Curiosité voltairienne (et sylvicole)

François Hébert, Homo plasticus, 1987, couverture

«Voici qu’on annonce le départ du Boeing d’Air Canada
Vers le pays nommé Canada par ce qu’il n’y a nada
Là, hormis des arpents d’épinettes et de rares bipèdes […]».

François Hébert, Homo plasticus, Québec, Éditions du Beffroi, 1987, 130 p., p. 68.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

[Complément du 27 octobre 2025]

Le même François Hébert, les mêmes épinettes, mais dans un livre différent, Miniatures indiennes (2019) : «Ça le touchera, notre lecteur, le bazar indien, en le sortant de soi et son petit confort. De nos petites Rocheuses, nos arpents d’épinettes» (p. 51).

 

Référence

Hébert, François, Miniatures indiennes. Roman, Montréal, Leméac, 2019, 174 p.

Chantons le hockey avec Vincent Delerm

Vincent Delerm, album Vincent Delerm, 2002, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Vincent Delerm, «Slalom géant», album Vincent Delerm, 2002

 

Une année sur deux
Nous allons prendre un verre
Elle revient comme les jeux
Olympiques d’hiver
Ses histoires à la gomme
Le bureau les collègues
Je m’y intéresse comme
Aux épreuves de bobsleigh
Elle reprend un déca
Je suis dans une impasse
C’est un France-Canada
C’est du hockey sur glace
Ses histoires juridiques
Je n’les comprends pas plus
Que les notes artistiques
De la juge biélorusse
Une année sur deux
Nous allons prendre un verre
Elle revient comme les jeux
Olympiques d’hiver
«Je suis v’nu en métro»
«Bah moi j’suis en voiture»
Il n’y a rien de plus beau
Qu’une cérémonie d’clôture

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Les zeugmes du dimanche matin et de Caroline Lamarche

Caroline Lamarche, le Jour du chien, éd. 2025, couverture

«Et je vois que l’envers est creusé d’une strie, qu’il y a là une imperfection — une blessure — qui attire la poussière et le regard, et donne envie de s’introduire au cœur même du caillou, là où la poussière ne le regard ne peuvent pénétrer» (p. 31).

«Le soir même, me grisant de liberté et d’air pluvieux, puis tous les jours» (p. 73).

Caroline Lamarche, le Jour du chien, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 146, 2025, 102 p. Édition originale : 1996. Nouvelle édition revue et corrigée par l’autrice.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Curiosité voltairienne (et apocryphe)

Dans les années 1980, Amnistie internationale se servait d’une affiche de Jankowski pour faire sa publicité.

Affiche de Jankowski pour Amnistie internationale

 

«Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» Beaucoup attribuent cette phrase, avec des variantes diverses, à Voltaire, mais ils se trompent. Elle est de l’historienne britannique Evelyn Beatrice Hall dans The Friends of Voltaire, en 1906.

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Chantons le hockey avec Boby Lapointe

Publicité pour le fromage Jockey

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Boby Lapointe, «Jockey, c’est pas mauvais», 1970

 

Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.
«Ah ! mes amis, dit la baronne,
Restez dîner, je vous l’ordonne,
Avec notre ami le jockey.»
Et elle ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hum.»
«Ah ! Cornebleu, dit l’amiral,
Si j’pars en mer mon amie râle.
En ce cas resterai-je au quai ?»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Moi, dit l’joueur de hockey sur glace,
Je vais rester, mais c’est dég’lasse,
Comme entraîneur ai-je au hockey.»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.»
Comme nous nous levions de table,
M’sieur La Fontaine qui est affable
S’exclama : «Darling, suis-je okay ?»
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
Après avoir un bon moment
Cherché moi-même un compliment
Entre la poire et le jockey,
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
«Mon cher, rétorqua la baronne,
Vos plaisanteries sont très bonnes
Mais ici elles pourraient choquer.»
J’ai dit «Jockey ?
C’est pas mauvais. Hé.»

 

N.B. Il s’agissait d’une publicité pour le fromage blanc Jockey.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture