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De l’article Quinze chansons pour sacrer
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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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En 1971, le réalisateur Jacques Godbout tourne, pour l’Office national du film du Canada, le long métrage IXE-13. Description tirée du site de l’ONF, où l’on peut commander le film :
Comédie musicale mettant en vedette les quatre membres du collectif humoristique, Les Cyniques. André Dubois tient le rôle titre de IXE-13, «l’as des espions canadiens». Il est entouré de Marc Laurendeau, Serge Grenier et Marcel Saint-Germain. Un film tout en musique, une joyeuse parodie des aventures du personnage légendaire issu d’un populaire roman-feuilleton des années 1950 signé Pierre Saurel.
Une des chansons du film, «La chanson très vulgaire», est était visible sur YouTube. Elle peut être utile à qui veut se familiariser avec les jurons québécois et leur prononciation. On y trouve ostie, tabarnak, câlisse, cibouère, criss, sacrament, calvaire.
Pour l’entendre :
Pour la lire (l’Oreille tendue s’est essayée à sa transcription) :
Fais pas d’grimace
Ça porte malheur
Grouille ta carcasse
C’est pas ta sœur
Si je t’embrasse
Toi tu m’écœures
Tu me fracasses
Mon doux seigneur
T’es une lavasse
Un amateur
Je te terrasse
Maudit faiseur
T’as les oreilles comme un chou-fleur
Prends ta bouteille vieil enfant d’chœur
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
J’te mords les couilles
Lève ton nombril
Ostie d’citrouille
Criss de fifi
T’as pas connu
Yvon Robert
Là t’aurais eu un adversaire
I a Gorgeous George
I était cochon
Ça ça t’égorge un cornichon
Larry Moquin i lâchait pas
L’huile de ricin
Mouman poupa
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Enwèye accouche
Mont’ qu’t’es un homme
[Inaudible] une fausse couche
Pis chique d’la gomme
Tu [Inaudible]
J’te casse les dents
J’te décapite
Mon sacrament
Pis fait pas d’bluff
Avec bibi
Nous on joue tough
T’as pas fini
Mas t’faire manger d’la marde en tas
M’en vas t’crever sur le matelas
Mon ostie d’tabarnak
Tu vas manger ma main dans face
M’as t’en fourrer une claque
M’as t’casser les deux échasses
Mon câlisse de baveux
Y a pus personne pour me r’tenir
Mas t’moucher mon morveux
Tu vas crier pis dire martyre
Ostie
Ostie
Ostie
Ostie
Cibouère
Ostie
Tabarnak
Ostie
Ostie
Calvaire
[Etc.]
[Complément du 29 juin 2018]
Commentaire de spectateurs, rapporté par Jacques Godbout dans un livre de souvenirs, De l’avantage d’être né (2018) : «les enfants adorent, surtout la chanson “très vulgaire”, qui contient son lot de sacres et qu’ils apprennent par cœur». Il est vrai que les enfants sont comme ça.
Référence
Godbout, Jacques, De l’avantage d’être né, Montréal, Boréal, 2018, 288 p. Édition numérique.
Cela a été dit et répété, ici comme ailleurs : les jurons québécois viennent souvent du monde de la religion. Les exemples de sacres ne manquent pas à partir de calice, chasuble, Christ, ciboire, hostie, sacrement, tabernacle, etc.
Quand on entend bout d’cierge (à prononcer bout d’ciarge), on peut donc légitimement penser que ce cierge sort de l’Église. Tout aussi légitimement, on peut lui supposer deux bouts, qu’on peut brûler ensemble ou pas.
Comme le faisait remarquer @JSDR l’autre jour, c’est plus complexe pour bout d’vierge (à prononcer bout d’viarge).
D’une part, cette vierge est-elle la Vierge ?
D’autre part, qu’il s’agisse de la Vierge ou d’une vierge, combien aurai(en)t-elle(s) de bout(s) ?
Tant de questions, si peu de jours.
[Complément du 8 juin 2016]
En version concentrée, cela donne :
Bout'ciarge! https://t.co/bEsnJ7Da6y
— Claudia Larochelle (@clolarochelle) June 8, 2016
L’Oreille tendue — c’est de notoriété publique — aime beaucoup sacrer. À cet art, elle a consacré nombre d’entrées de ce blogue.
Elle s’étonne toujours devant les formes molles des sacres (tabarnouche pour tabarnak, par exemple), car on perd alors de vue la quincaillerie liturgique sur laquelle prend appui le juron québécois.
Cet étonnement s’étend à d’autres expressions, plus idiosyncrasiques que généralisées, dans lesquelles le matériel religieux est évoqué. Il est ainsi des gens qui diraient pentures de confessionnal (merci à @liseravary). Pour d’autres, plus ironiques, bon en chasuble (@MDumaisJDM) serait possible. On entend(ait) parfois petit Jésus de plâtre.
Le jour où l’Oreille aura recours à pareils euphémismes, vous pourrez lui crier dessus.
[Complément du 3 mars 2014]
Qui veut, pour jurer, s’en remettre à l’histoire sainte, mais préfère ne pas se servir de Son nom ou de celui de Son fils, peut toujours avoir recours à d’autres personnages bibliques : «Jared Leto sur le tapis rouge aux #oscars : comme si Jésus s’était loué un tux blanc pour échapper aux Romains. Étrange en Hérode !» (@_scorm)
[Complément du 15 avril 2014]
@revi_redac rappelle à l’Oreille des paroles d’une chanson de Richard Desjardins, «Le bon gars» :
Y vont m’aimer en Hérode
Excellent citoyen
Pas parfait mais pas loin
«Je me surpris à crier : “Y fait fret, tabarnak !” C’est fou ce que ça fait du bien de sacrer. Encore plus en pays étranger. C’est une belle soupape, les sacres. C’est tout ce qu’on avait, avant, comme système d’autodéfense.»
Martin Robitaille, les Déliaisons. Roman, Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2008, 240 p., p. 19.