Chantons la langue avec Arseniq33

Arseniq33, Dansez, bande de caves, 2008, pochetteArseniq33, Dansez, bande de caves !, 2008, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Arseniq33, «J’use d’la langue», Dansez, bande de caves ! 15 ans d’arseniq33 (1992-2007), 2008

 

J’use d’la langue
J’use d’la langue
J’use d’la langue

J’parle en enfant d’chienne de chien d’fusil
Enfirouapé de condition
Que j’parle depuis longtemps mais sûrement
Trop lentement mais sûrement
J’parle avec le grave accent d’la grenouille
Pognée dans misère
La langue des locataires
L’accent aigri c’t’un accent surcomplexe

J’use d’la langue que j’m’expresse le mieux avec tabarcriss

J’use d’la langue
J’use d’la langue
J’use d’la langue

J’te parle foule pine à ’planche ben raide
J’te parle dans ’face
Paye moué une bière si j’en ai plein mon cass
D’la langue de bois, celle d’Ottawa

Dans mon Amérique Arythmique du Nord
Y a du monde qui parle comme moué
Un peup’ pogné dans slush, pogné dans neige
Pogné dans slush, pogné dans neige, pogné dans marde

«Que reste-t-il de lui dans la tempête brève
Qu’est devenu mon cœur, navire déserté
Hélas ! Il a sombré dans l’abîme du rêve»
[Émile Nelligan]

J’use d’la langue que j’m’expresse le mieux avec tabarcriss

J’use d’la langue
J’use d’la langue
J’use d’la langue

J’récite mes cantouques, j’les récite en batêche
J’aurais signé mon nom au bas du manifeste
Calvaire du colonisé
On travaille avec c’qu’on est
Les mémoires d’l’alouette en colère
On les a tu oubliées ?
C’est tu ça une question claire ?
Ah laisse faire chu trop paqueté

J’use d’la langue que j’m’expresse le mieux avec

J’use d’la langue

 

P.-S.—Vous avez l’oreille : il a déjà été question d’Arseniq33 ici.

 

Chantons la langue avec Yves Duteil

Yves Duteil, la Langue de chez nous, 1985. pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Cela étant, il y aussi «La langue de chez nous».

Yves Duteil, «La langue de chez nous», album la Langue de chez nous, 1985

 

C’est une langue belle avec des mots superbes
Qui porte son histoire à travers ses accents
Où l’on sent la musique et le parfum des herbes
Le fromage de chèvre et le pain de froment

Et du Mont-Saint-Michel jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il en a gardé toutes les harmonies

Dans cette langue belle aux couleurs de Provence
Où la saveur des choses est déjà dans les mots
C’est d’abord en parlant que la fête commence
Et l’on boit des paroles aussi bien que de l’eau

Les voix ressemblent aux cours des fleuves et des rivières
Elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux
Parfois même aux torrents qui charrient du tonnerre
En polissant les pierres sur le bord des ruisseaux

C’est une langue belle à l’autre bout du monde
Une bulle de France au nord d’un continent
Sertie dans un étau, mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d’un volcan

Elle a jeté des ponts par-dessus l’Atlantique
Elle a quitté son nid pour un autre terroir
Et comme une hirondelle au printemps des musiques
Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs

Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout,
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu’on y parle encore la langue de chez nous

C’est une langue belle à qui sait la défendre
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie

 

P.-S.—En 1989, Michel Rivard lance la chanson «Le cœur de ma vie» : «Je l’ai écrite parce que, à ce moment-là, j’avais besoin de dire que ma langue meurt, explique-t-il. Et j’étais un petit peu en réaction à la chanson sur la langue d’Yves Duteil qui présentait une vision absolument carte postale du Québec. Je n’ai jamais vraiment embarqué dans cette chanson-là, alors j’avais besoin d’en faire une» (la Presse+, 23 juin 2024).

