(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit une première phrase, tirée d’un éditorial de presse :
C’est pourtant la voie qu’a choisie le ministère de la Santé et des Services sociaux en publiant, le 16 décembre dernier, un avis enjoignant aux enseignants, aux bibliothécaires et aux libraires à bannir le roman Le garçon aux pieds à l’envers : Les chroniques de Saint-Sévère, de l’auteur François Blais.
Soit une seconde, dans un (excellent) ouvrage sur le français :
Le livre cite des femmes célèbres dans tous les domaines (les arts, la morale mais aussi la guerre) et exalte leurs pouvoirs intellectuels en les enjoignant à sortir de leur dépendance aux hommes grâce à l’éducation.
Un seul verbe, enjoindre, pour deux constructions : enjoindre à quelqu’un à faire quelque chose; enjoindre quelqu’un à faire quelque chose.
Les deux constructions sont fautives, ainsi que le rappelle le gouvernement du Canada; il aurait fallu enjoindre à quelqu’un de faire quelque chose.
Donc :
enjoignant aux enseignants, aux bibliothécaires et aux libraires de bannir;
leur enjoignant de sortir.
À votre service.
P.-S.—C’est Gilles Marcotte qui n’aurait pas été content.