Le zeugme du dimanche matin et d’Hervé Le Tellier

Hervé Le Tellier, Toutes les familles heureuses, éd. de 2021, couverture

«Nous dinâmes dans un restaurant typique et une tension relative […].»

Hervé Le Tellier, Toutes les familles heureuses, Paris, JC Lattès, 2017, 224 p., p. 86-87. Édition de 2021, p. 74.

(Merci à @sbailly.)

 

[Complément du 27 décembre 2021]

L’Oreille tendue vient, à son tour, de lire ce texte et de s’en délecter. Elle y a repéré d’autres zeugmes : «Les deux hommes ne faisaient pas que partager un prénom et un diplôme […]» (p. 56); «Nous nous quittâmes et je rentrai chez moi, à pied, poussé par la forte pente et un moins fort chagrin […]» (p. 71); «je parcourus toute l’Italie sans le moindre problème ni direction assistée» (p. 98).

Hervé Le Tellier, Toutes les familles heureuses, Paris, JC Lattès, coll. «Le livre de poche», 36181, 2021, 189 p. Édition originale : 2017.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Nicolas Bouvier

Nicolas Bouvier, l’Usage du monde, 2004, couverture

«Le patron du relais examinait notre chargement. L’air perplexe. Certes ce n’était pas mal, mais un camionneur avisé pouvait faire mieux encore. Il se trouvait précisément avoir, à destination de Mazar-i-Shérif, quelques ballots dont il s’est ouvert au chauffeur. Ses mains soulignaient les offres, voletant en orbes séduisantes autour du camionneur qui cédait petit à petit. À midi l’affaire était bien engagée et promettait encore trop de plaisir pour se conclure avant la nuit. Je suis parti de mon côté. Cheminé en tendant l’oreille pendant quelques kilomètres; je ne les ai jamais revus.»

Nicolas Bouvier, l’Usage du monde, Montréal, Boréal, 2014, 375 p., p. 352. Édition originale : 1963.

Autopromotion (brève et indirecte) 321

Il y a quelques années, l’Oreille tendue a eu le plaisir de publier un court livre de Marc Zaffran / Martin Winckler, Profession médecin de famille. Sur ce blogue, elle a abordé le statut du français populaire du Québec dans un de ses romans policiers, les Invisibles. Depuis quelques années, elle et lui se croisent à l’occasion à Montréal.

Quand le romancier lui a demandé de lire quelques passages d’un roman (alors) à paraître, histoire de voir ce qu’il en était du français québécois d’un des personnages, l’Oreille n’allait évidemment pas refuser.

C’est de cela qu’il est brièvement question à la quinzième minute de cette vidéo présentant les Histoires de Franz.

P.S.—Il arrive aussi à MZ / MF de pratiquer le zeugme.

 

Références

Winckler, Martin, les Invisibles, Paris, Fleuve noir, 2011, 277 p.

Winckler, Martin, les Histoires de Franz, Paris, P.O.L, 2017, 528 p.

Zaffran, Marc, Profession médecin de famille, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Profession», 2011, 72 p.

Divergences transatlantiques 049

Soit un véhicule automobile : «Fourgonnette ou minibus servant au transport de personnes», dit le Petit Robert (édition numérique de 2014), qui considère le mot comme un anglicisme.

Pour ce dictionnaire, van est masculin, de même que pour Ian Manook (Yeruldelgger, p. 243) et que pour @iRumeurs.

Ce n’est pas le cas au Québec, où le mot est féminin, par exemple dans cet article préparé par la rédaction d’Urbania pour la Presse+ du 29 juillet 2017.

«Une van» (la Presse+, 29 juillet 2017)

Il est vrai que les Québécois sont souvent troublés par le genre des moyens de locomotion.

 

[Complément du 26 avril 2022]

C’est bien parce que le mot est anglais qu’il plaît tant aux personnages de Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal : «Ils sont dans le van — jamais ils ne disent camionnette, plutôt crever» (éd. de 2020, p. 16).

 

Références

Kerangal, Maylis de, Réparer les vivants, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 5942, 2020, 298 p. Édition originale : 2014.

Manook, Ian, Yeruldelgger. Roman, Paris, Albin Michel, coll. «Le livre de poche. Policier», 33600, 2016, 646 p. Avant-propos inédit de l’auteur. Édition originale : 2013.