Autopromotion 611

Titres de presse : «guerre» à la covid

Vers 15 h 40, l’Oreille tendue sera au microphone de Karyne Lefebvre, à l’émission le 15-18 de la radio de Radio-Canada, pour parler de la métaphore de l’heure en matière de lutte québécoise contre la covid : la guerre.

Il sera probablement question de ceci.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien .

Quelques lectures :

Baillargeon, Stéphane, «En “guerre” contre la COVID ?», le Devoir, 18 juillet 2020.

Boutet, Josiane, «“Halte au feu.” Ordonner», dans le Pouvoir des mots. Nouvelle édition, Paris, La Dispute, 2016, 256 p., p. 177-185.

Pommier, Frédéric, «La militarite», dans Paroles, paroles. Formules de nos politiques, Paris, Seuil et France inter, 2012, 202 p., p. 132-136.

Tardif, Dominic, «Faut-il parler autrement du cancer ?», le Devoir, 27 octobre 2018.

Faire marche arrière

Titre de la Presse+ du 19 décembre 2021

Prenons une situation imaginaire. Vous faites partie d’un gouvernement appelé à gérer une pandémie. Vous présentez une série de mesures. Vous êtes obligé de changer d’avis. Comment désigner cela ?

En français de référence, on pourra dire que vous avez été forcé de rétropédaler.

Au Québec, il existe une autre possibilité : marcher sur la peinture. Exemple tiré de la Presse+ du 19 décembre 2021 : «On pourrait même dire [que François Legault] a maîtrisé l’art de marcher sur la peinture avec élégance. […] Cette semaine, voyant la dégradation de la situation sanitaire et la montée fulgurante du variant Omicron, M. Legault a été obligé de faire marche arrière.»

Pourquoi marcher sur la peinture ? Parce qu’on s’est peinturé dans le coin, bien sûr. Un ancien premier ministre du Canada ne s’en cachait nullement : «Quand on s’est peinturé dans le coin, on peut toujours marcher sur la peinture, disait Jean Chrétien» (le Devoir, 8-9 mai 2004, p. B3). Bref, il n’y a plus de choix : il faut revenir sur ses pas, au risque de se salir.

 

[Complément du 10 mars 2022]

«S’auto-peinturer dans le coin» (vu sur Twitter) paraît pléonastique.

Manger de la politique

Boîte à lunch

Une proposition de loi pour encadrer la liberté universitaire au Québec ? «Tout le monde va être pour la tarte aux pommes. On l’a constaté dans nos travaux : tout le monde est pour la liberté universitaire. Ça se complexifie quand vient le temps de dire ce que ça veut dire et comment on la met en œuvre» (Alexandre Cloutier).

La volonté de ramener une équipe de hockey dans la ville de Québec ? «Retour des Nordiques : personne n’est contre le sirop d’érable, François. Mais sans vouloir t’insulter, t’es pas le premier à t’essayer… T’es pas non plus le premier politicien à essayer grossièrement de changer de sujet quand il sent la soupe chaude» (Catherine Dorion).

Il est périodiquement question de simplifier la vie des contribuables québécois en leur faisant remplir une déclaration d’impôt unique (il y a en deux actuellement) ? «Tout ça devient un peu, comment dire, de la poutine politique pour les gens» (Michel David, télévision de Radio-Canada, 19 août 2021).

Un parti vole à un autre un élément de son programme politique ? «QS [Québec solidaire] est en voie de “manger le lunch” du PQ [Parti québécois] qui devra se livrer à une remise en question déchirante et choisir un autre chef» (Donald Charette).

Vous appréciez les rencontres de toutes formes ? «Le Sommet. Une forme de manger mou politique» (la Presse, 25 février 2013, p. A15).

En politique, au Québec comme ailleurs, on trouve à boire et à manger.

La clinique des phrases (ffff)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit le tweet (journalistique) suivant :

Les Montréalais ont reconduit Valérie Plante aux commandes de la métropole québécoise, après avoir signé une victoire décisive contre Denis Coderre.

Si l’on déplace l’apposition en tête de phrase, cela donne :

Après avoir signé une victoire décisive contre Denis Coderre, les Montréalais ont reconduit Valérie Plante aux commandes de la métropole québécoise.

Certains Montréalais se réjouissent de la réélection de Valérie Plante, mais il est peut-être excessif de dire que c’est eux, et non la mairesse, qui ont «signé une victoire décisive contre Denis Coderre».

Corrigeons d’abord comme ceci :

Après avoir signé une victoire décisive contre Denis Coderre, Valérie Plante est reconduite par les Montréalais aux commandes de la métropole québécoise.

Est-il bien nécessaire de préciser qu’il est question de la «métropole québécoise», alors que ce sont «les Montréalais» qui ont voté ?

Allégeons encore :

Après avoir signé une victoire décisive contre Denis Coderre, Valérie Plante est reconduite par les Montréalais aux commandes de la métropole.

À votre service.