Accouplements 41

Jean Echenoz, Je m'en vais, 1999, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

La scène se déroule dans Je m’en vais de Jean Echenoz (1999) :

Et pendant qu’on dînait, Angoutretok apprit à Ferrer quelques-uns des cent cinquante mots qui concernent la neige en idiome iglulik, de la neige croûteuse à la neige crissante en passant par la neige fraîche et molle, la neige durcie et ondulée, la neige fine et poudreuse, la neige humide et compacte et la neige soulevée par le vent (p. 67).

C’est Geoffrey K. Pullum qui aurait eu des choses à dire à Angoutretok. Ce linguiste considère que la multiplicité supposée des mots pour désigner la neige chez ceux qu’il appelle «les Esquimaux» est un canular («hoax»). Il entend déboulonner cette idée reçue dans un article paru en 1989, «The Great Eskimo Vocabulary Hoax». En voici le deuxième paragraphe :

Few among us [les professeurs de linguistique], I’m sure, can say with certainty that we never told an awestruck sea of upturned sophomore faces about the multitude of snow descriptors used by these lexically profligate hyperborean nomads, about whom so little information is repeated so often to so many. Linguists have been just as active as schoolteachers or general knowledge columnists in spreading the entrancing story. What a pity the story is unredeemed piffle (p. 275).

Suivent quelques pages où, avec un panache stylistique qu’il faut louer («lexically profligate hyperborean nomads», «unredeemed piffle»), Pullum s’en prend aux créateurs de ce «mythe» (le mot est partout), au premier rang desquels Benjamin Lee Whorf, «Connecticut fire prevention inspector and weekend language-fancier» (p. 276). Il s’amuse notamment à relever le nombre supposé de mots nommant la neige selon les sources citées (p. 278). Neuf ? Quarante-huit ? Cinquante ? Cent ? Deux cents ? (Il n’avance pas le chiffre de cent cinquante.)

Un dîner entre Angoutretok et Pullum aurait été amusant à suivre.

P.-S. — Pullum prend appui sur un article de Laura Martin, paru en 1986, sur le même sujet et dans la même perspective.

 

[Complément du 3 février 2016]

Parmi les connaissances de l’Oreille tendue, il y a un anthropologue. Son nombre ? Treize.

L’Encyclopédie canadienne, également appelée Historica Canada, consacre un fort intéressant article à la question. On y évoque, entre autres possibilités, deux dizaines de mots, cinquante-deux et quatre-vingt-treize. (Merci à @Homegnolia pour le lien.)

Le mystère, telle la glace, s’épaissit.

 

[Complément du 25 août 2016]

Pour certains, ce serait la neige. Pour d’autres, le sexe ou la parole. C’est du moins le point de vue de Trevanian dans The Main : «“You know, sir ? Joual seems to have more words for aspects of sex than either English or French-French.” / LaPointe shrugs. “Naturally. People talk about what’s important to them. Someone once told me that Eskimos have lots of words for snow. French-French has lots of words for ‘talk’» (éd. de 1977, p. 171).

 

[Complément du 26 novembre 2016]

Pas question de neige chez le Georges Perec de «Penser/Classer» (1982), rubrique «Les Esquimaux», mais de glace.

Les Esquimaux, m’a-t-on affirmé, n’ont pas de nom générique pour désigner la glace; ils ont plusieurs mots (j’ai oublié le nombre exact, mais je crois que c’est beaucoup, quelque chose comme une douzaine) qui désignent spécifiquement les divers aspects que prend l’eau entre son état tout à fait liquide et les diverses manifestations de sa plus ou moins intense congélation (éd. de 1985, p. 157).

«Quelque chose comme une douzaine», donc, «m’a-t-on affirmé».

 

[Complément du 13 décembre 2017]

«Des centaines de mots pour dire la neige», titre la Presse+ du jour. Combien exactement ? Entre autres chiffres avancés : cinquante-deux, vingt-cinq, deux cents.

 

[Complément du 9 janvier 2018]

Inversement…

 

[Complément du 21 avril 2018]

Le toujours excellent @machinaecrire fait découvrir à l’Oreille cette vidéo, particulièrement bien menée, d’Anna Lietti, dans sa série Sur le bout des langues (janvier 2018).

 

[Complément du 6 juin 2018]

L’ami Michel Francard, dans ses Tours et détours. Les plus belles expressions du français de Belgique (2016), est prudent : «On s’extasie des multiples dénominations de la neige chez les Inuits. Mais chaque langue, chaque variété de langue sait trouver les mots pour dire son quotidien. N’allons donc pas chercher trop loin les preuves de l’influence du milieu sur la créativité lexicale : les pays où il fait cru, c’est le Nord, mon petit !» (p. 64) «Multiples» permet d’éviter, élégamment, les nombres trop précis, et qui peuvent fâcher.

