Jean-Jacques Rousseau, les théâtres et la covid-19

Portrait de Jean-Jacques Rousseau
«Tite-Live dit que les jeux scéniques furent introduits à Rome l’an 390, à l’occasion d’une peste qu’il s’agissait d’y faire cesser. Aujourd’hui l’on fermerait les théâtres pour le même sujet et sûrement cela serait plus raisonnable.»

Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d’Alembert sur son article Genève, chronologie et introduction par Michel Launay, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «GF», 160, 1967, 250 p., p. 158 n. 1. Édition originale : 1758.

Justin Trudeau et Réjean Ducharme

Réjean Ducharme, HA ha !…, 1982, couverture

Demain soir, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’adressera à la nation. En après-midi, les citoyens auront eu droit à un discours du trône.

Il n’y a rien à faire : quand l’Oreille tendue entend «discours du trône», elle pense immédiatement à l’incipit de HA ha !…, la pièce de Réjean Ducharme.

Des déclics de magnétophone, des cris de bande rembobinée. Lumières. Roger qui recommence l’enregistrement de son «Bedit Discours». Il le lit sur un bout de papier froissé en se bouchant le nez.

Roger : Bedit Discours du trône à quatre pattes dont deux molles : «La nouvelle pissance bio-dégradante du Danemark amélioré aux enzymes ravive les gouleurs foncées du Saint-Relent, le fleuve qui l’arrose, comme une mouffette. (Il fait jouer le nouvel enregistrement. Il se félicite en s’écoutant : ) Infect !… Abject !… Ignoble !… Répugnant !… Ah stextra ! stexcellent ! (HA ha !…, p. 15)

Qu’on lui pardonne ce rapprochement.

P.-S.—Oui, en effet, l’Oreille se répète.

 

Référence

Ducharme, Réjean, HA ha !…, Montréal, Lacombe, 1982, 108 p. Préface de Jean-Pierre Ronfard.

Pour votre lexique familial

Destouches, le Glorieux, éd. de 1778, page de titre

Vous mariez votre fille ? Pourquoi ne pas faire comme le personnage de Lisimon dans la comédie le Glorieux (1732) de Philippe Néricault-Destouches (1680-1754) et employer le verbe engendrer en ce sens familial ?

Ouais ! vous le prenez de haut. Écoute, mon cher comte,
Si tu fais tant le fier, ce n’est pas là mon compte.
Ma fille te plaît fort, à ce que l’on m’a dit;
Elle est riche, elle est belle, elle a beaucoup d’esprit;
Tu lui plais; j’y souscris du meilleur de mon âme,
D’autant plus que par-là je contredis ma femme,
Qui voudrait m’engendrer d’un grand complimenteur
Qui ne dit pas un mot sans dire une fadeur.
Mais aussi, si tu veux que je sois ton beau-père,
Il faut baisser d’un cran, et changer de manière
Ou sinon, marché nul (éd. de 1972, acte II, scène 14, v. 887-897).

À votre service.

 

Référence

Néricault-Destouches, Philippe, le Glorieux, dans Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 241, 1972, vol. I, p. 565-684 et p. 1401-1406. Textes choisis, établis, présentés et annotés par Jacques Truchet. Édition originale : 1732.