Fil de presse 034

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

La langue ? Des publications !

Schnedecker, Catherine, les Chaînes de référence en français, Paris, Ophrys, coll. «L’essentiel français», 2021, 284 p.

Roig, Audrey et Catherine Schnedecker (édit.), la Connexion corrélative. De la phrase au discours, Paris, Classiques Garnier, coll. «Rencontres», 475, série «Linguistique», 4, 2021, 212 p.

Rey, Christophe, Dictionnaire et société, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica. Mots et dictionnaires», 35, 2020, 258 p.

Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, 43, 2, 2020. Numéro «Transformative Translations in Early Modern Britain and France».

Racicot, André, Plaidoyer pour une réforme du français, Québec, Marcel Broquet Éditeur, coll. «Crescendo !», 2020, 171 p.

Pruvost, Jean et Micheline Guilpain-Giraud (édit.), Pierre Larousse : deux siècles et plus…, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica. Mots et dictionnaires», 37, 2020, 146 p.

Pruvost, Jean, la Story de la langue française. Ce que le français doit à l’anglais et vice-versa, Paris, Tallandier, 2020, 368 p.

Pruvost, Jean, l’École et ses mots. C’était comment avant les déconfinements ? Assorti d’un cortège de citations, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion Les dictionnaires», 22, 2021, 326 p.

Nore, Françoise, Appelons un chat un chat ! Mauvais usage des mots, ça suffit !, Éditions de l’opportun, 2021, 250 p.

Neveux, Julie, Je parle comme je suis. Ce que nos mots disent de nous, Paris, Grasset, 2020, 304 p.

Minorités linguistiques et société, 14, 2020. Numéro «Politiques, représentations et pratiques en matière d’inclusion dans les communautés francophones en situation minoritaire».

McLaughlin, Mairi, la Presse française historique. Histoire d’un genre et histoire de la langue, Paris, Classiques Garnier, coll. «Histoire et évolution du français», 7, 2021, 407 p.

Martineau, France et Wim Remysen (édit.), la Parole écrite, des peu-lettrés aux mieux-lettrés : études en sociolinguistique historique, Strasbourg, EliPhi, coll. «Oralité et scripturalité», 2020, vi/272 p.

Lo Vecchio, Nicholas, Dictionnaire historique du lexique de l’homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand, Strasbourg, Éditions de linguistique et de philologie, coll. «Lexicologie, onomastique, lexicographie», 2021, xiv/516 p.

Les Cahiers du dictionnaire, 12, 2020, 414 p. Dossiers «Dictionnaire et démocratie. Dictionnaire et enfer».

Le Français préclassique, 22, 2020, 206 p.

Langage et société, 171, 2020, 238 p. Numéro «Diglossie. Une notion toujours en débat».

Laforest, Marty, États d’âme, états de langue. Essai sur le français parlé au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Essais classiques du Québec», 2021, 112 p. Édition revue et augmentée. Préface de Louis Cornellier. Édition originale : 1997.

La pensée, 403, 2020, 152 p. Dossier «Le devenir du français».

Hoedt, Arnaud et Jérôme Piron, Le français n’existe pas, Paris, Le Robert, 2020, 158 p. Préface d’Alex Vizorek. Illustrations de Xavier Gorce.

Commentaire de l’ouvrage par l’Oreille tendue .

Gosselin, Laurent, Aspect et formes verbales en français, Paris, Classiques Garnier, coll. «Domaines linguistiques», 17, série «Grammaires et représentations de la langue», 10, 2021, 280 p.

François, Jacques, Johann Christoph Adelung. Linguiste des Lumières à la cour de Saxe, Paris, L’Harmattan, coll. «Histoire des sciences humaines», 2020, 255 p.

Fonteneau, Anne, 365 jours, 1000 fautes, Montréal, JFD éditions, 2021.

Faure, Pascaline (édit.), les Langues de la médecine. Analyse comparative interlingue, Bruxelles, Berlin, Berne, New York, Oxford, Varsovie et Vienne, Peter Lang, 2021, 136 p.

European Journal of Language Policy, 12, 2, 2020.

Études créoles, XXVII, 1 et 2, 2020. Dossier «Études des constructions comparatives», sous la direction de Paula Prescod et Béatrice Jeannot-Fourcaud.

Des mots aux actes, 9, 2020, 259 p. Numéro «Traductologie et discours : approches théoriques et pragmatiques».

Circula. Revue d’idéologies linguistiques, 11, printemps 2020.

