Ce matin, on a pu l’entendre, à l’émission Désautels le dimanche de la radio de Radio-Canada, répondre aux questions de Marie-France Abastado au sujet de l’UTA.
«L’homme appartenait à cette race de chercheurs solitaires qui ne vivent que pour avoir raison et dont on ne sait jamais ce qui l’emportera en eux du génie ou du fanatisme.»
Boileau-Narcejac, …Et mon tout est un homme, Paris, Denoël, coll. «Folio policier», 188, 2009, 204 p., p. 28. Édition originale : 1965.
P.-S.—La première alternative professionnelle de l’Oreille ? Par ici.
«Ramsey et Crane formaient un contraste comique dont ils semblaient l’un et l’autre inconscients; l’un était le professeur d’université traditionnel, pédant, irritable et impatient vis-à-vis des étrangers à sa spécialité, l’autre appartenait à la nouvelle race des universitaires engagés, s’efforçant par tous les moyens de rester en contact avec ses étudiants» (p. 50).
«Le responsable était un jeune homme dont l’aspect rappelait assez curieusement à la fois Crane et Ramsey. Il était vêtu dans le style de Crane et utilisait les mêmes tournures argotiques, mais il avait quelque chose de pédant, de tatillon et d’impatient dans son comportement, tout à fait dans la manière de Ramsey» (p. 99).
«La position de Tynebourne était à la fois triste et drôle. Ses instincts naturels le portaient à adopter l’attitude de Ramsey : le public pouvait aller se faire voir. Cependant, ses convictions acquises le poussaient en faveur de l’égalitarisme de Crane» (p. 149).
Tucker Coe, le Poster menteur, Paris, Gallimard, coll. «Carré noir», 573, 1986, 246 p. Traduction de R. Fitzgerald. Édition originale : 1972.
Pandémie oblige, l’Oreille tendue donne actuellement un cours à distance. Sur ce que représente, selon elle, ce type d’enseignement à l’université, elle publie aujourd’hui une tribune dans la Presse+, sous le titre «La confusion pédagogique».
Le frère mariste Jean-Ferdinand voulait du bien à ses lecteurs. En 1945, il publiait Instruisons-nous; en 1949, Cultivons-nous; en 1952, Connaissons-nous le Québec ? En 1951 paraissait Refrancisons-nous : on ne confondra évidemment pas la première et la seconde édition.
Instruisons-nous, ce «modeste ouvrage», est une «encyclopédie en raccourci» destinée à acquérir la «science universelle» et il s’adresse au «savant», au «professeur», à l’«industriel», à l’«homme d’affaires», à l’«ouvrier», au «jeune homme» comme à la «jeune fille», à l’«enfant» : «Prenez et lisez simplement ce livre;.. il vous instruira;.. il vous récréera;.. il vous reposera» (p. 3, ponctuation certifiée d’origine).
Dix-huitiémiste de son état, l’Oreille a d’abord été un peu tendue en parcourant l’ouvrage. À la rubrique «Qui a été surnommé», il y a «Le barde d’Avon» (Shakespeare), mais pas «Le patriarche de Ferney» (p. 13). Parmi les «Pseudonymes», il y a celui de Jean-Baptiste Poquelin (Molière), mais pas celui de François-Marie Arouet (p. 24). «À quels ouvrages sont associés les caractères» comporte Homais (Madame Bovary), mais pas Candide (p. 31). Sous «Qui a dit», on trouve «J’avais pourtant quelque chose là !» (André Chénier), mais pas «il faut cultiver notre jardin» ni «le meilleur des mondes possibles» (p. 32).
Le frère Ferdinand en aurait-il contre Voltaire, qu’il ne cite pas alors que tant d’occasions se présentent à lui ?
«Le patriarche de Ferney», celui qui se fait appeler Voltaire à partir de 1718, l’auteur de Candide apparaît enfin — ouf — à la rubrique «De qui sont ces mots historiques» : «Quand cessera-t-on de se battre pour quelques arpents de neige ?» Réponse : «Voltaire» (p. 91).
(Voltaire n’a pas dit ça. Au début du vingt-troisième chapitre de Candide, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», au moment où Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais, on lit : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.» Pour une vidéo explicative sur l’expression «arpents de neige», c’est ici. Pour un florilège, là.)
À la question «Nommez deux écrivains philosophes du XVIIIe siècle ?» («Littérature française»), Instruisons-nous retient deux noms : «Jean-Jacques Rousseau et Voltaire» (p. 127).
Quand on pense que l’année où paraît cet ouvrage, Marcel Trudel lance les deux volumes de l’Influence de Voltaire au Canada, on se dit que ces deux apparitions du nom de Voltaire, c’est bien peu.
P.-S.—Le frère Ferdinand n’est pas indifférent aux sports. «Nommez trois bons joueurs du “Canadien” en 1945» («Les sports») : «Richard, Blake, Lach» (p. 82). On aura reconnu les trois joueurs de la Punch Line : Maurice Richard, Toe Blake, Elmer Lach.
[Complément du 25 janvier 2023]
Références
Frère Jean-Ferdinand, f.m., Instruisons-nous, Lévis, Des ateliers de Le Quotidien, Ltée, 1945, 139 p. Quatrième édition.
Trudel, Marcel, l’Influence de Voltaire au Canada, Montréal, Fides, les Publications de l’Université Laval, 1945, 2 t. Tome I : de 1760 à 1850, 221 p.; tome II : de 1850 à 1900, 315 p.