Accouplements 49

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Ce matin, sous la plume d’André Rivest, la quotidien montréalais la Presse+ consacrait un dossier à l’histoire de la (défunte) Ligue de hockey sénior du Québec. Parmi les joueurs qui y ont joué, le futur gardien des Canadiens de Montréal Gerry McNeil.

Gerry McNeil dans l’uniforme des Royaux de QuébecCet après-midi, dans une librairie montréalaise, David McNeil lançait le livre qu’il a consacré à son père, le même Gerry McNeil. Cela s’intitule In the Pressure of the Moment. Remembering Gerry McNeil.

P.-S. — David McNeil et l’Oreille tendue ont (au moins) un point en commun : ils sont tous les deux dix-huitiémistes et ils ont tous les deux écrits sur le hockey. Ils sont probablement les deux seuls chercheurs dans cette situation dans l’univers connu.

 

Référence

McNeil, David, In the Pressure of the Moment. Remembering Gerry McNeil, Vancouver, Midtown Press, 2016, 285 p. Ill.

David McNeil, In the Pressure of the Moment, 2016, couverture

Poésie du Rocket

Jeannine Goulet, «Acrostiche sur Maurice Richard», années 1940, première strophe

«Maurice Richard aussi était poète.»
Pierre Foglia, la Presse, 28 mai 2000, p. A5.

Maurice Rocket est le plus célèbre joueur de la plus célèbre équipe de hockey au monde, les Canadiens de Montréal. Il a été l’objet de toutes sortes d’écrits : des articles de périodiques et des textes savants, des biographies et des recueils de souvenirs, des contes et des nouvelles, des romans et des livres pour la jeunesse, des chansons et des pièces de théâtre. On lui a consacré des bandes dessinées, des sculptures, des peintures, des films et des émissions de télévision. Son visage a orné des vêtements, des jouets, des publicités. On a donné son nom à des lieux publics.

Et, bien sûr, on lui a consacré de nombreux poèmes.

Des poètes «officiels» ont écrit sur celui qu’on surnommait «Le Rocket». Bernard Pozier l’évoque dans quatre poèmes de son recueil hockeyistique de 1991, Les poètes chanteront ce but («Génétique I», «Postérité», «Numéro 1» et «Numéro 2»), et dans un poème au moment de la mort du joueur en 2000, «L’ultime montée de Maurice Richard». C’est également à ce moment qu’Edmond Robillard écrit «À Maurice Richard…» :

Ayant donc partagé son triomphe, ses gloires,
supporté sa défaite, acclamé ses victoires,
son peuple lui souhaite un repos mérité (2001, p. 416).

Michel Beaulieu parle de Richard dans le poème «44» de Trivialités (2001), mais de façon (un peu) approximative. Son nom apparaît dans le «Chant quarante-huitième» de Toute l’œuvre incomplète de François Hébert (2010, p. 81). Alexandre Faustino lui dédie un des poèmes d’Épiphanie en 2007 (p. 23). «Je ne devinais toujours atrocement pas qui de Truman Capote ou Maurice Richard était le plus important», constate Denis Vanier (cité dans Hôtel Putama, p. 14). Jean-Paul Daoust lui offre une de ses Odes radiophoniques dans le cadre de l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! de la radio de la Société Radio-Canada, le 23 novembre 2012 (on peut la lire et l’entendre ici) :

Il était là
Coi comme une huître
Ses yeux célèbres de diamant noir

Félix Leclerc et Maurice Richard, 1983

Le poème (malheureusement) le plus connu sur Maurice Richard est de la plume de Félix Leclerc :

Quand il lance, l’Amérique hurle.
Quand il compte, les sourds entendent.
Quand il est puni, les lignes téléphoniques sautent.
Quand il passe, les recrues rêvent.
C’est le vent qui patine.
C’est tout Québec debout
Qui fait peur et qui vit…
Il neige !

Félix Leclerc
I.O. 1983

Ce poème, offert par Félix Leclerc à Maurice Richard à l’Île d’Orléans («I.O.»), a paru dans un cahier spécial («La Presse. Cent ans d’actualité») du quotidien montréalais la Presse le 20 octobre 1983 (p. 25). Il a été repris de très nombreuses fois, notamment à la toute fin du film Maurice Richard de Charles Binamé en 2005.

À côté de ces poètes patentés, des poètes populaires écrivent.

Ils écrivent parfois dans la presse, par exemple dans le Petit Journal du 16 novembre 1952, sous le titre «Richard Cœur de Lion» :

Richard, roi de la glace,
Recordman au grand cœur,
Tu as, de notre race,
Le panache et l’ardeur.

