Accouplements 192

Yves Ravey, Pas dupe, 2019, couverture(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Dans la livraison d’hier de ses Notules, le Notulographe livre quelques commentaires sur Pas dupe (2019), d’Yves Ravey. Il loue son art de l’incise et il apprécie le roman lu : «on est ici dans ce qu’on pourrait appeler de la littérature subtile, volatile, du très beau travail». (Les Notules ? Par ici.)

En 2021, l’Oreille signalait elle aussi l’art de l’incise chez ledit Ravey, mais celui d’Adultère (2021). S’agissant de la façon de rapporter la parole dans le même roman, elle écrivait : «Du grand art.» (C’est .)

Hier soir, au Masque et la plume, il était question du plus récent roman de Ravey, Taormine. Arnaud Viviant a moqué le «petit ton à la Simenon» de Ravey; du roman paru, il a déploré qu’il n’appelle pas plus au tourisme. Du grand n’importe quoi.

Autopromotion 657

«Molière lisant son Tartufe chez Ninon de l'Enclos», gravure

Aujourd’hui, entre 10 h et 10 h 30, l’Oreille tendue sera au micro de Pénélope McQuade, à l’émission radiophonique Pénélope (Radio-Canada), pour parler de la lecture.

Ses propos ressembleront peut-être aux quinze premières minutes de ceci :

La fin de la vidéo ressemble plus à son livre de 2015.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici. Les références aux auteurs cités se trouvent ci-dessous.

 

Références

Chartier, Roger, «Loisir et sociabilité : lire à haute voix dans l’Europe moderne», Littératures classiques, 12, janvier 1990, p. 127-147. https://doi.org/10.3406/licla.1990.1238

Engelsing, Rolf, Der Bürger als Leser : Lesergeschichte in Deutschland 1500-1800, Stuttgart, Metzler, 1974, 375 p.

Melançon, Benoît, «Histoires de lire : demain, aujourd’hui, hier», dans les Futurs possibles du livre, Actes numériques du colloque des 15 et 16 novembre 2001, Montréal, Grande bibliothèque du Québec, 2002, 16 p. Repris dans Christian Vandendorpe et Denis Bachand (édit.), Hypertextes. Espaces virtuels de lecture et d’écriture, Québec, Nota bene, coll. «Littérature(s)», 25, 2002, p. 77-87. https://doi.org/1866/28774

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Vandendorpe, Christian, Du papyrus à l’hypertexte. Essai sur les mutations du texte et de la lecture, Montréal, Boréal, 1999, 271 p. Ill. https://litmedmod.ca/sites/default/files/pdf/vandendorpe-papyrusenligne_lr.pdf

Ken Dryden et la radio

Ken Dryden passe le flambeau à Carey Price, Centre Bell, Montréal, 16 octobre 2014

Ken Dryden, l’ancien cerbère des Canadiens de Montréal — c’est du hockey — a 75 ans aujourd’hui.

Il a écrit plusieurs ouvrages, dont un très grand livre sur ce sport, The Game (1983), et une biographie de Scotty Bowman (2019).

L’Oreille tendue aime bien citer un texte de Dryden, mais il ne s’agit pas d’un extrait de ces livres. Elle préfère plutôt un passage de son appréciation d’un célèbre conte de Roch Carrier, «Le chandail de hockey» (1979) :

Radio was perfect for heroes. Radio was live. Radio games offered an unknowable result. Radio meant lying in the darkness and, to the words of an excited storyteller, painting pictures of everything you heard. It meant using your own imagination. There has never been a bad game played on radio.

(La radio était parfaite pour les héros. C’était en direct. On ne connaissait jamais le résultat à l’avance. La radio, c’était, étendu dans le noir, suivre la description d’un raconteur excité et se créer des images de ce que l’on entendait. Ça voulait dire se servir de son imagination. Il n’y a jamais eu un mauvais match joué à la radio.)

Joyeux anniversaire !

 

Références

Dryden, Ken, The Game. A Thoughtful and Provocative Look at a Life in Hockey, Toronto, Macmillan of Canada, 1984, viii/248 p. Édition originale : 1983.

Dryden, Ken, «Sports. What could Mr. Eaton have been thinking ?», The Globe and Mail, 13 octobre 2001, p. D8.

Dryden, Ken, Scotty. A Hockey Life Like no Other, Toronto, McClelland & Stewart, 2019, viii/383 p. Ill. Traduction : Scotty. Une vie de hockey d’exception, Montréal, Éditions de l’Homme, 2019, 439 p. Préface de Robert Charlebois.

Autopromotion 651

Guy Lafleur dans une publicité épistolaire de la Fondation des maladies mentales du Québec

Aujourd’hui, l’Oreille tendue sera au micro de Chantal Dauray, à l’émission de radio Au fil du temps, de Canal M Vues et voix. Il sera question d’écriture épistolaire.

L’émission commence à midi. Elle peut être écoutée en direct ou en différé sur le Web.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici, à partir de la 32e minute.

La langue n’est pas logique

Maxime Raymond Bock, Morel, 2021, couverture

Soit ce tweet : «Voir que la grande Michèle Torr vient de me dédier son classique Emmène-moi danser ce soir à JS Tendresse de @jsgirard.»

Soit cette phrase, tirée du roman Morel (2021) de Maxime Raymond Bock : «Ah ben oui, ç’a ben du bon sens ! C’est niaiseux de te demander ça. Voire que tu chercherais un loyer si tu déménages pas !» (p. 239)

Que dire de ce «voir(e) que», en tête de phrase, parfois lu / entendu au Québec ?

Dans le premier cas, il marque une joie doublée d’un étonnement : «Quoi ? Me faire ce bonheur ? À moi ? Je n’ose le croire !»

Dans le second, il marque la reconnaissance d’une évidence : «Mais bien sûr ! Pourquoi chercherais-tu un appartement (loyer) si tu ne voulais pas déménager ?»

Une même forme, deux sens. Voir que c’est logique, la langue !

P.-S.—La construction avec voir si est également attestée : «Voir si elle me dédierait une chanson !»

P.-P.-S.—La graphie avec e (voire) étonne fort l’Oreille tendue (Maxime Raymond Bock la reprend p. 206 et p. 244). Le lien entre l’adverbe voire (et même) et le verbe voir suivi de que lui échappe.

P.-P.-P.-S.—L’Oreille a présenté Morel le 12 janvier 2022.

 

[Complément du jour]

Réaction d’un médiéviste : «L’explication qui me vient est le sens du terme en ancien français : “vraiment”, “vrai”. Il est voir que… (il est vrai que…) “Pas voir / vrai que….” Dans ce cas, en français moderne, l’orthographe avec e serait la plus logique (voire au sens vieilli de “certainement”). Le Robert donne d’ailleurs comme “vieux ou plaisant” voire “qui marque le doute”.»

 

Référence

Raymond Bock, Maxime, Morel. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2021, 325 p.