«Sa voix est si basse et déprimée qu’il doit tendre l’oreille exagérément pour entendre ce qu’elle dit.»
Monique Proulx, les Aurores montréales. Nouvelles, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 85, 2016, 238 p., p. 121. Édition originale : 1996.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Sa voix est si basse et déprimée qu’il doit tendre l’oreille exagérément pour entendre ce qu’elle dit.»
Monique Proulx, les Aurores montréales. Nouvelles, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 85, 2016, 238 p., p. 121. Édition originale : 1996.
On doit à Chantal Bouchard des livres essentiels pour comprendre l’évolution sociolinguistique du français au Québec.
En 2021, elle faisait paraître un court texte synthétisant ses recherches, «Entre parler (le bon) français et parler joual», disponible gratuitement ici.
Citations choisies :
«la question fondamentale qui taraude la conscience collective depuis au moins deux siècles : parlons-nous français, le français, la langue française ?» (p. 359);
«la dévalorisation de leur langue causera un tort considérable à de nombreuses générations de Canadiens français» (p. 362);
la «conception», chez les Québécois, «d’une langue-monument fait la preuve par l’absurde de leur indéniable appartenance à la culture française» (p. 363);
«Parlons-nous français, un français, le français ou encore une variété de français ? Je crois qu’à tout le moins, le substantif nous appartient» (p. 369).
À lire au complet.
P.-S.—Oui, l’Oreille tendue a publié un texte dans le même ouvrage collectif que Chantal Bouchard.
Références
Bouchard, Chantal, la Langue et le nombril. Une histoire sociolinguistique du Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Nouvelles études québécoises», 2020, 296 p. Nouvelle édition mise à jour. Édition originale : 1998.
Bouchard, Chantal, Méchante langue. La légitimité linguistique du français parlé au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Nouvelles études québécoises», 2012, 171 p.
Bouchard, Chantal, «Entre parler (le bon) français et parler joual», dans Anne Caumartin, Julien Goyette, Karine Hébert et Martine-Emmanuelle Lapointe (édit.), Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Champ libre», 2021, p. 359-369. https://www.pum.umontreal.ca/catalogue/je_me_souviens_jimagine/fichiers/589d8ced-9ec1-450b-958b-03b7cbd42cb6/9782760644328.pdf
À catin, dans le Petit Robert (édition numérique de 2018), on lit ceci : «(1732) RÉGION. (Normandie, Centre; Canada [critiqué]) Poupée. “leurs catins de cire avec de belles robes de bal sur le dos” (G. Roy).»
Il a beau être «critiqué», le mot se trouve donc chez Gabrielle Roy, mais aussi chez Michael Delisle (Dée, p. 19), Samuel Archibald (Arvida, p. 77) et Maxime Raymond Bock (Morel, p. 70), pour ne prendre que ces exemples.
Dans Mouron des champs (2022), le magnifique et dur recueil de poésie que vient de faire paraître Marie-Hélène Voyer, catin apparaît trois fois (p. 68, p. 93, p. 109).
La grand-mère paternelle de l’Oreille tendue n’employait que ce mot.
P.-S.—Le mot désigne aussi, note le dictionnaire numérique Usito, un «Pansement entourant un doigt malade».
Références
Archibald, Samuel, Arvida. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 04, 2011, 314 p. Ill.
Delisle, Michael, Dée, Montréal, BQ, 2007, 128 p. Édition originale : 2002.
Raymond Bock, Maxime, Morel. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2021, 325 p.
Voyer, Marie-Hélène, Mouron des champs suivi de Ce peu qui nous fonde, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)
Voyer-Léger, Catherine, Nouées, Montréal, Québec Amérique, coll. «III», 2022, 157 p.
«Nouées de mère en fille. Inextricables, tissées serrées, jusqu’à nous étouffer. De mère en fille. Nouées dans une caresse suffocante quand de petites mains de quatre ans nous pressent la gorge parce qu’elles comprennent mal les limites entre le doux et la douleur. De mère en fille, nos angoisses tressées ensemble pour le meilleur et pour le pire. Indispensables l’une à l’autre et toujours un peu de trop en même temps» (p. 148-149).
Voyer, Marie-Hélène, Mouron des champs suivi de Ce peu qui nous fonde, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.
«combien de temps encore ma voix pesante
nouée de vous ?» (p. 49)
[Complément du jour]
Ceci encore, toujours chez Marie-Hélène Voyer :
«je nage dans des eaux inédites
nouée et dénouée de vous» (p. 158)
«Le jeune homme plongeait dans une déprime qu’il soignait en multipliant les rations de jeux vidéo et de frites.»
Julia Deck, Monument national. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2022, 204 p., p. 41.
(Une définition du zeugme ? Par là.)