 

[Complément du 25 mars 2019]

Lu ceci, aujourd’hui, dans le Devoir, sous la plume de Jean-François Nadeau :

Un vieil homme du village, Tamusi Tukalak, un des seuls à avoir fréquenté quelque peu l’université, travaille avec acharnement, depuis des années, à la rédaction d’un glossaire consacré à une centaine de mots qui décrivent des états et des usages de la neige.

«Une centaine», donc.

 

[Complément du 20 janvier 2022]

Inversons la perspective : parlons gazon et pelouse («lawn»).

Coverly, Les mots de l’herbe, 2021, caricature

 

 

[Complément du 5 mai 2022]

Beaucoup de Québécois aiment jurer (sacrer), d’où ceci, de Nicolas Guay, dans Extension du domaine de tous les possibles (2021) : «Ce peuple est connu pour posséder plus de 100 mots pour dire “tabarnac”.»

 

[Complément du 20 décembre 2022]

Variation romanesque chez Vincent Fortier, dans les Racines secondaires (2022) : «En yupik [en Alaska], il existe cinquante termes pour désigner la neige» (p. 106). Cinquante, donc.

 

[Complément du 29 décembre 2022]

Selon un article de la BBC du 23 septembre 2015, qui cite une étude de l’Université de Glasgow, les Écossais auraient 421 mots pour désigner la neige, plus que les «cinquante» généralement attribués aux Inuits. Inclinons-nous.

 

[Complément du 6 janvier 2023]

Sur Facebook, Marie-Hélène Voyer (merci à elle) apporte sa pierre à l’édifice avec cette citation de Juliana Léveillé-Trudel :

Quanik, la neige qui tombe.
Aputi, la neige au sol.
Aniu, la neige propre qu’on fait fondre pour avoir de l’eau.
Pukak, la neige cristallisée qui s’effrite.
Masak, la neige mouillée qui tombe.
Matsaaq, la neige mouillée au sol.
C’est tout. Presque. Avant, je croyais que l’inuktitut contenait des centaines de mots pour dire neige. Ça faisait rire Mary.
C’est une légende pour les Qallunaat.

 

[Complément du 3 août 2023]

Comme Pierre Morency — voir les commentaires ci-dessous —, l’anthropologue Bernard Arcand penche pour quatorze : «Peut-être avions-nous autrefois, comme les Inuit, quatorze mots pour décrire et distinguer toutes les sortes de neiges, mais nous sommes en train de les oublier un par un; et ce n’est pas parler de neige que d’engager une querelle linguistique obscure entre le “banc” et la “congère”» (p. 58).

 

Références

Arcand, Bernard et Serge Bouchard, «La neige», dans Du pâté chinois, du baseball, et autres lieux communs, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1995, p. 55-70.

Echenoz, Jean, Je m’en vais. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1999, 252 p.

Fortier, Vincent, les Racines secondaires. Roman, Montréal, Del Busso éditeur, 2022, 182 p. Ill.

Francard, Michel, Tours et détours. Les plus belles expressions du français de Belgique, Bruxelles, Racine, 2016, 176 p. Ill. Préface de Patrick Adam. Postface de Zapf Dingbats [Jean-Paul Vasset]. Illustrations de CÄät.

Guay, Nicolas, Extension du domaine de tous les possibles. Aphorismes et autres petites choses, Le machin à écrire, 2021. Édition numérique.

Léveillé-Trudel, Juliana, On a tout l’automne, Saguenay, La Peuplade, 2022, 216 p.

Martin, Laura, «“Eskimo Words for Snow” : A Case Study in the Genesis and Decay of an Anthropological Example», American Anthropologist, 88, 2, juin 1986, p. 418-423. http://languagelog.ldc.upenn.edu/myl/llog/LauraMartinEskimoSnowWords.pdf

Perec, Georges, «Penser/Classer», le Genre humain, 2, 1982, p. 111-127; repris dans Penser/Classer, Paris, Hachette, coll. «Textes du XXe siècle», 1985, 140 p., p. 151-177.

Pullum, Geoffrey K., «The Great Eskimo Vocabulary Hoax», Natural Language and Linguistic Theory, 7, 1989, p. 275-281. http://www.lel.ed.ac.uk/~gpullum/EskimoHoax.pdf

Trevanian, The Main, New York, Harcourt Brace Jovanovitch, 1972. Réédition : New York, Jove, 1977, 332 p.

