La clinique des phrases (112)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit ce bout de phrase :

Chroniqueur au journal Le Devoir jusqu’à la fin de sa vie, puis à Radio-Collège pour l’émission La cité des plantes […].

L’auteur du texte dont il est tiré est un scientifique : on peut penser qu’il ne croit pas à la réincarnation et qu’il n’estime donc pas possible de collaborer à une émission de radio une fois que l’on est mort.

Revoyons cela :

Chroniqueur au journal Le Devoir, jusqu’à la fin de sa vie, et à Radio-Collège pour l’émission La cité des plantes […].

À votre service.

La clinique des phrases (111)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit l’incipit suivant :

Si XXX détient une formation en littérature, cet ouvrage rend compte d’une recherche située au plus près de l’histoire culturelle.

«Détenir une formation» ? Comment passe-t-on, sur le plan de la syntaxe, de «XXX» à «son ouvrage» ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Essayons ceci :

Bien que formé en littérature, XXX, dans cet ouvrage, rend compte d’une recherche située au plus près de l’histoire culturelle.

À votre service.

La clinique des phrases (110)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit le fait divers suivant, tiré d’un quotidien montréalais :

Une enquête de la SPCA de Montréal a mené à l’accusation d’un homme en Montérégie pour cruauté animale. Il serait responsable de l’attaque filmée par deux chiens sur un sanglier sans défense dans un enclos en novembre dernier.

L’Oreille tendue a déjà été la maîtresse d’un chien, et ce chien avait l’œil — pas au point cependant de pouvoir filmer quoi que ce soit.

Rétablissons les responsabilités :

Une enquête de la SPCA de Montréal a mené à l’accusation d’un homme en Montérégie pour cruauté animale. Il serait responsable de l’attaque, dans un enclos en novembre dernier, d’un sanglier sans défense par deux chiens. Cette attaque a été filmée.

C’est encore lourd, mais, au moins, il n’y a plus de chiens tenant une caméra (deux caméras, une par chien ?).

À votre service.

La clinique des phrases (109)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit une première phrase, tirée d’un éditorial de presse :

C’est pourtant la voie qu’a choisie le ministère de la Santé et des Services sociaux en publiant, le 16 décembre dernier, un avis enjoignant aux enseignants, aux bibliothécaires et aux libraires à bannir le roman Le garçon aux pieds à l’envers : Les chroniques de Saint-Sévère, de l’auteur François Blais.

Soit une seconde, dans un (excellent) ouvrage sur le français :

Le livre cite des femmes célèbres dans tous les domaines (les arts, la morale mais aussi la guerre) et exalte leurs pouvoirs intellectuels en les enjoignant à sortir de leur dépendance aux hommes grâce à l’éducation.

Un seul verbe, enjoindre, pour deux constructions : enjoindre à quelqu’un à faire quelque chose; enjoindre quelqu’un à faire quelque chose.

Les deux constructions sont fautives, ainsi que le rappelle le gouvernement du Canada; il aurait fallu enjoindre à quelqu’un de faire quelque chose.

Donc :

enjoignant aux enseignants, aux bibliothécaires et aux libraires de bannir;

leur enjoignant de sortir.

À votre service.

P.-S.—C’est Gilles Marcotte qui n’aurait pas été content.

La clinique des phrases (108)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la quatrième de couverture d’un livre récent :

Après une carrière de 35 ans, au cœur du vestiaire du Tricolore, Pierre Gervais a été un témoin privilégié de nombreux moments qui ont ponctué l’histoire de nos Glorieux.

(«Tricolore» ? «Glorieux» ? Cela désigne l’équipe des Canadiens de Montréal — c’est du hockey et, donc, de la langue de puck.)

On peut légitimement penser que ledit Pierre Gervais a surtout été un «témoin privilégié» du temps où il travaillait «au cœur du vestiaire du Tricolore», et non pas «après» sa carrière. De même la virgule entre «ans» et «au» est évidemment inutile.

Bref :

Durant une carrière de 35 ans au cœur du vestiaire du Tricolore, Pierre Gervais a été un témoin privilégié de nombreux moments qui ont ponctué l’histoire de nos Glorieux.

À votre service.

P.-S.—Le livre où apparaît cette phrase bancale fait partie du catalogue d’une nouvelle maison d’édition. Ce n’est pas la seule chose qui mériterait d’être corrigée : appositions mal ponctuées, constructions fautives, caractères italiques jetés au petit bonheur la chance, personnages nommés par leur seul prénom avant d’être présentés, etc. Ne s’improvise pas éditeur qui le veut.