«Sur la table s’élevait un pudding pyramidal, que Mrs. Joliffe avait confectionné de sa main; c’était un énorme cône tronqué, composé de farine, de graisse de renne et de bœuf musqué, auquel manquaient peut-être les œufs, le lait, le citron recommandés par les traités de cuisine, mais qui rachetait ce défaut par ses proportions gigantesques. Mrs. Joliffe ne cessait de le débiter en tranches, et cependant l’énorme masse résistait toujours. […] Aux sandwiches succédaient les tranches de l’inépuisable pudding !»
Jules Verne, le Pays des fourrures. Le Canada de Jules Verne — I, édition critique par Guillaume Pinson et Maxime Prévost, Paris, Classiques Garnier, coll. «Bibliothèque du XIXe siècle», 77, 2020 (1872-1873), 549 p., p. 56.
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit la phrase suivante :
J’ai choisi de parler de ce restaurant dans notre section sur la cuisine du temps des Fêtes, car on sert ici de la cuisine qui pourrait devenir la source de nouvelles traditions de Noël, ancrées à la fois dans notre terroir et notre mémoire gustative et la réalité moderne qui font une belle place aux plantes.
La fin en est bien confuse, n’est-ce pas ?
Essayons d’y voir plus clair, en commençant par l’ajout d’une virgule et d’une préposition :
J’ai choisi de parler de ce restaurant dans notre section sur la cuisine du temps des Fêtes, car on sert ici de la cuisine qui pourrait devenir la source de nouvelles traditions de Noël, ancrées à la fois dans notre terroir et notre mémoire gustative, et dans la réalité moderne qui font une belle place aux plantes.
Ça va déjà un peu moins mal, mais on devrait pouvoir faire mieux, la fin de la phrase tournant toujours en eau de boudin.
J’ai choisi de parler de ce restaurant dans notre section sur la cuisine du temps des Fêtes, car on sert ici de la cuisine qui pourrait devenir la source de nouvelles traditions de Noël, ancrées à la fois dans notre terroir et notre mémoire gustative, et dans la réalité moderne, traditions qui feraient une belle place aux plantes.
À défaut d’être élégant, c’est, espérons-le, un peu plus compréhensible.
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit la phrase suivante :
Tout est cuisiné au feu de bois, comme le font Francis Mallman en Argentine, Victor Arguinzoniz au Asador Etxebarri, dans le Pays basque, ou Niklas Ekstedt en Suède. Sauf que chez Foxy, on donne en plus à tout ça un ton presque moyen-oriental qui fait penser à une autre référence : Yotam Ottolenghi. Cela dit, j’adore y aller en automne, pour l’odeur de chalet, de grillades, la chaleur, ce sentiment de réconfort qu’on a à l’intérieur quand commencent les jours froids, moment de transition bien typique de notre climat.
Tout lecteur attentif aura repéré la présence évidemment inutile de «Sauf que» — cette locution si prisée au Québec — et de «Cela dit».
Tout est cuisiné au feu de bois, comme le font Francis Mallman en Argentine, Victor Arguinzoniz au Asador Etxebarri, dans le Pays basque, ou Niklas Ekstedt en Suède. Chez Foxy, on donne en plus à tout ça un ton presque moyen-oriental qui fait penser à une autre référence : Yotam Ottolenghi. J’adore y aller en automne, pour l’odeur de chalet, de grillades, la chaleur, ce sentiment de réconfort qu’on a à l’intérieur quand commencent les jours froids, moment de transition bien typique de notre climat.
«“Tu es monté jusqu’ici à vélo ? Tu n’es pas un feignant, je t’embauche !” lui glisse en substance la monumentale patronne (qui, à trente ans, pesait près de cent kilos), auréolée de gloire et de fins cheveux poivre et sel.»
«On aura compris que ce qui peut apparaître comme du folklore lyonnais ou de la lyonnaiserie — ou mâchon rime avec bouchon, grattons avec saucisson — est indissociable de l’histoire de Paul Bocuse. Lyonnais ontologique, Collongeard consubstantiel, c’est de son ancrage régional et de son enracinement dans un paysage que Paul Bocuse a tiré sa force, et par sa spécificité qu’il a conquis une reconnaissance nationale et internationale — pour ne pas dire une certaine universalité. Personnage promis à la légende, Monsieur Paul n’aurait pu s’épanouir hors sol : il lui fallait un environnement favorable pour croître et exister, une manière de lyonnitude profonde qui n’est pas l’exact contraire du parisianisme frivole ou mondain.»