Né le 31 janvier 1919

Dessin de Jackie Robinson par John Collins, The Gazette, 4 juin 1946

 

«Nobody’s Jackie Robinson.»
Robert B. Parker, Hush Money, 1999

L’Oreille tendue n’a jamais caché son admiration pour le baseballeur Jackie Robinson (1919-1972). Celui-ci étant né un 31 janvier, ci-dessous, pour rappel, les textes qu’elle lui a consacrés.

Sur le livre numérique «augmenté» ou «enrichi» — texte, photos, vidéos, liens — de Lyle Spencer, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson, le 22 avril 2013.

Sur le film biographique 42 de Brian Helgeland, le 25 avril 2013.

Sur Robinson et Maurice Richard — c’est du hockey —, le 15 avril 2015.

 

[Complément du 31 janvier 2019]

Sur le documentaire consacré à Robinson par Ken Burns, le 11 avril 2016.

Sur Mohamed Ali et Robinson, le 4 juin 2016.

Sur l’exposition The Color Line. Les artistes africains-américains et la ségrégation, le 23 novembre 2016.

Sur la présence de Robinson à UCLA, le 25 mai 2017.

Sur Ella Fitzgerald et Robinson, le 2 février 2018.

Sur Robinson et Olympe de Gouges, le 13 décembre 2018.

L’Oreille a aussi été invitée à présenter Robinson aux auditeurs de l’émission de radio Aujourd’hui l’histoire (Radio-Canada), le 17 janvier 2019.

 

[Complément du 31 janvier 2021]

Chez l’ami Laurent Turcot :

 

[Complément du 28 juillet 2023]

Sur la biographie True. The Four Seasons of Jackie Robinson, le 5 mai 2022.

Sur l’ouvrage collectif 42 Today. Jackie Robinson and His Legacy, le 9 janvier 2023.

 

Illustration : John Collins, «The Colored Comet», The Gazette, Montréal, 4 juin 1946.

 

Référence

Parker, Robert B., Hush Money. A Spenser Novel, New York, G. P. Putnam’s Sons, 1999, 309 p.

Les zeugmes de Jean Echenoz (encore) et du dimanche matin (toujours)

Jean Echenoz, Envoyée spéciale, 2016, couverture

«[…] Tausk va et vient sans but dans son peignoir et son appartement» (p. 68).

«Et puis il fait trop chaud, je manque d’air et d’idées» (p. 88).

«Devant l’ancienne cheminée murée se tenait un radiateur électrique à inertie chaleur douce et à roulettes […]» (p. 180).

«Lessertisseur accepte un verre et un fauteuil […]» (p. 206).

«on est arrivés à destination sans trop de mal, de turbulences ni de trous d’air» (p. 211).

«Une fois qu’on a suffisamment fait le tour du parc et la cour à la fille […]» (p. 271).

«Une fois Hyacinthe rentré chez lui, Tausk rejoindra sa chambre et Charlotte endormie […]» (p. 299).

«Il s’y remettra vite à fumer ainsi que de ses désillusions» (p. 302).

Jean Echenoz, Envoyée spéciale. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2016, 312 p.

P.-S. — L’Oreille tendue a dit le bien qu’elle pense de ce roman ici.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Onomastique brassicole

En 2001, l’Oreille tendue cosignait, avec Pierre Popovic, le Village québécois d’aujourd’hui. Glossaire. Trois ans plus tard paraissait sa deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée, le Dictionnaire québécois instantané. Dans un cas comme dans l’autre, il avait fallu inventer une bière : ce fut La Môsus, puis La Torrieuse. C’était faire preuve d’une bien piètre imagination.

C’est du moins la réflexion qu’on peut se faire devant l’excellente chronique de Jean-François Nadeau parue dans le Devoir de ce lundi. On y découvre l’existence de noms de bière aussi subtils que La Diable au corps, L’Obscur Désir, L’Affranchie, La Libertine, La Désérables, La Noire Sœur, La Chipie, La Matante, La Joufflue, La Ciboire, La Valkyrie. Conclusion du chroniqueur ? «Le marketing de la bière, y compris dans sa variante micro-domestique pseudo-cool, continue de mettre en scène comme avant un vieil imaginaire parfaitement réactionnaire destiné aux hommes de demain.»

La Môsus et La Torrieuse avaient, au final, bien meilleur goût.

 

Références

Melançon, Benoît et Pierre Popovic, le Village québécois d’aujourd’hui. Glossaire, Montréal, Fides, 2001, 147 p.