Cerquiglini, Bernard, Un participe qui ne passe pas, Paris, Points, coll. «Le goût des mots», 2021, 224 p.

Cahiers de lexicologie, 117, 2021, 215 p. Dossier «Varia».

Bigot, Davy, Denis Liakin, Robert A. Papen, Adel Jebali et Mireille Tremblay (édit.), les Français d’ici en perspective, Québec, Université Laval, coll. «Les voies du français», 2020, 194 p.

Barret, Julien, les Nouveaux mots du dico, Paris, First éditions, 2020, 160 p.

Barbeau, Bernard, Franz Meier et Sabine Schwarze (édit.), Conflits sur/dans la langue : perspectives linguistiques, argumentatives et discursives, Berlin, Berne, Bruxelles, New York, Oxford, Varsovie et Vienne, Peter Lang, coll. «Sprache – Identität – Kultur», 2021, 232 p. Ill.

Barbaut, Jacques, C’est du propre. Traité d’onomastique amusante, Caen, Nous, 2020, 208 p.

Avanzi, Mathieu, avec la complicité d’Alain Rey et Aurore Vincenti, Comme on dit chez nous. Le grand livre du français de nos régions, Paris, Le Robert, 2020, 240 p.

Auroy, Olivier, Dicorona. Pour que l’humour ait le dernier mot, Paris, Intervalles, 2020, 128 p.

Ambrogi, Pascal-Raphaël, Dictionnaire culturel du christianisme. Le sens chrétien des mots, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion Les dictionnaires», 2021, 1040 p. Préface de Pascal Wintzer.

Follower, ou pas, l’Académie française

Académie française, rubrique «Dire, ne pas dire», logo

Samedi dernier, le correspondant californien de l’Oreille tendue attire son attention sur un nouveau texte de la rubrique «Dire, ne pas dire» de l’Académie française. Il s’agit, sous «Néologismes & anglicismes», en date du 7 mai 2020, de l’article «Followers».

(Depuis des années, l’Oreille rêve de rebaptiser cette rubrique «Disez, ne dites pas.» Il n’est pas sûr que ça se fasse bientôt.)

Résumons le propos.

Les quatre premières lignes se tiennent : que veut dire follower en anglais ?

Les quatre lignes suivantes témoignent d’une assez spectaculaire méconnaissance du fonctionnement des réseaux sociaux : on peut évidemment y suivre quelqu’un sans «adhérer» à sa «pensée» ou à ses «actions».

Suivent une anecdote imprécise («il y a peu») sur une discussion entre une journaliste et un philosophe, et une allusion à Staline («le petit père des peuples»).

Le paragraphe suivant porte sur le mot acolyte, avec Sainte-Beuve en renfort.

Fort étonnée de sa lecture, l’Oreille écrit ceci sur Twitter, en citant la fin du deuxième paragraphe :

 

Les réactions ont été nombreuses et courroucées.

La linguiste Maria Candea évoque, à juste titre, l’auto-gorafisation de l’Académie. Certains accusent les Académiciens d’avoir un problème de consommation (alcool ou drogue). D’autres, plus généreux, essaient de lire le texte au deuxième degré : et s’il était ironique ? Ils sont peu entendus : ce n’est pas le genre de la maison.

Plusieurs notent qu’il existe déjà abonné pour rendre follower, à la recommandation notamment de l’Office québécois de la langue française. Or abonné est absent de la liste qui ouvre le texte de l’Académie. (Comme il n’y a pas un mot de linguistique dans le texte, ce n’est guère étonnant.)

Les paris sont ouverts : ce texte sera-t-il bientôt modifié ? Les followers de l’Oreille tendue le souhaitent avec passion.

De la nécessité des sous-titres en France

On dit souvent que les Français ont besoin de sous-titres pour comprendre les films québécois. Il semble qu’ils aient d’autres problèmes de langue. C’est du moins ce que donnent à croire ces deux traductions appelées par l’astérisque.

Mauvaise traduction de l’anglais
Mauvaise traduction de l’anglais
L’Oreille tendue n’est pas du genre à tirer de profondes conclusions de ces exemples. Encore que…

Traduire le baseball

Qu’est-ce que tu penses de Ted Williams maintenant ?, 2015, couverture

Réglons trois choses.

Selon les experts, Ted Williams a été un des plus grands frappeurs de l’histoire du baseball. Tous les témoignages concordent : Williams faisait une obsession de l’art de frapper et il imposait cette obsession à tous ceux qui l’entouraient. «Car Ted ne relâchait jamais ses efforts, pas même sur un match, sur une présence au bâton, sur un seul lancer» (p. 66).

