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« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
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«Les Québécois doivent détenir une espèce de prix international dans le domaine du jurement. Certains anthropologues y verraient probablement une illustration de l’ambivalence du sacré. Depuis toujours, ce spécimen d’humanité a appris à nommer les choses sacrées et à les considérer comme les plus importantes de sa vie terrestre et éternelle. Elles représentent une espèce de summum indépassable. Quand il est à l’Église ou qu’il récite ses prières, ces mots sacrés qu’il entend ou prononce sont revêtus d’une aura religieuse. Quand, dans sa vie profane, il voudra exprimer une émotion forte, les mots sacrés se présenteront presque naturellement à lui. Son vocabulaire étant souvent limité, le mot sacré exprimera un superlatif. “C’est beau en Christ”, «Baptême que cette fille-là est bien faite”. Parlant de quelqu’un qui est en colère, il dira qu’“il est en hostie”. Ce n’est que lorsqu’il se fâchera lui-même, que tout ira mal, que le Québécois injuriera le ciel et qu’il “sortira tout ce qu’il y a dans l’église et dans les cieux”. Sa faculté d’invention ne connaît alors plus de bornes. Commençant par les “hosties carreautées” et passant par les “tabernacles de tôle” il ira jusqu’à “chier sur les quatre poteaux du ciel”. Tous les saints du ciel — il en invente au besoin — et la Sainte Vierge en particulier, en prendront pour leur grade.»
Marcel Rioux, les Québécois, Paris, Seuil, coll. «Microcosme. Le temps qui court», 1974, 188 p., p. 46.
L’Oreille tendue, à ses heures, aime à se considérer comme un service public. Voilà pourquoi, à la demande générale (n=0), elle a décidé de contribuer à la campagne électorale québécoise. Elle offre ci-dessous son aide aux électeurs (et aux autres) qui auraient pu être troublés par le vocabulaire des chefs des quatre principaux partis politiques en lice.
Philippe Couillard : coupures
François Legault : ayoye
Jean-François Lisée : câlicer
Manon Massé : viarge
Soit les phrases suivantes :
«Ça peut sembler onirique en soda, mais le fait est que le musicien y trouve la matière de compositions à la fois riches et apaisantes» (le Devoir, 22-23 septembre 2018).
«Tout ça règle pas mon soda de problème de spatio-jet de marde» (Motel Galactic, p. 12).
«Soda ! C’est compliqué !» (Motel Galactic. 2, p. 65)
Ce soda n’est évidemment ni la «Boisson gazeuse contenant des arômes, des sirops de fruits et des édulcorants», ni l’«Eau traitée à laquelle on a ajouté du gaz carbonique pour la rendre artificiellement gazeuse» dont parle le dictionnaire numérique Usito.
C’est un de ces mots employés, au Québec, au lieu de jurons d’un meilleur cru.
Faites l’exercice : remplacez ces soda par crisse. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
P.-S.—En effet, ce n’est pas la première fois que nous croisons pareil sacre inoffensif (voir ici, là ou encore là).
Références
Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic, Montréal, Éditions Pow Pow, 2011, 107 p.
Desharnais, Francis et Pierre Bouchard, Motel Galactic. 2. Le folklore contre-attaque, Montréal, Éditions Pow Pow, 2012, 101 p.