Trois verbes de la langue de puck

L’Oreille tendue est friande de la langue de puck — c’est du hockey. Elle lui a consacré plusieurs entrées de ce blogue, particulièrement pour son «Dictionnaire des séries», puis un livre.

Ci-dessous, trois verbes qu’on y utilise fréquemment.

Que peut-on compléter au hockey ? Une mise en échec, un échange (une transaction), un dégagement, un blanchissage (un jeu blanc, un zéro), un tir, un tour du chapeau.

Qu’y peut-on servir ? Une mise en échec, un croc-en-jambe (une jambette), une leçon, une feinte, une raclée, un avertissement, un six-pouces, une punition (une pénalité).

Enfin, on peut y sauter : sauter sur un retour de lancer, faire sauter les patins d’un adversaire, sauter une présence ou plusieurs (être cloué sur le banc).

À votre service.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

L’exploitation

Contrat de Maurice Richard pour la saison 1956-1957

L’image est reprise à l’envi.

En 2003, Normand Lester, dans le Livre noir du Canada anglais 3, écrit : «Maurice Richard [c’est du hockey] était sous-payé et exploité parce qu’il était canadien-français» (p. 10). Dans Lance et compte. La reconquête (2004), un des avatars de la série télévisée hockeyistique de Réjean Tremblay, Jérôme Labrie, un agent de joueurs, fait un discours dans le vestiaire du National de Québec : «Maurice Richard était un esclave.» Cette semaine, c’était au tour de figures connues des arts martiaux mixtes de se rassembler en association : «Maurice Richard se faisait exploiter à l’époque. Guy Lafleur aussi. Et on parle des meilleurs joueurs de leur temps. Aujourd’hui, les joueurs ne se font plus exploiter parce qu’ils ont une association», a déclaré Georges Saint-Pierre à cette occasion.

On impute souvent cette supposée exploitation à des motifs «ethniques» : Maurice Richard aurait été exploité par des Canadiens anglais, parce que lui-même était canadien-français. C’est évidemment un peu plus compliqué que cela.

En effet, à l’époque de Richard, il y a eu au moins un joueur (brièvement) mieux payé que lui, mais c’était lui aussi un Canadien français, Jean Béliveau, qui rappelle le fait dans ses Mémoires en 2005 (p. 282). Or Jean Béliveau était alors une recrue; Maurice Richard jouait depuis une dizaine d’années et était la vedette incontestée de son équipe, les Canadiens de Montréal. Le premier savait défendre ses intérêts; le second, beaucoup moins. Peu importe la nature des patrons avec lesquels ils négociaient.

Il est vrai que les histoires opposant les bons aux méchants sont plus faciles à raconter.

P.-S. — Ce texte reprend et développe un passage d’un article publié par l’Oreille tendue il y a une dizaine d’années.

 

Référence

Béliveau, Jean, Chrystian Goyens et Allan Turowetz, Ma vie bleu-blanc-rouge, Montréal, Hurtubise HMH, 2005, 355 p. Ill. Préface de Dickie Moore. Avant-propos d’Allan Turowetz. Traduction et adaptation de Christian Tremblay. Édition originale : 1994.

Lester, Normand, «1. La discrimination dans le sport. Maurice Richard : la fierté d’un peuple», dans le Livre noir du Canada anglais 3, Montréal, Les Intouchables, 2003, p. 14-26.

Melançon, Benoît, «Écrire Maurice Richard. Culture savante, culture populaire, culture sportive», Globe. Revue internationale d’études québécoises, 9, 2, 2006 [2007], p. 109-135. https://doi.org/1866/28632

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

La pensée du sport

Au hockey, il arrive qu’un entraîneur soit congédié. Le congédieur a alors besoin de motifs.

Des exemples ?

Théorie de la (non-)communication : «Le message ne passait plus

Théorie de l’«Ensemble des études, des recherches visant à saisir les causes premières, la réalité absolue ainsi que les fondements des valeurs humaines, et envisageant les problèmes à leur plus haut degré de généralité» (le Petit Robert, édition de 2014) : «Nous avions des divergences philosophiques.»

Il s’en passe des choses dans un vestiaire.

P.-S.— Oui, c’est de la langue de puck.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

De la difficulté de savoir si on a scoré

L’Oreille tendue veut être sûre de bien comprendre, histoire d’affiner sa langue de puck.

Quand un but est douteux, c’est qu’il a été marqué. On doute de la chose, mais elle a incontestablement eu lieu.

Quand un but est certain — voir le tweet ci-dessus —, c’est qu’il n’a pas été marqué. On est certain de la chose, mais elle n’a incontestablement pas eu lieu.

C’est bien ça ?

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture