L’oreille tendue de… Marie-Ernest Gellé

«Les mouvements accomplis dans ce travail particulier de recherche de la sensation acoustique la plus intense, sont des rotations de la tête, des inclinaisons de la tête et du corps, des immobilisations calculées pouvant aller jusqu’à l’arrêt de la respiration et jusqu’au ralentissement des battements du cœur. La figure, et l’ensemble des gestes de l’individu qui écoute sont caractéristiques, et bien connus des poëtes, des peintres et des sculpteurs. Il existe donc, au moment de la recherche de la direction du son, une succession de mouvements synergiques, harmoniques de tout le corps; et il est vrai de dire que l’homme qui écoute attentivement, retient son souffle, l’oreille tendue, la bouche béante.»

Marie-Ernest Gellé, De l’oreille. Anatomie normale et comparée, embryologie, développement, physiologie, pathologie, hygiène. Pathogénie et traitement de la surdité, Paris, A. Delahaye et Lecrosnier, 1880, 2 vol., vol. 1, 230 p., p. 36.

L’oreille tendue des… Goncourt

Portrait des Goncourt par Vallotton

«Sur les boulevards, on voit les hommes, les femmes interroger de l’œil la figure qui passe, tendre l’oreille à la bouche qui parle, inquiets, anxieux, effarés.»

Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 22 août 1870, dans Journal. Tome 2, 1864-1878, Paris, Flammarion, 1959, 1277 p., p. 583. Texte intégral établi et annoté par Robert Ricatte.

 

Illustration : portrait des Goncourt par Félix Vallotton tiré du Livre des masques (vol. II, 1898) de Rémy de Gourmont, déposé sur Wikimedia Commons

L’oreille tendue de… Jules Verne

Jules Verne, Voyage au centre de la terre, 1864, couverture

«Nous avançâmes ainsi jusqu’à vingt heures, dans notre immense prison de pierre. Hélas, nous ne trouvâmes aucune source. La soif était devenue de plus en plus insupportable. Je souffrais terriblement. Et mon oncle eut beau tendre l’oreille, il n’entendit pas couler du rocher la moindre goutte d’eau. Bientôt, je ne sentis plus mes jambes. Je parvins malgré tout à dissimuler encore un peu mon épuisement… Mais inévitablement vint le moment où mes forces me lâchèrent tout à fait.»

Jules Verne, Voyage au centre de la terre, 1864, chapitre 11.