Cochon saignant

Emmanuel Bouchard, Parallèle 45, 2024, couverture

Soit ceci, tiré du roman Parallèle 45 (2024), d’Emmanuel Bouchard :

Un jour, quelques mois avant sa mort, mon père avait disparu pendant une journée entière sans donner de nouvelles, ce qui n’était pas dans ses habitudes quand il ne travaillait pas. Ma mère se faisait du sang de cochon (p. 133).

Se faire du sang de cochon ? Explication du dictionnaire numérique Usito : «s’inquiéter, se tourmenter». En ce sens, il peut être légitime de remplacer le cochon par la punaise.

À votre service.

 

Référence

Bouchard, Emmanuel, Parallèle 45, Montréal, Mains libres, 2024, 197 p. Ill.

Les zeugmes du dimanche matin et de Jocelyne Saucier

Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux, 2011, couverture

«Il lui arrivait d’oublier son âge et de se cuiter comme un jeune homme. C’était des soûleries qui duraient des jours et des nuits et se terminaient dans le délire et les souillures. Ce qui l’a conduit un jour au coma, à l’hôpital et à une travailleuse sociale» (p. 27).

«Nous l’avons laissée à la contemplation du silence de sa chambre et nous sommes descendus dans la grande salle où nous attendaient un bon joint et une bonne discussion, du moins le croyais-je, car en plus du cas de la tante à régler, je n’avais encore rien dit à Bruno au sujet de la photographe et je voulais aussi lui parler de Darling, ma chienne» (p. 62).

«La photographe était arrivée en fin d’après-midi avec un repas de restaurant pour chacun. Frites, salade, poulet rôti, et cette histoire d’amour qui, maintenant que Marie-Desneige avait déclaré Ted incapable d’aimer, allait dans tous les sens» (p. 142).

«Plus élégante et plus fantasque que jamais, Angie portait une robe de soie noire qui absorbait toute la lumière et l’attention des gens» (p. 149).

«Elle retourna au camp à l’aveugle, marchant à tâtons dans l’obscurité et la lourdeur de ses pensées» (p. 163).

Jocelyne Saucier, Il pleuvait des oiseaux. Roman, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2011, 179 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Les zeugmes du dimanche matin et de Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Odette déambule sur ses talons hauts qui lui font perdre l’équilibre mais jamais le sourire, droit et blanc, qui ne quitte pas son visage» (p. 85).

«Les voix forment un tissu enveloppant qui remplit les temps morts des conversations, on passe d’une discussion à une autre, change de place pour quitter un sujet ennuyeux ou un vieil oncle sourd, on parle à une belle-sœur qu’on n’a pas vue depuis un an» (p. 89).

«l’œuvre pontificale distribuait dans les villages des portraits de jeunes enfants et des miettes de supériorité morale» (p. 127).

«On les fait entrer. Zoey traverse le corridor en silence, et dépose son sac au fond de sa case. Justine Picard parle fort, énumère les cadeaux qu’elle a reçus, évoque les destinations rocambolesques qu’ont choisies ses parents pour se faire griller la couenne au soleil, dévoile son bronzage et ses souvenirs de voyage, elle sort de son sac une tortue colorée qui bouge la tête» (p. 405).

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Aux parapluies !

Charlotte Aubin, Toute ou pantoute, 2024, couverture

Soit les vers suivants, tirés du recueil de poésie Toute ou pantoute :

il mouille à siaux
j’aurais voulu l’anticiper
avant d’en avoir la certitude (p. 12).

Ces siaux sont des seaux, voire des chaudières.

Quand il mouille à siaux, dans le français populaire du Québec, c’est qu’il tombe des trombes d’eau. Protégez-vous.

Synonyme : «Il pleut à boire debout […]» (Amiante, p. 179).

À votre service.

 

Références

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

Dulude, Sébastien, Amiante, Saguenay, La Peuplade, 2024, 209 p. Ill.