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Nadeau, Jean-François, «En bière», le Devoir, 25 janvier 2016, p. A3.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

Exercices de reconnaissance

Jean Echenoz, Envoyée spéciale, 2016, couverture

Ça vient de paraître, ça s’appelle Envoyée spéciale et c’est incontestablement du Jean Echenoz.

Les variations sur l’incise, sentencie l’Oreille tendue, sont toujours aussi roboratives. Les noms des personnages restent toujours aussi improbables, ce qui fait que le lecteur se met à douter de tous les noms propres du roman (personne réelle ? ou pas ?). Comme il se doit, on croise Bruce Lee et Tancrède Synave, Georges Marchais et Didier Super. Ce vrai-faux roman de genre (d’espionnage) évoque des œuvres précédentes d’Echenoz comme le Méridien de Greenwich (1979), Cherokee (1983), l’Équipée malaise (1986) ou Lac (1989). Qui raconte ? Ce n’est pas de la première clarté : «nous ne comprenons pas non plus, malgré notre omniscience», accorde le narrateur (p. 270). La ronde des personnages donne le tournis : Nadine Alcover laisse son emploi auprès d’Hubert Coste pour devenir la compagne du frère de celui-ci, Lou Tausk (c’est un pseudonyme), avant de le quitter à son tour pour épouser le général Georges Bourgeaud du Lieul de Thû, ce dernier faisant chanter Lou, ci-devant compositeur du mégatube planétaire «Excessif», devenu le compagnon de Charlotte Guglielmi, l’assistante qui a remplacé Nadine Alcover auprès d’Hubert, avant qu’il ne soit jeté en prison. L’intrigue (façon de parler) dure un an, comme dans Un an (1997).

Sur le plan lexical, on est en territoire connu. Les adjectifs étonnent mais convainquent : une autoroute «sans échangeurs ni bretelles ni la moindre aire de repos» est dite «de structure autiste» (p. 249). Il en va de même des pronoms : Echenoz préfère souvent quoi à lequel (sur quoi). Un nourrisson pleure dans le métro ? Il faut, dit l’auteur, ce maître du verbe, «l’obturer au moyen d’une tétine» (p. 43).

Il y a l’habituelle récolte de zeugmes — «[…] Tausk va et vient sans but dans son peignoir et son appartement» (p. 68); le reste, ce sera pour dimanche prochain, désolé — et de portraits :

Massif et bedonnant, grosse tête poupine ovale homothétique à un gros buste ovale — œuf de cane sur œuf d’autruche sans aucun cou pour faire le joint —, [Kim Jong-un] avançait d’un pas buté, emprunté, compensant sa petite taille comme son cher leader de père par d’épaisses talonnettes sur lesquelles il marchait en balançant les bras loin du corps. […] Il souriait la plupart du temps, la seule alternative à ce sourire étant un regard monobloc mais composite où s’entrelaçaient méfiance, envie, colère, menace, bouderie, comme si son expression faciale ignorait tout état intermédiaire (p. 250 et p. 251-252).

C’est du Echenoz, et ce n’est pas tout à fait le Echenoz auquel on s’est habitués. Certes, ça tuait dans les Grandes Blondes (1995) et dans Je m’en vais (1999), ça s’écharpait et ça mourait dans 14 (2012), mais, dans Envoyée spéciale, il y a changement d’échelle. Autour de Constance (qui n’en est pas l’incarnation, du moins en amour), on se suicide (dans le métro), on se fait rétrécir (amputation, démembrement, décapitation — pas du même personnage), on se fait tirer dessus (au revolver, au fusil d’assaut), on se fait torturer («plâtrer», en l’occurrence), on se fait manger (c’est, probablement, le sort du beagle Biscuit, nom prédestiné, alias Faust) ou broyer (un papillon). D’autres scènes frappent par leur violence, sexuelle (en prison), sociale (avec un mendiant, encore dans le métro) ou géopolitique (pourquoi tolérer la Corée du Nord ?). La fin du roman n’est pas du meilleur augure pour son héroïne (façon de parler).

Et pourtant, c’est du Echenoz : cela rend heureux, vertu du style grand.

P.-S. — «Sentencie» ? Comme dans «L’aveugle se doit d’être un peu muet, sentencia Russel» (le Méridien de Greenwich, p. 32).

 

[Complément du 6 janvier 2018]

Où, en janvier 2018, classe-t-on la traduction anglaise du plus récent Echenoz, Envoyée spéciale, chez McNally Jackson Books, à New York ?

Envoyée spéciale au rayon Espionnage de McNally Jackson Books, New York, janvier 2018

 

Références

Echenoz, Jean, le Méridien de Greenwich. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1979, 255 p.

Echenoz, Jean, Envoyée spéciale. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2016, 312 p.