moindre bruit qui puisse être synonyme de danger, mais Solveig, elle, semble ailleurs, torturée par une peur bourdonnante, qui l’empêche d’entendre, de voir ou de sentir.»

Grégoire Courtois, les Agents. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 01, 2019, 292 p., p. 170.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 18 mars 2020.

Le niveau baisse ! (2010)

Dennis Lehane, Moonlight Mile, éd. de 2011, couverture

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«After my daughter was born, I’d considered buying a shotgun to ward off potential suitors fourteen or so years up the road. Now, as I listened to these girls babble and imagined Gabby one day talking with the same banality and ignorance of the English language, I thought of buying the same shotgun to blow my own fucking head off.

Five thousand years of civilization, more or less, twenty-three hundred years since the libraries of Alexandria, over a hundred years since the invention of flight, wafer-thin computers at our fingertips, which can access the intellectual riches of the globe, and judging by the girls in that room, the only advance we’d made since the invention of fire was turning like into an omni-word, useful as a verb, a noun, an article, the whole sentence if need be» (p. 124).

Source : Dennis Lehane, Moonlight Mile. A Kenzie and Gennaro Novel, New York, Harper, 2011, 348 p. Édition originale : 2010.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture