«on a acheté des cossins
on s’est chicanés
on a manqué d’électricité
et deux trois bonnes occasions de se taire»
Charlotte Aubin, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p., p. 11.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«on a acheté des cossins
on s’est chicanés
on a manqué d’électricité
et deux trois bonnes occasions de se taire»
Charlotte Aubin, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p., p. 11.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Soit la phrase suivante, tirée du roman l’Angle mort (2002) :
Je vieillis, mon rétroviseur me le répète encore. Salaud de rétroviseur. Yeux délavés. Cheveux filasse. S’effilochent, dégarnissent le coco. De plus en plus difficile à masquer, le coco. Problème d’alopécie. Me fait une belle jambe de connaître le mot (p. 32).
Ce personnage cale. Son coco — sa tête, dans le français populaire du Québec — se dépouille.
Selon le Petit Robert (édition numérique de 2018), coco est aussi un «terme d’affection» : «Mon petit coco.»
C’est à ce double emploi qu’ont pensé les concepteurs d’un site web qui «propose une trousse à outils aux parents, éducateurs et enseignants pour détecter et prendre en charge les commotions cérébrales chez les enfants de six ans et moins».
Pour les cocos qui se cognent le coco, il y a dorénavant COCO (Communication • Commotion).
Joli.
[Complément du jour]
Comme le fait remarquer, dans les commentaires ci-dessous, une lectrice plus attentive que l’Oreille tendue, l’image retenue par COCO évoque aussi un œuf : un coco, donc.
Référence
Chassay, Jean-François, l’Angle mort. Roman, Montréal, Boréal, 2002, 326 p.
Soit la phrase suivante, tirée du roman Amiante de Sébastien Dulude (2024) :
Certains midis [Provost] me harcelait pour de la monnaie, d’autres, il me volait ce que je tenais — mon sac de vêtements d’éducation physique, une boîte de bonbons Nerds, un jus, un cahier—, d’autres encore il me flanquait des bines sur l’épaule ou me faisait une prise de lutte — clé de bras, prise du sommeil, dis pardon mon oncle avec son haleine de dents pas brossées (p. 38-39).
Nous connaissons déjà la bine et le mononcle.
Qu’en est-il du «pardon mon oncle» ? C’est l’aveu, dans le français populaire du Québec, de la capitulation totale. Qui le profère avoue sa défaite.
À votre service.
P.-S.—Dans sa jeunesse — ce qui ne rajeunit personne —, l’Oreille tendue se souvient d’avoir entendu «Dis chute mononc’».
[Complément du 3 octobre 2024]
Notons-le : «Dis chute» peut suffire.
[Complément du 6 octobre 2024]
Un fidèle lecteur vivant au sud de la frontière rappelle à l’Oreille tendue l’existence, en anglais, de l’expression Say Uncle. Merci à lui.
Référence
Dulude, Sébastien, Amiante, Saguenay, La Peuplade, 2024, 209 p. Ill.
Deux chroniqueurs de la Presse+ débattent de l’art de remplir le lave-vaisselle. (C’est lui qui a raison, pas elle.)
À un moment de leur échange apparaît une question : «Peux-tu croire ?»
Dans le français du Québec, cette question est purement rhétorique. Qui la pose n’attend pas de réponse, mais seulement un acquiescement. Elle marque l’étonnement, l’incompréhension, voire la stupéfaction. «Comment diantre quelqu’un peut-il affirmer / faire une chose pareille ?»
Variation théâtrale, à la deuxième personne du pluriel : «Pouvez-vous croire ?» (Pétrole, p. 51)
À votre service.
Référence
Archambault, François, Pétrole, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 24, 2020, 187 p. Ill. Suivi de «Contrepoint. Des décennies perdues» par Alexandre Shields.
«Mais aujourd’hui, au lieu d’aller me vautrer dans ma peine et dans mes draps après avoir jeté mes clés et mes sandales dans un coin de l’entrée, j’écris ceci.»
Mélikah Abdelmoumen, Petite-Ville, Montréal, Mémoire d’encrier, 2024, 290 p., p. 48.
(Une définition du zeugme ? Par là.)