Chantons la langue avec Robert Charlebois

Robert Charlebois, album Longue distance, 1976, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

N.B.—Le fait de reproduire ici une chanson n’est évidemment pas le signe qu’on en partage les valeurs.

 

Robert Charlebois, «Punch créole», Longue distance, 1976

 

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

Couché sur le dos
Dans le sable chaud
Avec sa doudou
Y fait son dodo
Les deux bras en croix
Comme le roi des rois
Y préfère mon île à son pays froid
Pour passer Noël et le Jour de l’an
Le touriste blanc qui a un p’tit argent

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

Il me fait courir
Après ses planteurs
Y m’appelle «Waiter»
D’un air supérieur
Ça m’met tout en sueur
Ça m’fait mal au cœur
Chu pas son chauffeur
Ni son serviteur
Mais chu d’la couleur
De ma clarinette
Je rêve aux sapins
Et aux épinettes

Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Pays trop pitit pour gagner sa vie
Moi plus chanter oh ! non jamais chanter
Moi plus chanter en créole
Plus jamais chanter en créole
Moi partir d’ici pour plus revenir
Moi plus chanter

 

Le zeugme du dimanche matin et de Nouveau projet

Nouveau projet, numéro 28, 2025, couverture

«Pendant près de 30 ans, le centre aquatique de Pointe-Calumet a attiré les vedettes internationales de la musique populaire et les blagues sur les mictions en piscine.»

«Quelques adieux. Nécrologies variées par Maud Brougère, Clara Champagne, Catherine Genest, Nicolas Langelier et Marie-Michèle Robitaille», Nouveau projet, 28, hiver 2025, p. 75-78, p. 75.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Raideur inattendue

Arseniq33, Dansez, bande de caves, 2008, pochetteArseniq33, Dansez, bande de caves !, 2008, pochette

Soit les deux exemples suivants :

«J’te parle foule pine à ’planche ben raide
J’te parle dans ’face
Paye moué une bière si j’en ai plein mon cass
D’la langue de bois, celle d’Ottawa»
(Arseniq33, «J’use d’la langue», Dansez, bande de caves ! 15 ans d’arseniq33 [1992-2007], 2008)

«De toute évidence, une telle performance de [Marie-Philip] Poulin ne surprend plus personne. On a d’ailleurs compris, après la partie, qu’elle avait joué malgré un vilain rhume. “Je suis congestionnée ben raide !”, a-t-elle lâché en fin de conférence de presse. Ça ne l’a pas empêchée d’inscrire un tour du chapeau» (la Presse+, 30 janvier 2025).

Ben raide ? Dans le français populaire du Québec : complètement, totalement, mais aussi, selon Pierre DesRuisseaux, brusquement, abruptement (p. 36).

À votre service.

 

Référence

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Pas grand-chose, version locale

«Des mesurettes et des pinottes», tweet de Marc Cassivi, 13 septembre 2018

Deux fois, durant la journée d’hier, l’Oreille tendue a rencontré, dans le même sens, l’expression des pinottes : «Ça représente peut-être des pinottes, dans le grand ordre des choses, mais les gouvernements ne pourraient-ils pas prêcher par l’exemple, en cessant de s’approvisionner sur la plateforme d’Amazon ?» (la Presse+, 28 janvier 2025); «La fin des musées gratuits pour économiser des pinottes» (Tourniquet, 28 janvier 2025).

Dans le français populaire du Québec, des pinottes, c’est bien peu, pas grand-chose, presque rien, dérisoire.

Pinottes, comme dans l’anglais peanuts (arachides, cacahuètes).

À votre service.

P.-S.—Nous avons, en effet, déjà croisé le chemin de la pinotte : dans un virelangue; sur la route.

Chantons la langue avec Daniel Lavoie

Daniel Lavoie, «Jours de plaine», 1991, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Daniel Lavoie, «Jours de plaine», 1991

 

Y a des jours de plaine
On voit jusqu’à la mer
Y a des jours de plaine
On voit plus loin que la Terre
Y a des jours de plaine
L’on entend parler nos grands-pères
Dans le vent
Y a des jours de plaine
J’ai vu des Métis en peinture de guerre
Y a des jours de plaine
J’entends gémir la langue de ma mère
Y a des jours de plaine
L’on n’entend plus rien
À cause du vent
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang
J’ai des racines en France
Aussi longues que la Terre
Une langue qui danse
Aussi bien que ma mère
Une grande famille
Des milliers de frères et sœurs
Dans le temps
J’ai des racines en France
Aussi fortes que la mer
Une langue qui pense
Une langue belle et fière
Et des milliers de mots
Pour le dire comment je vis
Qui je suis
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang
Y a des jours de plaine
Où, dans les nuages, on voit la mer
Y a des soirs de plaine
Où on se sent seul sur la Terre
Y a des nuits de plaine
Où y a trop d’étoiles, y a trop de Lune
Le ciel est trop clair
Y a des jours de plaine
On voit plus loin que la Terre
Y a des jours de plaine
Où je n’entends plus la langue de ma mère
Y a des jours de plaine
Où même mes grands-pères
Ne sont plus dans le vent
J’ai grandi sur la plaine
Je connais ses rengaines
Et ses vents
J’ai les racines dans la plaine
J’ai toutes ses rengaines
Dans le sang