La clinique des phrases (116)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Le docteur Amano et ses collègues ont pu quantifier l’ampleur du problème en interrogeant tout près d’un millier de chercheurs provenant de huit pays différents (Bangladesh, Bolivie, Royaume-Uni, Japon, Népal, Nigéria, Espagne et Ukraine) et ayant des profils linguistiques et économiques différents.

S’il y a huit pays, ils sont nécessairement différents, non ?

Simplifions :

Le docteur Amano et ses collègues ont pu quantifier l’ampleur du problème en interrogeant tout près d’un millier de chercheurs provenant de huit pays (Bangladesh, Bolivie, Royaume-Uni, Japon, Népal, Nigéria, Espagne et Ukraine) et ayant des profils linguistiques et économiques différents.

À votre service.

P.-S.—En effet : c’est un des dadas de l’Oreille, et depuis longtemps.

P.-P.-S.—Le mal sévit aussi en anglais, ainsi que le note Jack Todd. Dans la phrase «When two different of Trump’s own lawyers have pled guilty to crimes, it becomes very, very hard for Trump to maintain this prosecution is political», on peut enlever sans mal «different» et «own».

Les zeugmes du dimanche matin et de Fabrizio Bucella

Fabrizio Bucella, Pourquoi boit-on du vin ?, éd. de 2021, couverture

«En effet, les membres du jury mettent une note sur dix en plus du cœur à l’ouvrage» (p. 132).

«Les Carmes Haut-Brion, famille Pichet, sortent de leur poche Philippe Starck et le chéquier» (p. 207).

«Très vite, l’ensemble de l’aristocratie bordelaise mettra la main au portefeuille et la pioche dans la terre» (p. 216).

«Après avoir réalisé le tour des vignobles et de la question, l’auteur n’a pas trouvé l’oracle […]» (p. 263).

Fabrizio Bucella, Pourquoi boit-on du vin ? Une enquête insolite et palpitante du prof. Fabrizio Bucella, Malakof, Ekho, 2021, 286 p. Ill. Édition originale : 2019. Préface d’Alexandre Abellan.

 

P.-S.—Vous ne connaissez pas le professeur Bucella, ses «Salukes !» et sa passion du zeugme ? Vous devriez. Commencez par ici.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

La clinique des phrases (115)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit cette phrase, tirée d’un roman policier québécois :

Il lui arrivait d’aller prendre un verre avec des collègues, de participer à un tournoi de baseball ou à une partie de pêche, mais il ne se sentait proche d’aucun des fêtards qui remplissaient son verre ou lui criaient de se grouiller le cul afin d’atteindre le deuxième but avant le champ arrière de l’équipe adverse.

Les amateurs de sport le savent : il n’existe pas de champ arrière au baseball; c’est un terme de football. En revanche, en langue de balle, on connaît le champ extérieur.

On pourrait donc imaginer la phrase suivante :

Il lui arrivait d’aller prendre un verre avec des collègues, de participer à un tournoi de baseball ou à une partie de pêche, mais il ne se sentait proche d’aucun des fêtards qui remplissaient son verre ou lui criaient de se grouiller le cul afin d’atteindre le deuxième but avant le champ extérieur de l’équipe adverse.

Elle resterait bizarre. Il faudrait la modifier plus profondément :

Il lui arrivait d’aller prendre un verre avec des collègues, de participer à un tournoi de baseball ou à une partie de pêche, mais il ne se sentait proche d’aucun des fêtards qui remplissaient son verre ou lui criaient de se grouiller le cul afin de ne pas être retiré au deuxième but par le champ extérieur de l’équipe adverse.

À votre service.