L’oreille tendue de… Gaël Faye

Gaël Faye, Petit pays, 2016, couverture

«Ils ont prévu liquider tous les leaders de l’opposition et toutes les personnalités modérées hutues de la société civile. Ensuite, ils s’occuperont des Tutsi…

Il a fait une pause, a regardé autour de lui, l’oreille tendue, guettant le moindre bruit anormal.»

Gaël Faye, Petit pays. Roman, Paris, Grasset, 2016, 224 p. Édition numérique.

L’oreille tendue de… Cassandra Guillin

Cassandra Guillin, Projet PSY, 2014, couverture«C’est à ce moment qu’il entendit un bruit, plutôt faible et assez éloigné; si Shane n’avait pas tendu l’oreille il n’aurait sûrement rien entendu, mais il était certain que ce bruit n’était pas une vision.»

Cassandra Guillin, Projet PSY, Paris, Société des écrivains, 2014, 316 p., p. 27.

Et si…

Charles-Philippe Laperrière, Gens du milieu, 2018, couvertureLisant Gens du milieu de Charles-Philippe Laperrière (2018), l’Oreille tendue avait eu a la puce à l’oreille devant la phrase suivante :

Depuis plusieurs mois, Connor agit en tant que second intervenant dans la réadaptation d’une masse croissante de clients, parmi quoi S. Dorion (p. 140).

Ce «parmi quoi» évoquait, pour elle, un romancier admiré.

Puis, quelques plages plus loin, elle lit une allusion directe à un roman lui aussi admiré, du même auteur :

Au moment du décès, sur la table de nuit, à côté du vaporisateur de naxolone intact, se trouvaient un verre d’eau, de l’aspirine, des lunettes à monture de corne, le roman Cherokee de Jean Echenoz où était glissée la photo d’un garçon de douze ans aux cheveux bouclés, aux traits tout fins, et quatre euros cinquante centimes (p. 165).

Tout s’explique.

 

[Complément du 10 juin 2018]

Charles-Philippe Laperrière est en entrevue dans la Presse+ du jour. Remarque de l’intervieweuse, Chantal Guy : «Il y a du Michon et du Echenoz chez Laperrière, qui avoue avoir voulu être en dialogue avec ces écrivains qu’il admire […].» Merci.

 

Référence

Laperrière, Charles-Philippe, Gens du milieu. Légendes vivantes, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 121, 2018, 178 p., p. 175.

Les zeugmes du dimanche matin et de Philippe Claudel

Philippe Claudel, l’Archipel du Chien, 2018, couverture

«Il ôta de son nez ses lunettes épaisses et troubles qui lui faisaient un regard de rouget perdu dans un aquarium aux parois verdies par les algues, puis se mit à les essuyer lentement avec un pan de sa soutane qui sentait le camphre et le long célibat» (p. 35).

«Deux vieilles avaient quitté l’église dans un fracas de chaises. L’une d’elles avait même dénoncé le curé et ses propos sacrilèges à l’évêque dans un courrier encombré de fautes et d’eau bénite» (p. 98).

Philippe Claudel, l’Archipel du Chien, Paris, Stock, coll. «La bleue», 2018, 288 p.

 

[Complément du 7 août 2018]

«Ils voudraient comme d’habitude le retenir pour déjeuner, mais comme d’habitude il refuserait, et transporterait son gros corps jusque chez lui pour se nourrir d’un peu de pain, d’olives et de solitude.»

 

(Une définition du zeugme ? Par .)