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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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Il est évidemment arrivé à l’Oreille tendue d’évoquer l’expression «110 %» : c’était le 1er décembre 2010 («Tout juste s’il ne nous dit pas qu’il a donné son 110 %, qu’il travaillait fort dans les coins et que la puck roulait pas pour lui», Voir, 29 mars 2001) et le 4 juin 2013 («J’donne mon 110 %», Zéphyr Artillerie, «Scotty Bowman», chanson, Chicago, 2008).
On le voit : cette expression venue de la langue de puck a migré dans la langue courante. La personne qui donne son 110 % n’économise pas ses efforts, bien au contraire.
Guillaume Corbeil l’utilise à trois occasions dans le Meilleur des mondes, son allègre adaptation théâtrale du roman Brave New World d’Aldous Huxley (1932).
Elle apparaît dans une des capsules de l’«Hypnopédie», cette machine qui vise à conditionner les humains de la dystopie d’Huxley / Corbeil : «Au travail, je donne toujours / mon cent dix pour cent» (p. 88). Le message est bien reçu par Bernard, qui, pour se défendre des accusations portées contre lui, reprend deux fois l’expression à son compte (p. 92, p. 195).
Avoir donné son 110 % lui suffira-t-il pour éviter l’exil ? (Le dramaturge, lui, a donné le sien.)
P.-S.—Oui, une célèbre émission de télévision a eu 110 % pour titre.
P.-P.-S.—Oui, l’Oreille avait apprécié une pièce précédente de Guillaume Corbeil, Unité modèle.
Références
Corbeil, Guillaume, le Meilleur des mondes. D’après Aldous Huxley. Théâtre, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 139, 2019, 238 p.
Corbeil, Guillaume, Unité modèle, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 07, 2016, 109 p. Ill.
Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.
Ken Dryden, l’ancien gardien de but des Canadiens de Montréal — c’est du hockey — publie ces jours-ci une biographie de son ancien entraîneur, Scotty Bowman, Scotty. A Hockey Life Like no Other / Scotty. Une vie de hockey d’exception.
Quelle est la place de Scotty Bowman dans la culture québécoise ? Éléments de réponse ci-dessous.
Jean Lapointe et le groupe Zéphyr Artillerie lui ont consacré des chansons. Le premier, dans «Scotty Blues» (Démaquillé, 1976), le dépeint souffrant dans la défaite : «Scotty fut déçu le Canadien a perdu / Y a pas été fin en changeant d’gardien / Y laisse les meilleurs su’l’banc / Y change ses lignes trop souvent / Pis après la game y pleure / Scotty pleure-nous ton Blues». Le second, dans «Scotty Bowman» (Chicago, 2008), s’adresse aussi à lui, mais pour lui demander des conseils existentiels : «J’ai besoin d’toé pour coacher ma vie»; «Comment c’qu’on fait pour pogner des femmes ?» Quand Loco Locass chante «Le but» (Le Québec est mort, vive le Québec, 2012), on entend «Oublie pas les anglos yo / Toe, Dickie, Doug et Scotty», pour désigner Toe Blake, Dickie Moore, Dick Harvey et notre Scotty.
Les bédéistes l’apprécient et on peut suivre sa carrière avec eux. Le Scotty Bowman qui dirige, avec Sam Pollock, le Canadien junior de Hull-Ottawa et remporte la Coupe Memorial de 1958 est évoqué par Marc Beaudet et Luc Boily (Gangs de rue. Les Rouges contre les Bleus, 2011, p. 25). En 1975, il entraîne les Canadiens et, dans un discours à Pierre Bouchard, Bob Gainey et Henri Richard, il mêle le français et l’anglais, et son gardien, Ken Dryden, lui répond en latin (On a volé la coupe Stanley, p. 13). Chez les frères Mickey et Keir Cutler (The Glory Boys, 1979), il est représenté deux fois, d’abord comme un entraîneur sans pitié avec ses joueurs, ensuite assis sur un buffle, au moment où il quitte Montréal pour les Sabres de Buffalo : «Scotty’s last stand.»
