«[…] on ne peut pas tout avoir : les flics au cul et un art consommé de la narration […]».
Éric Chevillard, l’Auteur et moi. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2012, 298 p., p. 170.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«[…] on ne peut pas tout avoir : les flics au cul et un art consommé de la narration […]».
Éric Chevillard, l’Auteur et moi. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2012, 298 p., p. 170.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
«Ses projets : profiter du plein soleil d’août, prendre un peu d’exercice et l’air de la campagne, sans doute lire allongé dans l’herbe puisqu’il a fixé sur son engin, sous un sandow, un volume trop massif pour son porte-bagages en fil de fer» (p. 7).
«Charles n’avait pas l’air d’avoir plus envie de parler que dans le train ni que d’habitude […]» (p. 32).
«Une fois sorti de son coma puis de ce qui tenait lieu de bloc opératoire, les yeux ouverts mais fixés sur nulle part, il lui a juste semblé sans trop savoir pourquoi, vu ces rires, qu’il devait y avoir lieu de se réjouir» (p. 84-85).
Jean Echenoz, 14. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2012, 123 p.
[Complément du 5 décembre 2014]
P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 5 décembre 2014.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
On sait que les chiens parlent chez Jean Echenoz.
Malheureusement pour eux, les palmiers ne peuvent pas les entendre : «[Blanche] a aussi évité, mais avec moins de précautions, la silhouette du jardinier boiteux, voûté, aussi sourd que le palmier, et qui arrose une plate-bande : elle s’est bornée à réduire le crissement du gravier jusqu’au portail en fer forgé» (p. 25-26).
[Complément du 5 décembre 2014]
P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 5 décembre 2014.
Référence
Echenoz, Jean, 14. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2012, 123 p.
C’est un mot universel.
On peut l’utiliser comme patronyme : «Mon poids est proportionnel, Chose !»; «Les nerfs, Chose !»; «Écoutez, Monsieur Chose»; «Ben voyons donc, Chose» (la Presse, 27 septembre 2000).
Bien qu’il n’y en ait pas de fausses, il y en a de vraies : «Le Bloc veut parler des vraies choses» (la Presse, 4 avril 2003). «On parle-tu des vraies choses ?» (la Presse, 26 novembre 2003); «Parlons des vraies choses, M. Bolduc» (la Presse, 30 septembre 2010, p. A10); «Sauf que, parfois, pour se dire les vraies choses, on a besoin d’une table avec vue imprenable sur la ville, un service impeccable et une carte raffinée» (Matamore no 29, p. 139). On aura compris que c’est la même affaire que les vraies affaires.
Comme le faisait remarquer à l’Oreille tendue une de ses antennes québecquoises, le mot entre aussi dans la composition de «superlatifs euphémiques» (ce n’est pas rien, c’est quelque chose).
On peut encore l’employer pour parler des choses de la chair, par exemple pour décrire des comportements sadomasochistes : «Après le souper, les deux ont fait des choses, puis l’homme lui a demandé d’aller prendre une douche, ce qu’elle a fait» (la Presse, 25 octobre 2012).
La popularité du mot n’est pas que québécoise. Même Jean Echenoz y a recours — mais comme seul lui peut le faire : «Laquelle [Juliette] avait trois mois, on était au début du printemps, Blanche voyait à présent bourgeonner les choses dans les arbres, quoique toujours sans le moindre oiseau, par la fenêtre sous laquelle était stationné le landau» (14, p. 69).
Que ferait-on sans chose ?
Références
Echenoz, Jean, 14. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2012, 123 p.
Farah, Alain, Matamore no 29. Mœurs de province, Montréal, Le Quartanier, 2008, 208 p.
L’Oreille tendue ne s’en cache pas : sa façon de répondre au téléphone peut laisser perplexes quelques-uns de ses interlocuteurs.
Il y a pourtant des façons de faire plus troublantes encore quand «grelotte» le téléphone (le Ravissement de Britney Spears, p. 118).
Prenez Harry Hole, le héros du Sauveur de Jo Nesbø, qui multiplie les ordres :
Videz votre sac (p. 297).
Parlez. Pas trop fort (p. 299).
Ou bien Philippe Didion, le Notulographe :
Le deuxième épisode [de la série The Shield] se termine sur un rebondissement en forme de véritable coup de poing à l’estomac pour le téléspectateur. Mais ce n’est pas ce qui me préoccupe au sujet de cette série. Depuis un moment j’essaie d’imiter le cri, la vocifération, l’espèce d’aboiement jaculatoire que pousse Vick Mackey quand il décroche son téléphone de poche. Ce n’est pas «Yes», trop doux, c’est à mi-chemin entre le Yeah et le Yep avec un iiiiiii très long, un glissando vers une deuxième syllabe très courte qui s’interrompt comme si elle s’écrasait contre un mur. C’est propre à dissuader quiconque d’essayer de l’appeler à nouveau et à le faire regretter de l’avoir fait en cette occasion. Je me promets de tester ce cri au prochain appel que je reçois sur mon téléphone de poche. Je n’ai pas droit à l’erreur : je reçois environ trois appels par an (Notules dominicales de culture domestique, numéro 145, 1er février 2004).
Ou enfin Roy MacGregor :
Lars dégagea l’appareil et répondit.
— Johanssen.
Stéphane secoua la tête. Il n’avait jamais entendu personne d’autre répondre ainsi au téléphone. Lars disait que c’était ce qui se faisait en Suède et qu’il ne comprenait pas comment les gens, en Amérique du Nord, pouvaient se contenter de répondre «Allô». Et il refusait de changer sa façon de faire (Épreuve de force à Washington, p. 100).
En regard de ces réponses, le «oui» usuel de l’Oreille est bien timide.
Références
Didion, Philippe, Notules dominicales de culture domestique, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Temps réel», 2008, 355 p. Édition numérique.
MacGregor, Roy, Épreuve de force à Washington, Montréal, Boréal, coll. «Carcajous», 15, 2011, 178 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 2001.
Nesbø, Jo, le Sauveur. Une enquête de l’inspecteur Harry Hole, Paris, Gallimard, coll. «Folio policier», 552, 2012, 669 p. Traduction d’Alex Fouillet. Édition originale : 2005.
Rolin, Jean, le Ravissement de Britney Spears. Roman, Paris, P.O.L, 2011, 284 p.