La froide statistique
Fais de toi un héros,
Mais tes élans magiques
T’élèvent encore plus haut.

Au nom de tous les hommes
Qui chanteront ton nom
Permets que je te nomme
Richard au Cœur de Lion (p. 96).

En 1949, Charles Mayer présente l’Épopée des «Canadiens». Cette épopée est encadrée de publicités et de textes hétéroclites, dont deux poèmes, l’un «À la mémoire de Georges Vézina», qui fut le gardien de but des Canadiens de 1910 à 1926, l’autre «À Maurice Richard». Le second, signé «Mlle Gaétane Dubé, 190 Salaberry St-Jean, P.Q.», est un acrostiche.

Morenz ne pouvait être égalé
A jamais il était admiré
Un autre pourtant l’imita,
Richard, en effet un jour arriva
Il eut à passer à travers plus d’une transe
Courage, courage se disait-il sans fin
Et il rencontra enfin un jour la chance.

Revenons quelques années en avant,
Il travaille, tombe, se relève
C’est ce qui est la gloire de ce grand,
Hier inconnu, aujourd’hui célèbre
Avec des cris de joie on le voit compter,
Richard nous éblouit nous met en émoi
Demain et toujours il fera honneur au Canada (p. 8).

Une certaine Jeannine Goulet publie aussi un acrostiche à la même époque. L’Oreille tendue l’a découvert sur ebay.ca au printemps 2006.

Meilleur joueur que Maurice, celà [sic] se peut-il ?
Aucun autre que lui n’est aussi habile,
Un ou deux points par partie, ce n’est rien pour lui,
Rien ni personne ne l’arrête quand il s’enfuit,
Il est vif, prompt, et actif,
Car il ne manque jamais son objectif,
Et c’est pourquoi il est aujourd’hui l’idole

Riant de ses adversaires qu’il affole,
Insensible à leurs coups, solide et endurant,
C’est en souriant, qu’il en reçoit et qu’il en rend.
Hockey, ce jeu pour lui est une bagatelle,
Aussi il le prouve quand il a la rondelle.
Reste, toujours, Maurice notre ailier,
Durant longtemps, nous garderons la coupe Stanley.

Le plus long poème de ce type est l’œuvre de Camil DesRoches, le «publiciste» des Canadiens de Montréal pendant de très nombreuses années. Il s’agit d’une «poésie à la “Jean Narrache” […] débitée à la Parade Sportive le 14 janvier 1945 au poste [de radio] CKAC». Ce texte de dix-huit strophes s’ouvre ainsi :

Un jour près d’Montréal, Y’a de c’la plus d’vingt ans,
Monsieur et Mame Richard héritaient d’un enfant,
C’était en plein été, de fait c’était l’quatr’ août,
Que notr’ ami Maurice vit l’jour sou’ne feuille de chou.

La fin en est peu réaliste :

Après plusieurs années d’efforts désespérés,
L’Bleu Blanc Rouge a gagné la fameuse coupe Stanley.
Tout l’monde aimerait certes qu’on la garde longtemps,
Avec Richard dans l’club… On l’a POUR PLUS D’CENT ANS !

Au moment de la mort de Richard — car il n’est pas resté «plus d’cent ans» —, les poèmes populaires seront nombreux. On en trouve dans l’album Maurice Richard. Paroles d’un peuple de Michel Foisy et Maurice Richard fils (2008, p. 36, p. 52, p. 90, p. 125) et dans l’essai d’Olivier Bauer, Une théologie du Canadien de Montréal (2011, p. 67).

Maurice Richard est un objet poétique qui traverse les catégories sociales.

P.-S. — Il n’est question, ci-dessus, que de poèmes en français. Or il en existe aussi en anglais, dont le plus grand poème jamais consacré au numéro 9 des Canadiens, «Homage to Ree-shard». Ce sera pour un autre jour.

P.-P.-S. — L’Oreille tendue a abordé quelques-uns de ces poèmes, quelle que soit leur langue, dans un livre de 2006 et, plus précisément encore, dans un article de l’année suivante.

 

Références

Anonyme, «Richard Cœur de Lion», le Petit Journal, 16 novembre 1952, p. 96.

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Beaulieu, Michel, Trivialités, Montréal, Éditions du Noroît, 2001, [s.p]. Ill. Préface de Guy Cloutier.

Daoust, Jean-Paul, «Ode Maurice Richard», dans Odes radiophoniques II, Montréal, Poètes de brousse, 2014, p. 61-64.

