L’oreille tendue de… Svetlana Alexievitch

Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femmes, éd. de 2015, couverture

«Je suis jeune, elles sont vieilles. Elles m’expliquent les choses comme à une enfant. J’ai depuis longtemps remarqué que c’est avec les enfants que nous parlons le mieux : nous cherchons alors des mots neufs, parce qu’il nous est autrement impossible de franchir la frontière qui nous sépare de leur monde désormais pour nous inaccessible. Je vois souvent des femmes assises en face de moi tendre l’oreille à elles-mêmes. Au son qu’émet leur propre cœur.»

Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femmes, dans Œuvres, Arles, Actes Sud, coll. «Thesaurus», 2015, 800 p., p. 23-24.

Le niveau baisse ! (1930)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Notre langue est mise en péril par l’homme de la rue, par les gens du monde, par des ignorants de tout poil comme par des bacheliers qui ne savent plus écrire, par les journalistes, par les politiciens, par les amateurs de sport, par les ronds de cuir, par ceux qui expriment leurs pensées particulières comme par ceux qui notifient à la Nation les volontés de l’État. Les malfaiteurs sont à tous les étages. Contre les bourreaux, contre les tortionnaires, contre les massacreurs, j’ai voulu défendre la victime.»

Source : André Moufflet, «Avant-propos», dans Contre le massacre de la langue française, Toulouse et Paris, Privat et Didier, 1930, cité dans Maria Candea et Laélia Véron, Le français est à nous ! Petit manuel d’émancipation linguistique, Paris, La Découverte, coll. «Cahiers libres», 2019, 238 p., p. 74.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Le niveau baisse ! (1725)

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«From the Civil War to this present Time, I am apt to doubt whether the Corruptions in our Language have not at least equalled the Refinements of it… most of the Books we see now a-days, are full of those Manglings and Abbreviations. Instances of this Abuse are innumerable : What does Your Lordship think of the Words, Drudg’d, Disturb’d, Rebuk’t, Fledg’d, and a thousand others, every where to be met in Prose as well as Verse ?» (lettre de Jonathan Swift à Robert, Earl of Oxford, 1725).

Source : David Shariatmadari, «Why It’s Time to Stop Worrying About the Decline of the English Language», The Guardian, 15 août 2019.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture