Soit la phrase suivante, tirée du roman les Orphelines (2025) de Sophie Bienvenu :
Quand son patron est arrivé avec un spray pour colorer les roses blanches dans des tons fluo, ça a été la proverbiale goutte d’eau. Vingt ans plus tard, elle contait pour la cinquantième fois l’anecdote comme si je n’avais pas été aux premières loges, et elle n’avait toujours pas dépompé (p. 80).
«Dépompé» ? Dans le français populaire du Québec, qui se fâche «pompe». Logiquement, qui décolère «dépompe».
À votre service.
P.-S.—Usito connaît «pomper», mais pas son antonyme.
(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)
[Robert-Guy Scully] «Ce soir-là de 1944, Montréal a défait Détroit 9 à 1. Maurice Richard marqua 8 points : 5 buts et 3 passes. Une légende est née.»
Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel
V’là un rap du berceau des sports organisés
On s’trouve ensemble pour une cause à célébrer
J’me rappelle de la coupe 24
Le monde faisait a’fête tout l’long d’la Ste-Cath
Dur à croire qu’c’était y a si long
Mais les vrais fans savent notre destination
J’crois que not’ville a une chance à gagner
Faque je rock le 13 chanceux à Tanguay
Je jase avec l’esprit du Rocket
Quand c’est commencé, y m’a dit «You can’t stop it»
Ouais… j’y r’pense 10 minutes en ovation
Quand ses larmes nous ont touchés d’la glace au plafond
Ça fait longtemps qu’on pousse les Habitants
Le Rouge, Bleu, Blanc, la couleur de not’sang
La 25e… yeah ! J’la sens
Y a jamais eu un meilleur temps que maintenant
[Commentateur:] «Desjardins, following the play, [?] again scores, Desjardins !»
Y a jamais eu un meilleur temps que maintenant
Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel
On fait l’party tout l’long d’la soirée
Du Forum au Centre Bell, olé, olé, olé
19-0-9… ça fait 100 ans
Et on a l’vé des bannières un quart du temps
Et si c’t’année on lève la 25e
La fierté à Montréal
C’est l’temps qu’elle nous revienne
De temps en temps, j’passe par le Big O
Depuis qu’y a pas d’équipe on est ben moins exposed
Donc je monte la tour et lève mon verre aux Expos
Je rejoins les fantômes
Je leur passe le flambeau
Je sais qu’cette croisade, ça va pas rater
Nah… pis on va boire de la Coupe sacrée yeah
Des fois, c’est les chiffres qui font la preuve
23 11 27 10 et 9
Peut-être numéro 1 si tu comptes les signes
Numéro 25 j’ai un bon feeling
[Pierre Houde] «Koivu, Koivu qui est arrêté par Rozsival… la rondelle revient à Andrei Kostitsyn… et le BUUUUT ! Kovalev ! Qui d’autre ? Montréal qui compte.»
Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel
Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel
Feel comme en 93
Annakin Slayd
Feel comme en 93
C’t’année, ça feel un peu comme 93
On a attendu longtemps
So levez vos 25e au ciel maintenant
[Commentateur] «And now, a 24th Stanley Cup banner will hang from the rafters of the famous Forum in Montreal, the Canadiens win the Stanley Cup !»
En 1994, l’écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu publie Monsieur de Voltaire, une Romancerie. S’il lui arrive de reconnaître le génie de l’auteur de Candide, la plupart du temps, il médit de celui qui incarnerait «une monstruosité totalitaire dont la littérature ne nous a donné aucun autre exemple» (p. 21).
En 2021, le même Beaulieu publie Ma Chine à moi. En sous-titre : Candiderie. Y aurait-il du Voltaire là-dessous ? Que nenni.
Le narrateur de Monsieur de Voltaire mêlait le récit d’une cure de désintoxication à une analyse littéraire. Celui de Ma Chine à moi déplore son «vieillardissement» et livre ses impressions de l’histoire chinoise.
La seule allusion à Voltaire se trouve dans une lettre publique de Victor Hugo sur le palais d’Été de Pékin (25 novembre 1861, citée p. 270). De Candide, personnage et titre, il ne sera rien dit. Au lecteur de faire les liens qui s’imposent, ou pas.
Voltaire est toujours bien vivant, même si ce n’est pas là où l’attend.
Références
Beaulieu, Victor-Lévy, Monsieur de Voltaire. Romancerie, Montréal, Stanké, 1994, 255 p. Ill. Rééd. : Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 220, 2010, 240 p.
Beaulieu, Victor-Lévy, Ma Chine à moi. Candiderie, Paroisse Notre-Dame des Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2021, 306 p. Ill.
Soit cette phrase, tirée d’un roman d’espionnage de Laurence La Palme — c’est un pseudonyme —, Jour de clarté (2025) : «Puis il donna un coup de roue et nous nous retrouvâmes sur un chemin forestier» (p. 127).
L’homme qui conduit la voiture dont il est question n’a frappé personne avec une de ses quatre roues. Ce «coup de roue», venu de l’anglais, est plutôt un «coup de volant» («wheel»).
Le Robert définit le mot ainsi : «(Canada) Courte baignade» et lui donne comme synonyme «trempette». Usito propose le même synonyme, mais une définition légèrement différente, accompagnée des mentions «Qc» et «Fam.» (pour «Québec» et «Familier») : «Baignade rapide.» La saucette, donc.
Voilà pourquoi la chaîne de restauration Saint-Hubert, dans une publicité récente, peut offrir une «saucette dans l’sud». On entend et lit aussi le mot «sauce» dans ce message, celle de Saint-Hubert étant reconnue.