 

Chantons la langue avec Luc De Larochellière et Andrea Lindsay

Jeux de la francophonie canadienne, Gatineau, 2014, logo

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Luc De Larochellière et Andrea Lindsay, «D’un accent à l’autre» (Chanson thème des Jeux de la francophonie canadienne, Gatineau), 2014

 

On se parle, s’écoute et se comprend
On s’espère, s’attend, on prend le temps
Car on s’aime d’un accent à l’autre
On se donne nos plaines, nos monts, nos champs
Tous nos bois et tous nos océans
Tout ça dans des mots qui sont les nôtres
Oui dans des mots qui sont les nôtres
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends
Et dans tous nos accents
J’aime tes regards
Comme des miroirs
Et j’y passe de temps en temps
Car oui je t’aime et je t’attends
On s’appelle, se donne des rendez-vous
À la rivière qui coule entre nous
Car on s’aime d’un accent à l’autre
Sans oublier où on a pu naître
Tout ce qu’on veut, nous, c’est se connaître
Se sentir unis parmi les autres
Oui d’être unis parmi les autres
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends
Et dans tous nos accents
J’aime tes regards
Comme des miroirs
Et j’y passe de temps en temps
Car oui je t’aime et je t’attends
Je t’attends
Moi j’y serai à la rivière
Sous la pluie ou dans la lumière
Car je t’espère depuis longtemps
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends
Et dans tous nos accents
J’aime tes regards
Comme des miroirs
Et j’y passe de temps en temps
Car oui je t’aime et je t’attends
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends
Et dans tous nos accents
J’aime tes regards
Comme des miroirs
Et j’y passe de temps en temps
Car oui je t’aime et je t’attends
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends
Et dans tous nos accents
J’aime tes regards
Comme des miroirs
Et j’y passe de temps en temps
Car oui je t’aime et je t’attends
J’aime ton sourire
T’entendre dire
Que tu m’aimes et me comprends

 

Chantons la langue avec Mononc’ Serge et Anonymus

Mononc’ Serge et Anonymus, Métal canadien-français, 2024, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Mononc’ Serge et Anonymus, «Shitty accent», Métal canadien-français, 2024

 

The place
I was raised
Was called
Sainte-Thérèse
A shithole
Where people
Have a goddam horrible shitty accent
When you come from there
It’s inevitable
Your accent his just horrible
And that’s why
The minute I open my mouth
Everybody finds how I got
A shitty accent
Real shitty accent
I wanna sing like Sting
But I sound like shit
’Cause my accent is shitty
Everything but pretty
I will never be famous
I’m so ridiculous
With my accent
Awful ugly shitty accent
I wanna be on every TV screen
On the cover of every magazine
I wanna win all the Grammys
And kiss all the groupies
I wanna tour in America
Like Aerosmith and Metallica
But I will never do so
Because as you know
I got a shitty accent
Real shitty accent
I wanna kill my parents
For giving me that accent
That accent of mine
Which is eveything but fine
I’m not glad
I’m so sad
I think I’m turning mad
’Cause my accent
This shitty cheesy ugly
It is such a shame
I think I’m gonna cut my veins
’Cause of that accent

 

Chantons la langue avec les Fabulous Trobadors

Fabulous Trobadors, On The Linha Imaginòt, 1998, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Fabulous Trobadors, «L’accent», On The Linha Imaginòt, 1998

 

Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Tu l’écoutes et je vois qu’il est bien
Chacun au début possède le sien
Le français parlé par les Toulousains suit un certain destin
Le mien provient du languedocien
Il vient de loin et c’est un lien contemporain avec l’âge moyen
Ce qu’il devient nous appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Il se mélange avec le tien
Il y en a combien, il y en a plein
Algérien, marocain, brésilien,
Africain, italien, sicilien
Imagine tout ce qu’il contient
Il est de la campagne, il est urbain
Rien je ne regrette rien
Ce qu’il devient m’appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

L’accent de la télé ne signifie rien
Imposé par les infos il déteint
Tous les pébrons prennent le sien
Oublie le leur
Est-ce que ça te convient ?
Complètement aliéné soudain
Face au micro
Alors il n’y a plus rien
Peur de l’accent qui vient d’où tu viens
Pourtant il t’appartien
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Dans les médias c’est un déclin
La même pression partout se maintient
J’entends le seul et même refrain
Le modèle du super citoyen
Si tu sais que c’est de quelque part que tu proviens
Au sérieux personne ne te tient
Folklorique pour eux égal crétin
Un cliché auquel rien n’appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent

Tu l’écoutes et je vois qu’il est bien
Chacun au début possède le sien
Le français parlé par les Toulousains suit un certain destin
Le mien provient du languedocien
Il vient de loin et c’est un lien contemporain avec l’âge moyen
Ce qu’il devient nous appartient
Le tien c’est le tien et le mien c’est le mien, l’accent