Selon lui-même, il était un grand pêcheur, sinon le plus grand : «Y a personne qui s’y connaît mieux en pêche que moi, ni sur terre ni au ciel» (p. 8).

Ted Williams était par ailleurs une personne particulièrement désagréable : narcissique, colérique, grossier, sonore. Il l’était du temps où il était joueur et il l’est resté jusqu’à sa mort en 2002.

Cette troisième dimension de Williams est particulièrement visible dans le reportage de Richard Ben Cramer, Qu’est-ce que tu penses de Ted Williams maintenant ? Paru en anglais en 1986 dans le magazine Esquire, il a été traduit par Ina Kang aux Éditions du sous-sol en 2015. Cramer y pose, non sans mal, des questions à Williams, en plus de présenter sa carrière.

Les amateurs de baseball du Québec auront évidemment des choses à dire de cette traduction. Ina Kang mêle des expressions parfaitement justes à d’autres qui le sont moins. Cela ne troublera probablement pas un lecteur (hexagonal) néophyte; mais un amateur (francophone) éclairé, si.

Certains choix lexicaux peuvent se discuter, mais ils sont cohérents. Ina Kang parle de batte, au féminin, là où un Québécois dirait bâton, voire, familièrement, bat, au masculin. (Logiquement, il y a donc batteur à côté de frappeur.) De même, il est question de base plutôt que de but (il y a cependant but sur balles et pas base sur balles) et de ligue majeure (au singulier). Au bâton, on risque de se faire retirer sur prises, là où on attendrait sur des prises. Avant le début de la saison, qu’y a-t-il ? Soit l’entraînement de printemps (p. 59), soit le camp d’entraînement. Là, des mauvaises balles; ici, des balles fausses.

Plusieurs termes ou expressions ont cours au Québec : zone de prises (mais on verrait plus souvent zone des prises), but sur balles, manche, retrait, gant, programme double, coup sûr, champ (intérieur, extérieur, droit, gauche, centre), présence au bâton, boîte du frappeur, moyenne au bâton, point produit, frapper x en y, erreur, triple bon pour z points, chandelle et flèche, balle courbe ou rapide, marbre et monticule, roulant, grand chelem, amorti, cage (des frappeurs), frappeur suppléant, appeler une prise, enclos des lanceurs, encaisser une prise, etc.

Ce qui cloche ? On ne parle habituellement pas — c’est comme ça — de «défenseur» (p. 9) pour désigner les joueurs en défensive. À quoi «attrapés de volée spectaculaires» (p. 29) peut-il correspondre ? Un double jeu est nécessairement défensif (p. 57).

On notera pour finir que home run (circuit) est donné en anglais, de même que Hall of Fame (Temple de la renommée), Rookie of the Year (recrue de l’année), World Series (Séries mondiales) et clubhouse (abri, vestiaire). Une formule comme «inside-the-park home run» (p. 63), qui mêle l’italique et le romain pour des mots venus de la même langue, (d)étonne.

Ce mélange complique inutilement la vie de l’amateur de sport.

P.-S. — La langue du baseball évolue sans cesse.

 

Référence

Cramer, Richard Ben, Qu’est-ce que tu penses de Ted Williams maintenant ?, Paris, Éditions du sous-sol, coll. «Desports», 2015, 92 p. Ill. Traduction d’Ina Kang. Édition originale : 1986.

Soyons agiles !

Publicité d’un gestionnaire de portefeuilles, Montréal, mai 2016

L’Oreille tendue a découvert que le mot agilité pouvait être une valeur universitaire à l’automne 2007. Elle se souvient très bien du lieu et de son interlocuteur.

Plus récemment, elle l’a beaucoup entendu dans son université, «transformation institutionnelle» oblige.

Le mal n’est pas que local. Que demande le doyen de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal ? «Ce dont on a besoin, c’est d’être agile[s], et nos structures administratives actuelles sont hyper lourdes.»

Les gestionnaires de portefeuilles aussi s’y mettent; voyez la publicité ci-dessus.

On n’arrête pas le progrès.

 

[Complément du 17 mai 2016]

On ne s’étonnera pas de sentir ici l’influence de l’anglais, comme le laissent penser le commentaire de Patrick Coleman ci-dessous et ce tweet :

 

[Complément du 29 décembre 2020]

Ce qui était vrai en 2007 à l’Université de Montréal l’est toujours en 2020.

«Promotion agile», Université de Montréal, 2020