L’art d’être ambidextre

«Fabien Cloutier aime frapper des deux bords», le Devoir, 16-17 janvier 2021, manchette

Définition du Petit Robert du mot ambidextre : «Qui peut faire la même chose de la main droite ou de la main gauche, avec autant de facilité. Un champion de tennis ambidextre

Si le Robert choisit le tennis comme exemple, l’art de se servir de ses deux mains s’applique également à d’autres sports, par exemple au baseball.

Au Québec, dans le registre soutenu, on parle donc de frappeur ambidextre pour désigner celui qui peut s’élancer des deux côtés du marbre. Dans le registre familier, on peut dire frapper des deux bords.

Le Devoir avait sûrement cette expression à l’esprit en publiant une entrevue de Fabien Cloutier la fin de semaine dernière.

Joli.

P.-S.—En effet, nous avons déjà croisé, chez Jean-Philippe Toussaint, «un chef d’orchestre accablé, dyslexique et ambidextre».

Réponses du mercredi matin

Logo de la revue Circula

Vous vous demandez pourquoi, dans l’édition française de 1997 de la Conjugaison pour tous (le Bescherelle), il y a des verbes dits «québécois» qui vous étonnent (affarmir, xaminer) ? Vous ne comprenez pas comment le français québécois de Sous les vents de Neptune (2004) de Fred Vargas peut être aussi bizarre ? L’accent de Marion Cotillard dans Rock’n’roll, le film de Guillaume Canet (2017), ne vous convainc pas ?

Allez lire, de Nadine Vincent, «Qu’est-ce que la lexicographie parasite ? Typologie d’une pratique qui influence la représentation du français québécois» (Circula. Revue d’idéologies linguistiques, 11, printemps 2020, p. 106-124). Vous y verrez que tout est affaire de sources. Quand on ne choisit pas les bonnes, ça peut causer toutes sortes d’incohérences.

En une formule : «pour reproduire le français du Québec, les Français pointés du doigt se sont parfois basés sur des sources québécoises inadéquates» (p. 108).

En quelque synonymes : «clichés» (p. 115), «inexactitudes» (p. 115), «stéréotypes» (p. 122), «idées préconçues» (p. 122).

À lire.

P.-S.—Cela ne peut probablement pas expliquer tout ce qui se trouve ici dans la rubrique «Ma cabane au Canada».

Les zeugmes du dimanche matin et d’Hervé Le Tellier

Hervé Le Tellier, l’Anomalie, 2020, couverture

«Blake achète en liquide et à un inconnu un ordinateur portable d’occasion […]» (p. 16).

«Blake boit donc son café, sans sucre ni inquiétude» (p. 24).

«Oui, mon frangin, oui, tu vas vomir tes tripes, te vider par tous les bouts, tu vas perdre tes cheveux, et tes sourcils, et vingt kilos aussi, et après quoi ?» (p. 45)

«Ni le Nigeria ni l’alcool ne lui réussissent» (p. 85).

«Malgré tout, en valsant avec elle, en chassant loin le sang et la poudre et le désert, il crachait à la gueule de tous les démons de l’enfer» (p. 189-190).

«[…] la quasi-totalité de l’espèce va mourir de chaud et de stupidité dans à peine cinquante ans simulés» (p. 198).

Hervé Le Tellier, l’Anomalie. Roman, Paris, Gallimard, 2020, 327 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Accouplements 159

Martin Gibert, Faire la morale aux robots, 2020, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Lecture de la semaine dernière : Gibert, Martin, Faire la morale aux robots. Une introduction à l’éthique des algorithmes, Montréal, Atelier 10, coll. «Documents», 17, 2020, 95 p. Ill.

«C’est une conférence TED qui date de 2015. Le philosophe Nick Bostrom, micro-cravate et calvitie naissante, s’adresse au public du Convention Centre de Vancouver» (p. 48).

Lecture de cette semaine : Le Tellier, Hervé, l’Anomalie. Roman, Paris, Gallimard, 2020, 327 p.

«Nous l’appelons “l’hypothèse Bostrom”. Je veux parler de Nick Bostrom, un philosophe enseignant à Oxford, qui a proposé au début du siècle…» (p. 165)