Double aveu du jour

Roger Simon, Cul-sec, 1981, couverture
L’Oreille tendue est une fan de Malcolm Gladwell : de ses articles dans The New Yorker, de ses livres, de ses balados, Revisionist History ou Broken Record.

Lisant son plus récent ouvrage, Talking to Strangers (2019), elle tombe sur la note de bas de page suivante : «SAFE stands for Security Analyst File Environment. I love it when people start with the acronym and work backward to create the full name» (p. 87).

Non seulement l’Oreille est une fan de Gladwell, mais elle a pratiqué ce qu’il aime («I love it») : le choix, d’abord, d’un acronyme, puis, seulement ensuite, la recherche des mots pouvant mener à cet acronyme.

Petite, elle a ainsi participé à la création du CULSEC (Centre universitaire de lecture sociopoétique de l’épistolaire et des correspondances) et du MADONNA (Module analytique des originaux nébuleux noéticiens allodoxiques). Elle n’y pense pas aujourd’hui sans émotion, voire sans fierté.

 

Référence

Gladwell, Malcolm, Talking to Strangers. What We Should Know about the People We Don’t Know, New York, Boston et Londres, Little, Brown and Company, 2019, xx/386 p. Ill.

Le niveau baisse ! (1725)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«From the Civil War to this present Time, I am apt to doubt whether the Corruptions in our Language have not at least equalled the Refinements of it… most of the Books we see now a-days, are full of those Manglings and Abbreviations. Instances of this Abuse are innumerable : What does Your Lordship think of the Words, Drudg’d, Disturb’d, Rebuk’t, Fledg’d, and a thousand others, every where to be met in Prose as well as Verse ?» (lettre de Jonathan Swift à Robert, Earl of Oxford, 1725).

Source : David Shariatmadari, «Why It’s Time to Stop Worrying About the Decline of the English Language», The Guardian, 15 août 2019.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’oreille tendue de… Gustave Flaubert

George Sand et Gustave Flaubert, Correspondance 1863-1876, éd. de 2011, couverture

«Voilà six semaines que nous attendons de jour en jour la visite des Prussiens. On tend l’oreille, croyant entendre au loin le bruit du canon. Ils entourent la Seine Inférieure dans un rayon de quatorze à vingt lieues. Ils sont même plus près, puisqu’ils occupent le Vexin, qu’ils ont complètement dévasté. Quelles horreurs ! C’est à rougir d’être homme !»

Lettre de Gustave Flaubert à George Sand, 30 octobre 1870, dans Correspondance 1863-1876, Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, «La collection de sable», 2011, 439 p., p. 228.

La clinique des phrases (ll)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit cette phrase, publiée hier sur le blogue d’une grande institution culturelle québécoise.

Ayant étudié et vécu durant une partie de sa jeunesse au Québec, cette lettre témoigne de l’attachement que Louis Riel porte envers les Canadiens français ainsi que des liens étroits que les Métis entretiennent avec eux.

Il paraît légitime de penser que ce n’est peut-être pas la «lettre» qui a «étudié et vécu durant une partie de sa jeunesse au Québec».

Scindons et changeons l’ordre des éléments de la phrase :

Louis Riel a étudié et vécu durant une partie de sa jeunesse au Québec. Sa lettre témoigne de l’attachement qu’il porte envers les Canadiens français ainsi que des liens étroits que les Métis entretiennent avec eux.

À votre service.

P.-S.—Merci au lecteur de l’Oreille tendue qui a repéré cette construction incorrecte.

 

[Complément du 28 juin 2019]

La phrase a été corrigée suivant les recommandations de l’Oreille, qui s’en réjouit.