Chantons le hockey avec Denise Filiatrault

Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», 1957, disque 45 tours

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Denise Filiatrault, «Rocket Rock and Roll», 1957

 

[Bruits de foule]

On veut pas m’laisser entrer
Car je n’trouve pas mon ticket
À la porte je vais rester
J’veux pourtant voir le Rocket
Monsieur l’placier, laissez-moi entrer ce soir au Forum
Je veux entrer
J’aimerais tellement, tellement voir mon surhomme
J’veux pas rester toute la soirée dans les coulisses
Je suis venue pour voir Maurice

Ne restez pas planté d’vant moi, je vais devenir folle
À la pensée qu’vous m’empêchez d’aller voir mon idole
J’veux pas rester toute la soirée dans les coulisses
Je veux crier «Vas-y Maurice»

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
J’suis énervée
J’suis excitée
Je veux m’enrouer
À force de crier

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket

C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur l’placier, je vois qu’vous souriez
Vous êtes un brave homme
Soyez gentil, laissez-moi entrer, car dans le Forum
J’entends les gens qui crient, qui hurlent et applaudissent
«Vas-y, vas-y, vas-y Maurice»

[Bruits de foule]

Je vais vous gifler
J’vais vous griffer
J’vais me rouler par terre
Si vous continuez de vous moquer
J’pique une crise de nerfs
C’est pas l’armée ni les pompiers ni la police
Qui m’empêcheront de voir Maurice

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
J’ai beau chercher
Tout retourner
Tout chavirer
Je n’peux pas l’trouver

Rock’n’roll Rocket Rocket
Rock’n’roll Rocket Rocket
C’est vraiment bête
De manquer son Rocket
Pour un ticket

Monsieur l’placier, quel bonheur
J’ai retrouvé mon ticket
Il était là sur mon cœur
Je vais voir mon Rocket

Ah ! zut ! La partie est finie

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

 

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Division peu prévisible

Derrières de vache

Soit la phrase suivante, dans la Presse+ du jour : «Mais on a des gars qui se fendent le derrière en quatre au quotidien.»

Se fendre le derrière en quatre : dans le français populaire du Québec, se donner du mal, faire des efforts.

Dans ses «Expressions contenant le mot fendre», le dictionnaire numérique Usito relève deux expressions qui se croisent ici. En français (de référence) «familier», se fendre en quatre : «Se donner beaucoup de mal.» En français (du Québec) «vulgaire», se fendre le cul : «Déployer de grands efforts à faire quelque chose.»

Se fendre le derrière / le cul en quatre fait partie de ces choses qu’il vaut peut-être mieux ne pas se représenter. On trouvera un autre exemple ici.

À votre service.

Chantons le hockey avec Dominique Michel

Photo de Dominique Michel portant un chandail des Canadiens de Montréal, magazine Time, 1963

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Dominique Michel, «Hiver maudit : j’hais l’hiver», 1979

 

Ah comme la neige a neigé
Ma vitre est un jardin de givre
Dans la blanche cérémonie où la neige au vent se marie
Mon père a fait bâtir maison
Vienne l’hiver en manteau de froid
Vienne l’envers des étés du roi
Ah que les temps ramènent l’hiver

Comme c’est beau, hein ?
Mais moi voyez-vous…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hivere
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

L’été c’est la saison gênée
On ne l’a ja-mais vue passer
Vacances mouillées, rivière polluée
Un jour on gèle
L’lendemain on crève
Les maringouins font jamais d’grève
Pis l’vent entonne l’hymne à l’automne
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

L’automne c’est beau mais court à mort
Un beau deux s’maines multicolore
On monte dans l’nord voir le décor
Le temps d’faire Gran-by Mont-Laurier
Les feuilles ‘taient toutes tombées à terre
L’automne v’nait d’changer en hiver
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver c’comme le hockey
Y a des finales jusqu’au mois d’mai

Atchou !
Voyons donc

Enfin le printemps nous surprend, les pieds dans’ bouette
La tire au bec
Guéris ta grippe, change tes snow grips
Les verts bourgeons, isolation
Oui mais l’printemps ne dure qu’un mois
Le temps d’dégeler l’été est là
Pour me rapp’ler — héhé héhéhéhé — que…

J’aguis l’hivere
Maudit hivere
Les dents serrées, les mains gercées, les batteries à terre
J’aguis l’hiver
Maudit hiver
Chez nous l’hiver s’rait une horreur
Mais heureusement, oui, ha-ha, y a Guy Lafleur
Tam tam

 

P.-S.—À la fin de 1958 ou au début de 1959, Muriel Millard dresse, sous forme de chanson («Pot-pourri»), un portrait de l’activité artistique québécoise en 1958. Deux mariages de hockeyeurs sont rappelés : celui de Wally Clune avec Andrée Champagne et celui de Camille Henry avec Dominique Michel.

P.-P.-S.—En 2011, la chanson de Dominique Michel a été reprise par Amélie Grenier et Jasmin Roy.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Chantons le hockey avec Christine Corneau

Christine Corneau, album En personnes, 1988, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Christine Corneau, «La soirée du hockey», En personnes, 1988

 

J’me souviens ben jeune
Quand on jouait dans l’salon
L’hiver passait
C’tait jamais trop long
Samedi soir mon père collait d’vant la tévé

Ma mère faisait cuire du jambon
Maudit qu’le hockey sentait bon
Quand y avait un but
[Choriste] Y avait un but
On criait comme des perdus

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
C’est plus fort que moi
[Choriste] C’est plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Ma mère v’nait voir le but au ralenti
Le temps s’arrêtait
Nous autres aussi
Mon père devenait heureux
Tout d’un coup

Y s’ouvrait une Mol
Y misait sur les scores
C’tait notre idole
Not’Maurice Richard
Mon père nous aimait
[Choriste] Nous aimait
Si on laissait toute la game en paix

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
C’est plus fort que moi
[Choriste] C’plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Le samedi soir dans mon appartement
Quand j’me sens seule
Quand j’sens peser le temps
J’passe la veillée la tévé allumée
Ça s’met d’un coup à sentir le jambon
Maudit qu’y a des souvenirs qui sentent bon
J’me sens comme une enfant
[Choriste] Comme une enfant
Je r’tourne à’maison

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
[Buits de foule]
C’est plus fort que moi
[Choriste] Plus fort que moi
Ça m’fait

Quand j’entends la Soirée du hockey
Avec la voix de Lionel Duval
Qui m’parle «en direct du Forum de Montréal»
Quand j’entends la Soirée du hockey
La foule en délire
[Bruits de foule]
[Musique du Forum]
C’est plus fort que moi
[Choriste] Plus fort que moi
Ça m’fait souvenir

Ça m’fait souvenir

 

P.-S.—Un extrait de cette chanson se trouve en épigraphe au livre de Luc Bertrand, Lionel Duval. Revoyons les faits saillants (Montréal, TVA éditions, 2001).

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Les zeugmes du dimanche matin et de Joan Didion

Joan Didion, The Year of Magical Thinking, éd. britannique de 2012, couverture

«This was a time, the early 1970s, when Katharine and Conrad and Jean and Brian Moore and John and I traded plants and dogs and favors and recipes and would have dinner at one or another of our houses a couple of times a week» (p. 72-73).

«“X” was a woman with whom I had worked at Vogue. Seductive clouds of cigarette smoke and Chanel No. 5 and imminent disaster had trailed her through the Condé Nast offices, which were the in the Graybar Building» (p. 108).

Joan Didion, The Year of Magical Thinking, Londres, 4th Estate, 2012, 227 p. Ill. Édition originale : 2005.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)