DesRoches, Camil, — Poésie à la «Jean Narrache» due à la plume de Camil DesRoches et dédiée à Maurice «Record» Richard. — Cette poésie fut débitée à la Parade Sportive le 14 janvier 1945 au poste CKAC, poème sur feuille volante.

Faustino, Alexandre, Épiphanie. Poèmes, Montréal, Éditions Marchand de feuilles, 2007, 74 p.

Foisy, Michel et Maurice Richard fils, Maurice Richard. Paroles d’un peuple, Montréal, Octave éditions, 2008, 159 p. Ill.

Goulet, Jeannine, «Acrostiche sur Maurice Richard», Souvenir. Parade sportive. Paul Stuart. à CKAC tous les dimanches. 12 h. 30. P.M., poème sur feuille volante, années 1940.

Hébert, François, Toute l’œuvre incomplète, Montréal, l’Hexagone, coll. «Écritures», 2000, 154 p.

Leclerc, Félix, «Maurice Richard», la Presse, 20 octobre 1983, p. 25. Repris dans Jean-Marie Pellerin, Maurice Richard. L’idole d’un peuple, Montréal, Éditions Trustar, 1998 (1976), p. 11, dans les Canadiens, 15, 7, saison 1999-2000, p. 105 et dans Chrystian Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Héros malgré lui, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 144. Traduit dans Chrys Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Reluctant Hero, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 145 et dans I. Sheldon Posen, «Sung Hero : Maurice “The Rocket” Richard in Song», dans Martin Lovelace, Peter Narváez et Diane Tye (édit.), Bean Blossom to Bannerman, Odyssey of a Folklorist : A Festschrift for Neil V. Rosenberg, St. John’s, Memorial University of Newfoundland, coll. «Folklore and Language Publications», 2005, p. 377-404.

Maurice Richard / The Rocket, film de fiction de 124 minutes, 2005. Réalisation : Charles Binamé. Production : Cinémaginaire.

Mayer, Charles, Charles Mayer présente L’épopée des «Canadiens». De Georges Vézina à Maurice Richard. 40 ans d’histoire. 1909-1949, Montréal, [s.é.], 1949, 122 p. Ill. Préface de Léo Dandurand.

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Melançon, Benoît, «Écrire Maurice Richard. Culture savante, culture populaire, culture sportive», Globe. Revue internationale d’études québécoises, 9, 2, 2006 [2007], p. 109-135. https://doi.org/1866/28632

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Pozier, Bernard, «L’ultime montée de Maurice Richard», la Presse, 8 juillet 2000, p. B2. Repris dans Dès l’origine, avec des illustrations de Daniel Gagnon, Esch-sur-Alzette et Trois-Rivières, Phi et Écrits des Forges, coll. «graphiti», 59, 2005, p. 29-30 et dans Josyane De Jesus-Bergey et Bernard Pozier (édit.), Québec 2008 : 40 poètes du Québec et de France, Trois-Rivières et La Chevallerais (France), Écrits des Forges et Sac à mots édition, 2008, p. 93-94.

Purdy, Al, «Homage to Ree-shard», dans Sundance at Dusk, Toronto, McClelland and Stewart, 1976, p. 36-39. Repris dans Bursting into Song. An Al Purdy Omnibus, Windsor, Black Moss Press, 1982, p. 40-43, dans The Collected Poems of Al Purdy, édition de Russell Brown, Toronto, McClelland and Stewart, 1986, p. 235-238, dans Kevin Brooks et Sean Brooks (édit.), Thru the Smoky End Boards. Canadian Poetry about Sports and Games, Vancouver, Polestar Book Publishers, 1996, p. 59-61, dans The Globe and Mail, 3 juin 2000, p. D5, dans Beyond Remembering. The Collected Poems of Al Purdy Selected and Edited by Al Purdy & Sam Solecki, forewords by Margaret Atwood and Michael Ondaatje, Madeira Park, Harbour Publishing, 2000, p. 300-303 et, partiellement, dans Chrys Goyens et Frank Orr, avec Jean-Luc Duguay, Maurice Richard. Reluctant Hero, Toronto et Montréal, Team Power Publishing Inc., 2000, p. 144.

Robillard, Edmond, Du temps que le goglu chantait. Poèmes et chants, Montréal, Maxime, 2001, 417 p.

