Et vous ?

«Quel est le degré de littératie de votre région ?», le Devoir, 14 octobre 2021, titre

Elle est partout : scientifique, juridique, numérique, financière, économique, médiatique, informationnelle, familiale, communautaire, agricole, physique, universitaire (c’est un dada de l’Oreille tendue), etc. La littératie se prête à toutes sortes de caractérisation.

Dans le Devoir du 15 janvier, l’Oreille découvre la «littératie émotionnelle».

Elle ne la connaissait pas. Elle n’est pas sûre de la posséder.

P.-S.—Une définition de la littératie ? «La literacy est “l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses compétences et capacités”» (définition de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] citée par Béatrice Fraenkel en 2021).

 

Référence

Fraenkel, Béatrice, «Littératie», dans Josiane Boutet et James Costa (édit.), Dictionnaire de la sociolinguistique, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, p. 221-224.

Enquête existentielle

Logo de ChatGPT

Il est beaucoup question dans l’actualité, depuis un an, des robots conversationnels, notamment de ChatGPT. Histoire de tester celui-ci, l’Oreille tendue lui a posé sept questions :

Qui est le professeur de littérature québécois Benoît Melançon ?

Quels sont les travaux du professeur Benoît Melançon sur la littérature française du XVIIIe siècle ?

Quels sont les travaux du professeur Benoît Melançon ?

Benoît Melançon a-t-il publié des textes sur le hockey ?

Benoît Melançon a-t-il publié des travaux sur la correspondance ?

Benoît Melançon a-t-il publié des travaux sur la culture numérique ?

Benoît Melançon est-il parfois invité à la radio de Radio-Canada ?

Résultats ?

ChaptGPT est convaincu que les travaux de l’Oreille tendue «portent sur divers sujets, notamment la littérature québécoise du XIXe siècle, la culture populaire, la bande dessinée et la littérature de voyage». Pour les trois dernières choses, ça va à peu près, encore que ce soit assez marginal dans sa production scientifique. En ce qui concerne le XIXe siècle québécois, le robot a tout faux : l’Oreille a consacré l’essentiel de ses travaux à la littérature française du XVIIIe siècle. Qu’en pense ChatGPT ? «À ma connaissance, Benoît Melançon est plutôt un spécialiste de littérature québécoise et de culture populaire, et il a moins d’implication dans la littérature française du XVIIIe siècle.»

L’Oreille a écrit des masses de choses sur la pratique de la lettre. ChatGPT l’ignore : «À ma connaissance, Benoît Melançon s’est principalement concentré sur des sujets tels que la littérature québécoise, la culture populaire, la littérature du XIXe siècle et d’autres domaines connexes. Cependant, il est possible qu’il ait abordé des questions de correspondance dans le cadre de ses recherches sur la littérature du XIXe siècle, où la correspondance épistolaire était souvent un élément important.»

Le numérique ? Rien.

Radio-Canada ? Rien non plus.

L’Oreille a (co)signé plus de vingt-cinq livres (ouvrages individuels ou collectifs). ChatGPT n’en connaît aucun. Au contraire, elle lui en prête six : l’Oreille n’a écrit aucun de ces six livres, ni celui sur «l’émergence et l’impact de la culture rock au Québec dans les années 1950 et 1960», ni le Hockey : une poésie.

ChatGPT reconnaît par avance ses erreurs : «ChatGPT can make mistakes. Consider checking important information.» C’est un euphémisme. C’est d’autant plus troublant que les travaux de l’Oreille sont partout sur le Web, ici ou .

Pour le dire poliment : peut mieux faire.

 

Illustration : logo de ChatGPT, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

[Complément du jour]

Alexandre Bazinet a soumis les mêmes questions à la version améliorée (et payante) de ChatGPT. Les résultats sont spectaculairement différents.

La recherche s’appuie sur Wikipédia, sur le site benoitmelancon.quebec, sur ce blogue, sur divers sites de l’Université de Montréal, sur le site de Radio-Canada, etc. On n’y trouve aucune erreur factuelle. C’est évidemment incomplet, mais tout à fait utile et moins délirant que la version gratuite. Ceci pose un vrai problème : comment expliquer de telles différences entre les deux versions ?

Avis de déménagement numérique

Camion de déménagment d’IKEA

Nous ne sommes pas le 1er juillet, mais, pourtant, une partie de la vie numérique de l’Oreille tendue vient de déménager.

Depuis plus de cinq lustres, elle avait un site, hébergé par son employeur, l’Université de Montréal : http://www.mapageweb.umontreal.ca/melancon/.

Récemment retraitée, il ne lui sera plus possible d’entretenir ce site. Voilà pourquoi elle déménage à https://benoitmelancon.quebec/.

