La clinique des phrases (hh)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais, dans une chronique portant sur l’interdiction du port des signes religieux chez les agents de l’État :

Taylor a toutefois insisté pour que la Commission n’affirme pas que l’interdiction soit vue comme une conséquence nécessaire du principe de laïcité.

Tous les mots de la phrase sont français, la syntaxe est (en partie) correcte et pourtant ça ne va pas. Que faire ?

Essayons ceci :

Taylor a toutefois insisté pour que la Commission n’affirme pas que l’interdiction était une conséquence nécessaire du principe de laïcité.

Le verbe être est souvent utile.

À votre service.

La clinique des phrases (gg)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais :

Le PQ des années 1970 n’en proposait pas moins un «projet de société», qui se voulait résolument social-démocrate.

L’Oreille a déjà eu l’occasion de dire le mal qu’elle pense de l’emploi du verbe se vouloir avec un sujet inanimé et de son abus. C’est une de ses lubies. (Voir ici.)

Modifions néanmoins la phrase ci-dessus, en la raccourcissant :

Le PQ des années 1970 n’en proposait pas moins un «projet de société» résolument social-démocrate.

À votre service.

P.-S.—«Résolument» ? L’adverbe est, en effet, galvaudé.

La clinique des phrases (ff)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais :

Considérant la valeur de la liberté d’expression, le pouvoir public ne peut guère aller plus loin, sur le plan de la régulation du marché des idées, que d’interdire les discours haineux et de favoriser la diversité des voix ou soutenant les institutions du savoir, les médias et les arts.

Que faire de ce bien bizarre «ou soutenant» ?

De deux choses l’une.

Remplacer le «ou» :

Considérant la valeur de la liberté d’expression, le pouvoir public ne peut guère aller plus loin, sur le plan de la régulation du marché des idées, que d’interdire les discours haineux et de favoriser la diversité des voix en soutenant les institutions du savoir, les médias et les arts.

Remplacer le «ou soutenant» et enlever un «et» :

Considérant la valeur de la liberté d’expression, le pouvoir public ne peut guère aller plus loin, sur le plan de la régulation du marché des idées, que d’interdire les discours haineux, de favoriser la diversité des voix et de soutenir les institutions du savoir, les médias et les arts.

À votre service.

P.-S.—En prime, l’auteur a recours à cette plaie de la langue contemporaine : «posture».

La clinique des phrases (ee)

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(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit un «Rectificatif» :

Le père du maestro Yannick Nézet-Séguin n’est pas comptable de profession, comme nous l’avons écrit le 29 décembre dernier dans la chronique de Lysiane Gagnon «Toujours plus haut».

Rendons à César ce qui est à César :

Le père du maestro Yannick Nézet-Séguin n’est pas comptable de profession, comme Lysiane Gagnon l’a écrit le 29 décembre dernier dans sa chronique «Toujours plus haut».

À votre service.

P.-S.—Ça paraît compliqué les rectificatifs dans la presse québécoise.

La clinique des phrases (dd)

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(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Symbole parmi d’autres d’une littérature québécoise aux prises avec de graves problèmes d’amnésie, Jacques Benoit se garde pourtant de s’abreuver au ruisseau empoisonné de l’amertume.

Rendons-la moins jolie :

Symbole parmi d’autres d’une littérature québécoise aux prises avec de graves problèmes d’amnésie, Jacques Benoit n’est pourtant pas amer.

À votre service.