Le zeugme du dimanche matin et de Nouveau projet

Nouveau projet, numéro 28, 2025, couverture

«Pendant près de 30 ans, le centre aquatique de Pointe-Calumet a attiré les vedettes internationales de la musique populaire et les blagues sur les mictions en piscine.»

«Quelques adieux. Nécrologies variées par Maud Brougère, Clara Champagne, Catherine Genest, Nicolas Langelier et Marie-Michèle Robitaille», Nouveau projet, 28, hiver 2025, p. 75-78, p. 75.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Raideur inattendue

Arseniq33, Dansez, bande de caves, 2008, pochetteArseniq33, Dansez, bande de caves !, 2008, pochette

Soit les deux exemples suivants :

«J’te parle foule pine à ’planche ben raide
J’te parle dans ’face
Paye moué une bière si j’en ai plein mon cass
D’la langue de bois, celle d’Ottawa»
(Arseniq33, «J’use d’la langue», Dansez, bande de caves ! 15 ans d’arseniq33 [1992-2007], 2008)

«De toute évidence, une telle performance de [Marie-Philip] Poulin ne surprend plus personne. On a d’ailleurs compris, après la partie, qu’elle avait joué malgré un vilain rhume. “Je suis congestionnée ben raide !”, a-t-elle lâché en fin de conférence de presse. Ça ne l’a pas empêchée d’inscrire un tour du chapeau» (la Presse+, 30 janvier 2025).

Ben raide ? Dans le français populaire du Québec : complètement, totalement, mais aussi, selon Pierre DesRuisseaux, brusquement, abruptement (p. 36).

À votre service.

 

Référence

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Pas grand-chose, version locale

«Des mesurettes et des pinottes», tweet de Marc Cassivi, 13 septembre 2018

Deux fois, durant la journée d’hier, l’Oreille tendue a rencontré, dans le même sens, l’expression des pinottes : «Ça représente peut-être des pinottes, dans le grand ordre des choses, mais les gouvernements ne pourraient-ils pas prêcher par l’exemple, en cessant de s’approvisionner sur la plateforme d’Amazon ?» (la Presse+, 28 janvier 2025); «La fin des musées gratuits pour économiser des pinottes» (Tourniquet, 28 janvier 2025).

Dans le français populaire du Québec, des pinottes, c’est bien peu, pas grand-chose, presque rien, dérisoire.

Pinottes, comme dans l’anglais peanuts (arachides, cacahuètes).

À votre service.

P.-S.—Nous avons, en effet, déjà croisé le chemin de la pinotte : dans un virelangue; sur la route.

 

[Complément du 10 avril 2025]

Coup double dans la Presse+ du jour.

En titre : «Trahis par leur comptabilité dans un pot de pinottes.»

Dans le texte : «Un groupe de distributeurs de drogue affilié à la mafia a perdu bien plus que des “pinottes” après que des enquêteurs de la police de Montréal ont copié secrètement sa comptabilité cachée dans un pot d’arachides.»

Chantons la langue avec Daniel Lavoie

Daniel Lavoie, «Jours de plaine», 1991, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Daniel Lavoie, «Jours de plaine», 1991

 

Y a des jours de plaine
On voit jusqu’à la mer
Y a des jours de plaine
On voit plus loin que la Terre
Y a des jours de plaine
L’on entend parler nos grands-pères
Dans le vent
Y a des jours de plaine
J’ai vu des Métis en peinture de guerre
Y a des jours de plaine
J’entends gémir la langue de ma mère
Y a des jours de plaine
L’on n’entend plus rien
À cause du vent
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang
J’ai des racines en France
Aussi longues que la Terre
Une langue qui danse
Aussi bien que ma mère
Une grande famille
Des milliers de frères et sœurs
Dans le temps
J’ai des racines en France
Aussi fortes que la mer
Une langue qui pense
Une langue belle et fière
Et des milliers de mots
Pour le dire comment je vis
Qui je suis
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang
Y a des jours de plaine
Où, dans les nuages, on voit la mer
Y a des soirs de plaine
Où on se sent seul sur la Terre
Y a des nuits de plaine
Où y a trop d’étoiles, y a trop de Lune
Le ciel est trop clair
Y a des jours de plaine
On voit plus loin que la Terre
Y a des jours de plaine
Où je n’entends plus la langue de ma mère
Y a des jours de plaine
Où même mes grands-pères
Ne sont plus dans le vent
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang

 

Chantons la langue avec Jean Lapointe

Jean Lapointe, «Mon oncle Edmond», 1976, disque

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Jean Lapointe, «Mon oncle Edmond», 1976

 

Dans la famille du côté d’ma mère y avait mon oncle Edmond
Y était ben smatte y parlait l’anglais surtout quand y était rond
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Un bon matin sans dire un mot Edmond a sacré l’camp
Il est parti pour l’Ontario ouvrir un restaurant
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Vingt ans plus tard riche à craquer Edmond nous est r’venu
Les poches ben pleines et pis la tête carrée on le r’connaissait plus
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Mais là c’était vrai pis c’en était triste pis y était même pas saoul
Do you want a shot yes why not

Par une journée ensoleillée Edmond est disparu
Requiescat in pace pis on l’a jamais r’vu
Y faisait des pit pit do you speak English me I can talk faster than you
Wanna hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul
Do you want a shot yes why not

Quand Edmond est mort y parlait l’anglais
Edmund passed away sometimes au mois d’mai