Vanier, Denis, Hôtel Putama. Textes croisés (Longueuil-New York, 1965-1990), Québec, Éditions de la huit, coll. «Contemporains», 1, 1991, 153 p. Préface de Rémi Ferland. Postface de Lucien Francœur. Illustrations de Louise Néron.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Accouplements 42

Pierre Popovic, Entretiens avec Gilles Marcotte. De la littérature avant toute chose, 1996, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 1996, Gilles Marcotte, dans ses entretiens avec Pierre Popovic, déclarait ceci :

Je note que, sans changement de statut politique, le français se porte mieux, au Québec, qu’il ne s’est jamais porté. On le parle peut-être assez mal parfois, mais on le parle plus, non seulement chez les francophones de souche mais aussi bien chez les anglos et les immigrants. Disons les choses autrement : la langue française a acquis, au Québec et particulièrement à Montréal, une légitimité sans précédent. Il faut avoir une mémoire un peu longue, celle d’un homme de mon âge, pour mesurer le chemin parcouru (p. 166).

Vingt ans plus tard, Marc Cassivi, dans Mauvaise langue — dont l’Oreille tendue a parlé ici —, écrit :

La situation du français a bel et bien évolué depuis 40 ans au Québec. Le français y est, dans les faits comme dans la théorie, la langue officielle et la langue d’usage. Même si certains vendeurs ou serveurs ont la mauvaise habitude, en particulier dans le centre-ville de Montréal, d’accueillir leur clientèle en anglais. Le français est autrement moins menacé au Québec qu’il ne l’était avant 1977, alors que l’affichage anglais pullulait, que l’immigration francophone n’était pas encouragée comme elle l’est aujourd’hui et qu’aucune loi-cadre n’assurait la prédominance du français à l’école, au travail et dans la société en général (p. 56).

De la difficulté d’être entendu.

 

Références

Cassivi, Marc, Mauvaise langue, Montréal, Somme toute, 2016, 101 p.

Popovic, Pierre, Entretiens avec Gilles Marcotte. De la littérature avant toute chose, Montréal, Liber, coll. «De vive voix», 1996, 192 p. Ill.

Le poids de la langue au hockey

Sport, 18, 4, avril 1955, p. 49

Pour la première fois depuis des décennies, semble-t-il, les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — n’avaient aucun joueur francophone dans leur alignement lors de leur match de jeudi à Denver. (Précisons. Des joueurs qui parlent français, si. Des joueurs du Québec, si. Des souches, non.)

Cela fait écrire.

Dans le Devoir de ce matin, dans la section «Idées», Marc Tremblay déplore «La fin des “Flying Frenchmen”».

En fermant la porte au fait français, le CH a renié son identité profonde, ce lien unique entre une équipe sportive et une collectivité. Si la pierre d’assise de ce lien était la langue, elle se construisait aussi sur un style et une passion du jeu tout à fait singuliers. La fougue et la détermination d’un Maurice Richard, l’inventivité d’un Jacques Plante, la grâce d’un Jean Béliveau, la flamboyance d’un Guy Lafleur jusqu’à l’arrogance d’un Patrick Roy étaient le ferment de ce hockey sans égal qui, au fil des décennies, a valu au CH le surnom anglophone de «Flying Frenchmen». Où diable est passé cet héritage inestimable ? Comme tant d’autres choses, on l’a cédé à des Américains, des Européens, des anglophones du ROC venus en mercenaires prendre un flambeau qui, plutôt que d’allumer leur flamme, leur brûle les doigts. Un peu comme l’épée d’Excalibur qui n’a de pouvoir que pour celui auquel elle est destinée…

Dans le Journal de Montréal d’hier, un autre Tremblay, Réjean, défend une semblable position nationaliste. Il ne fait cependant pas appel à l’imaginaire médiéval («l’épée d’Excalibur»), mais à un passé tragique bien moins ancien : «L’œuvre d’éradication des frogs entreprise par Bob Gainey et Pierre Gauthier avec Trevor Timmins comme homme de main a obtenu la solution finale»; «Mais la solution finale de mercredi soir cache un autre problème.»

La «solution finale» ? «Le projet d’extermination des juifs par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale», dit le Petit Robert (édition numérique de 2014).

Au Québec, il arrive que le discours sur le hockey fasse perdre toute perspective. Les mots ont pourtant un poids, qu’il serait bon de ne pas complètement perdre de vue.

P.-S. — Note destinée aux non-autochtones : «frogs» est une insulte ethnique visant à dévaloriser les francophones, ces (mangeurs de) grenouilles.

 

Illustration : Jack Newcombe, «Montreal’s Flying Frenchmen», Sport, 18, 4, avril 1955, p. 48-57, p. 49.