L’Oreille en a profité pour essayer de faire du ménage dans des masses de fichiers, histoire d’y normaliser plusieurs strates géologiques de code HTML. Elle est sûre de ne pas y être complètement parvenue. Il y a en outre des problèmes avec les moteurs de recherche locaux; nos équipes techniques — façon de parler — y travaillent.

P.-S.—Pourquoi «.quebec» ? Parce que.

P.-P.-S.—Un de ces jours, https://benoîtmelançon.quebec/ devrait aussi marcher — oui, avec accent circonflexe et cédille. Les mêmes équipes y œuvrent.

Fil de presse 047

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

Des livres ou des numéros de revues ? De la langue ? Ensemble ? Hop !

Avanzi, Mathieu, avec la complicité d’Alain Rey et Aurore Vincenti, Comme on dit chez nous. Le grand livre du français de nos régions, Paris, Le Robert, 2023. Version augmentée et refondue de l’ouvrage de 2020.

Bailly, Charles, Précis de stylistique. Deuxième édition, Paris, Honoré Champion, coll. «Bibliothèque de grammaire et de linguistique», 71, 2023, 184 p. Édition critique d’Étienne Karabetian.

Brunet, Sylvie et Serge Bernardin, la Grammaire à croquer. Recettes gourmandes pour apprendre la grammaire, Paris, First éditions, 2023, 136 p. Illustrations de Caroline Laguerre.

Ces noms propres devenus noms communs, Niort, Bonhomme de Chemin, 2023, 92 p.

Corbeil, Jean-Pierre, Richard Marcoux et Victor Piché (édit.), Le français en déclin ? Repenser la francophonie québécoise, Montréal, Del Busso éditeur, 2023, 459 p. Ill.

Table des matières

Corela. Cognition, représentation, langage, hors série, 40, 2023. Dossier «Le nom propre en français et en anglais au prisme de plusieurs approches linguistiques», sous la direction de Laurence Vincent-Durroux et Laure Gardelle.

Drummond, Rob, You’re All Talk. Why we are what we speak, Melbourne et Londres, Scribe, 2023, 256 p.

Dumont, Léo, Octave Julien et Stéphane Lamassé (édit.), Histoires de mots. Saisir le passé grâce aux données textuelles, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. «Homme et société», 2023, 288 p.

Feltin-Palas, Michel, Cultivons la langue française !, Paris, Éditions Héliopoles, 2023, 200 p.

Kamusella, Tomasz, Words in Space and Time : A Historical Atlas of Language Politics in Modern Central Europe, Budapest, Central European University Press, 2021, 308 p.

Langage et société, 180, 2023, 198 p. Dossier «Varia».

Langages, 231, septembre 2023, 160 p. Dossier «Textes et discours face à des questions de santé publique».

Linx. Revue des linguistes de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 86, 2023. Dossier «La lexicographie en ligne contribue-t-elle à une meilleure description du français ?», sous la direction de Nadine Vincent.

Nouvelle Revue Synergies Canada, 17, 2023. «Perspectives sociolinguistiques variationnistes du français en situation de contact des langues. Mélanges en hommage à Alain Thomas».

Novillo, Thomas-Louis avec Laurent Ruquier, Bon pied bon œil. 150 drôles d’expressions pour amuser la galerie, Paris, Le Robert, 2023.

Pennac, Daniel et Florence Cestac, Les mots sont poilus, Paris, Le Robert, 2023.

Pruvost, Jean, Dictionnaire du vin, de la bière et du champagne. Culturel et anecdotique, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion les dictionnaires», 27, 2023, 696 p.

Tourrette, Éric (édit.), les Idées linguistiques des moralistes, Paris, Honoré Champion, coll. «Moralia», 25, 2023, 200 p.

Zanola, Maria Teresa (édit.), le Français de nos jours. Caractère, formes, aspects, Rome, Carocci, coll. «Studi superiori», 2023, 284 p.

Zazie sans fautes. La reine des accords, Paris, Le Robert, 2023.

Non merci, Google

Google, publicité québécoise, 2023, «Économise 22 % de gaz»

Publicité de Google dans un quotidien québécois : «Google Maps aide les gens à prendre des décisions plus durables grâce à l’option d’itinéraires écoénergétiques.» Illustration : «Économise 22 % de gaz.»

Même programme en France : «Économisez 27 % d’essence.»

Au Québec, on tutoierait tout le monde, pas en France.

Au Québec, on utiliserait «gaz», au lieu d’«essence», dans la langue publique.

Non et non, Google. Vous pouvez les vouvoyer et utiliser «essence»; les Québécois comprendront.

En effet, ils parlent français.

P.-S.—Ce n’est pas la première fois que l’Oreille tendue râle contre la langue des publicitaires.

Google, publicité française, 2023, «Économisez 27 % d’essence»