Les romanciers, à l’exception de Danielle Boulianne (2017, p. 112), paraissent s’être assez peu intéressés à Bowman. «Le meneur» par excellence d’une équipe de hockey, selon le poète Bernard Pozier, aurait ses «astuces» (1991, p. 34). Pour le dramaturge Rick Salutin, dans les Canadiens, voilà un entraîneur confronté à une rare difficulté : son club ne perd presque jamais (1977, p. 159). Comment, dès lors, parler aux joueurs ? Comment les convaincre de faire des efforts quand ils affrontent une équipe beaucoup plus faible que la leur ?
J.R. Plante, deux ans plus tôt, publie une analyse idéologique des relations de travail dans le monde du hockey. Laissé de côté par Scotty Bowman lors du premier match de la saison 1974, Henri Richard, le frère de Maurice, annonce sa retraite avant de revenir sur sa décision après une intervention de Sam Pollock, le directeur général des Canadiens. Dans l’article, qui repose sur une analyse du discours de presse, la répartition des rôles est lourdement orientée politiquement : Henri est un persécuté, comme son frère («ce vainqueur est en même temps un vaincu», p. 50), et la victime francophone innocente; Bowman est «le petit contremaître anglophone médiocre, sournois et peureux» (p. 46); Pollock est «le grand boss paternel et paternaliste» (p. 46).
On verra sous peu où Ken Dryden se situe sur tous ces plans.
[Complément du 5 novembre 2019]
L’Oreille tendue a rendu compte du plus récent livre de Ken Dryden ici.
Références
Arsène et Girerd, les Enquêtes de Berri et Demontigny. On a volé la coupe Stanley, Montréal, Éditions Mirabel, 1975, 48 p. Premier et unique épisode des «Enquêtes de Berri et Demontigny». Bande dessinée.
Beaudet, Marc et Luc Boily, Gangs de rue. Les Rouges contre les Bleus, Brossard, Un monde différent, 2011, 49 p. Bande dessinée.
Boulianne, Danielle, Laflamme et le flambeau. Tome 9 de Bienvenue à Rocketville, L’île Bizard, Éditions du Phœnix, coll. «Œil-de-chat», 78, 2017, 211 p. Illustrations de Jocelyne Bouchard.
Cutler, Mickey et Keir, The Glory Boys, Montréal, Toundra Books, 1979, s.p. Parution initiale dans le journal The Gazette.
Dryden, Ken, Scotty. A Hockey Life Like no Other, Toronto, McClelland & Stewart, 2019, viii/383 p. Ill. Traduction : Scotty. Une vie de hockey d’exception, Montréal, Éditions de l’Homme, 2019, 439 p. Préface de Robert Charlebois.
Plante, J.R., «Crime et châtiment au Forum (Un mythe à l’œuvre et à l’épreuve)», Stratégie, 10, hiver 1975, p. 41-65.
Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991. 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.
Salutin, Rick, avec la collaboration de Ken Dryden, les Canadiens, Vancouver, Talonbooks, 1977, 186 p. Ill.
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…de faire quelque chose de semblable à Montréal.
«Le 6 janvier 1953, conscient de l’importance du hockey dans le cœur des Québécois, Dimitri Kasan [des Éditions Marabout-Kasan limitée] fait une demande auprès d’Émery Boucher, directeur de la Commission de l’Exposition provinciale, pour exhiber sur la glace un personnage costumé en oiseau marabout à chaque joute des As [de Québec], et cela pendant la période de surfaçage de la glace. La résolution de la Commission, en date du 8 janvier, autorise “les Éditions Marabout-Kasan enr. à faire promener un marabout sur la glace entre les périodes de hockey à l’occasion d’un joute, moyennant privilège de $ 50.00”. Ce contrat de promotion est signé avec la ville [de Québec], propriétaire du Colisée, qui l’autorise à faire parader un marabout entre les périodes des parties de hockey. C’est ainsi que l’oiseau marabout se fait connaître avec des pirouettes comiques et distribue jusqu’à 500 catalogues des dernières parutions Marabout entre deux périodes.»
Jacques Hellemans, les Éditions Marabout, Bob Morane et le Québec, Québec, Septentrion, 2019, 197 p., ill., p. 126. Mot de l’éditeur, Gilles Herman. Préface d’Henri Vernes.