Chantons la langue avec Francine Raymond

Francine Raymond, les Années lumières, 1993, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Francine Raymond, «Y a les mots», les Années lumières, 1993

 

Y a les mots qui amusent et ceux qui abusent
Les mots qui blessent comme autant de morsures
Les mots qu’on pleure et crache en venin dans le chagrin
Et ceux qu’on échange en poignées de main

Y a les mots qui nous lient sous le sceau du secret
Et ceux qui déchirent et séparent à jamais
Les mots qui nous hantent pour un instant de folie
Et ceux qui disparaissent dans l’oubli

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Y a les mots qu’on soupire pour passer aux aveux
Ceux qu’on murmure pour mieux parler à son Dieu
Les mots qui frappent pour nous aider à tout comprendre
Et ceux qu’on échappe qu’on aimerait bien reprendre

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Dans tous ces mots qui m’entourent et m’appellent
J’entends des enfants jouer dans la ruelle
Je vois des ponts bâtis au bout des hommes
Au bout des chaînes là où y a les mots

Dans tous ces mots
Oh oh oh oh
Oh oh oh oh
Oh oh oh oh
Au bout des chaînes
Là où y a les mots

 

Les rustines des Hells

Kevin Lambert, Tu aimeras ce que tu as tué, éd. de 2021, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du premier roman de Kevin Lambert, Tu aimeras ce que tu as tué : «Toutes les bâtisses de Chicoutimi sont construites sur une faille patchée par du béton et de l’asphalte» (p. 191).

Cela peut être appliqué à la pompe sanguine : «mon cœur / Y est patché plein de trous», chantait Gerry Boulet, du groupe Offenbach, dans «Faut que j’me pousse» (1969).

Patché(e) ? Rapiécé(e), dans le français populaire du Québec. Le mot y est féminin : une patch.

Ce n’est pas tout. Le patch, en informatique, c’est la rustine. En médecine, un médicament. Le mot est alors masculin, du moins en français de référence. Pas au Québec, où on a surtout recours au féminin. (Oui, c’est une divergence transatlantique.)

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Qui, dans la hiérarchie des motards criminels, qu’on dit parfois parfois et bizarrement criminalisés, grimpe les échelons gagne ses patchs. Le mot est dangereux.

À votre service.

 

Référence

Lambert, Kevin, Tu aimeras ce que tu as tué. Roman, Montréal, Héliotrope, «série P», 2021, 209 p. Édition originale : 2017.

Chantons la langue avec Pauline Julien

Collectif, le Disque de l’Automne show, 1974, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Pauline Julien, «Mommy», le Disque de l’Automne show, 1974

 

Mommy mommy, I love you dearly
Please tell me how in French
My friends used to call me ?
Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise
Groulx, Papineau, Gauthier
Fortin, Robichaud, Charbonneau

Mommy mommy, how come it’s not the same
Oh mommy mommy, what happened to my name
Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
Much too late

Mommy mommy, I love you dearly
Please tell me where we used to live in this country
Trois-Rivières, Saint-Marc, Grand-Mère
Gaspé, Dolbeau, Berthier
Saint-Paul, Tadoussac Gatineau

Mommy mommy, how come it’s not the same
Oh mommy mommy, there’s so much in a name
Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
Much too late

Mommy mommy, I love you dearly
Please sing the song you sang when I was a baby
Fait dodo, Colas mon p’tit frère
Fait dodo, mon p’tit frère fait dodo tu auras du lolo

Mommy mommy, I remember the song
Oh mommy mommy, something seems to be wrong
Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
Much too late

Mommy mommy, I love you dearly
Please tell me once again that beautiful story
Un jour, ils partirent de France
Bâtir ici quelques villages, une ville, un pays

Mommy mommy, how come we lost the game
Oh mommy mommy, are you the one to blame
Oh mommy, tell me why it’s too late, too late
Much too late

 

P.-S.—Parmi les interprètes qui ont repris cette chanson, il y a Marie-Jo Thério.

 

Chantons la langue avec Nicola Ciccone

Nicole Ciccone, Gratitude, 2021, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Nicola Ciccone, «Dynamite», Gratitude, 2021

 

J’ai pris mes jambes à mon cou
Courant pour te dépasser
J’ai cru que mon cœur allait exploser
Mais tu m’as vite rattrapé
Tu t’es mis à m’taquiner
Une milléniale qui parlait en franglais
Tu m’as dit : «Don’t give up
T’as des skills
T’es pas pire
Keep on trying
Sois plus chill
T’es trop straight
Trop sérieux
Trop old school
Sois plus hip
Plus baveux
Plus Jos Cool»
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite
Baby
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite
On a joggé quelques mètres
J’avais le souffle coupé
J’ai pris un respir
Et j’ai riposté
«Au lieu de faire ta frais-chiée
Avec tes mots parfumés
Tu pourrais p’t-êt’ me parler en français
On dit pas hip, on dit rocambolesque
Ton phrasé manque un peu d’délicatesse
T’es pt-êt’ chill
Mais tes mille fautes de grammaire
C’est comme courir avec la langue à terre»
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite
Baby
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite

J’ai pris mes jambes à mon cou
Courant pour te dépasser
J’ai cru que mon cœur allait exploser
Mais tu m’as vite rattrapé
Tu t’es mis à m’taquiner
Une milléniale qui parlait en franglais
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est de la dynamite
Baby
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite
Baby
P’t-êt’ ben que t’es full legit
Mais mon amour c’est d’la dynamite

 

P.-S.—«Franglais» ? Par ici.

 

Chantons la langue avec Rock et Belles Oreilles

RBO, I want to pogne, 1989, disque 45 tours

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Rock et Belles Oreilles, «I want to pogne», 1989

 

I want to pogne
I want to pogne
Is it the reason that I speak in English ?
I want to pogne

I want to pogne
I want to pogne
I do not want to speak my tongue
I just want to pogne

I know I have a big accent eh
I know I’m not assez différent
But I want to pogne (I want to pogne)
And I have composed that song

I know the mathématiques
America is a big market
If there is more public
There is more money in my pocket-te

I want to pogne
I want to pogne
I am the Judas of the French Canada
I want-te to pogne

Frog in the USA
Frog in the USA
I’m gonna be the number one
254-6011

Icitte is a small marché
Icitte there is no débouché
I want to become very gros
And lâcher ma run de journaux

’Cause I prefer the Billy Idol
Than Jean Nichol
(Whoa, Lady Mary)
Solo’s

Pogne, pogne, po-pogne, pogne
Pogne, pogne, po-pogne, pogne
Pogne, pogne, po-pogne, pogne
Pogne, pogne, po-pogne, pogne

Frog in the USA
Frog in the USA
If they discover my origine
It’s all finish maudine

Don’t want to go in France
Don’t want to talk like the Français
’Cause I prefer the hamburger
Than the café au lait

I want, I want, I want to pogne
I want, I want, I want to pogne (encore)
I want, I want, I want to pogne
I want, I want, I want to pogne (yé)

I want to pogne (I want, I want)
I want to pogne (I want)
Is it the reason that I speak in English ? (I want, I want)
I want to pogne (I want)

I want to pogne (I want, I want, I want to pogne)
I want to pogne (I want)
I do not want to speak my tongue (I want, I want)
I just want to pogne (I want, I want)

I want to pogne (I want, I want)
I just want to pogne (I want, I want)
I want to pogne (I want to pogne)