Facile à démêler

«Mêlant», dans une publicité de BMO

Soit les trois phrases suivantes :

«C’est pas mêlant, on dirait que tout le monde à Dallas occupe ses loisirs en tripotant des bambins» (Document 1, p. 15).

«C’est pas mêlant, ça me rend malade» («Le crime ne paie pas», p. 32).

«C’est pas mêlant, je l’aurais étampé» (le Chemin d’en haut, p. 115).

Pas mêlant, donc, dans le français populaire du Québec.

Définition d’Usito : «C’est certain, indiscutable; […] à l’évidence.»

À votre service.

P.-S.—Inversement : «on peut comprendre que ce soit mêlant, parfois» (À boutte, p. 56).

 

Références

Blais, François, Document 1. Roman, Québec, L’instant même, 2012, 179 p.

Chabot, J. P., le Chemin d’en haut. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 171, 2022, 224 p.

Chassay, Jean-François, «Le crime ne paie pas», dans les Lieux du combat. Nouvelles, Montréal, Leméac, 2019, 179 p., p. 25-33, p. 32.

Grenier, Véronique, À boutte. Une exploration de nos fatigues ordinaires, Montréal, Atelier 10, coll. «Documents», 2022, 82 p. Ill.

Autopromotion 769

L’Inconvénient, 97, été 2024, couverture

La revue l’Inconvénient vient de publier son plus récent numéro (numéro 97, été 2024). On y trouve un dossier consacré à «L’impératif sportif». L’Oreille tendue y cause. (Merci de l’invitation.)

Tables des matières du dossier

Benoît Melançon, «Confession d’un fan», p. 8-10. https://id.erudit.org/iderudit/106165ac

Martine Béland, «La fille à la queue de cheval. Réflexions sur la course, les femmes et un romancier japonais», p. 11-16

Pierre-Marc Asselin, «La ligue des Jambons», p. 17-21

Isabelle Tibi, «Porter le flambeau», p. 22-27

Gabriel Bergeron-Poulin, «Le baseball au pied du mont Royal», p. 28-31

Florence-Agathe Dubé-Moreau, «Au-delà du jeu. Dans les coulisses du sport professionnel», p. 32-36

Alain Deneault, «La fable du sport-spectacle», p. 37-40

Sarah-Louise Pelletier-Morin, «Fragments sur le sport», p. 41-43

N’en soyez pas un, si possible

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, 2020, couverture

L’échelle de la bêtise, dans le français populaire du Québec, ne manque pas de barreaux; on en a déjà vu plusieurs exemples.

Ajout du jour : le taouin, en ses deux graphies (au moins).

Le Wiktionnaire le donne comme synonyme de jigon, tarla et toton, en deux graphies : taouin, tawin. Ce n’est pas un compliment.

Étienne Tremblay (p. 234) et Fabien Cloutier (p. 85) optent pour la première.

Yan Hamel (p. 72) et le Québec Redneck Bluegrass Project (p. 52), pour la seconde.

C’est comme ça.

 

Références

Cloutier, Fabien, l’Allégorie du tiroir à ustensiles. Chroniques et monologues pour se replonger dans les années 2018-2022, Montréal, Lux éditeur, 2022, 224 p. Dessins de Samuel Cantin.

Hamel, Yan, Paris en miettes, Montréal, Boréal, coll. «Liberté grande», 2023, 205 p. Ill.

Québec Redneck Bluegrass Project, J’ai bu, Spectacles Bonzaï et Québec Redneck Bluegrass Project, 2020, 239 p. Ill. Avec un cédérom audio.

Tremblay, Étienne, le Plein d’ordinaire. Roman, Montréal, Les Herbes rouges, 2023, 315 p.

L’oreille tendue de… François Hébert

François Hébert, Pour orienter les flèches, 2002, couverture

«Je tends l’oreille, comme un élastique. Au bout, des paysages m’apparaissent.
Chaque matin, je débarque sur la lune.»

François Hébert, Pour orienter les flèches. Notes sur la guerre, la langue et la forêt, Montréal, Trait d’union, coll. «Échappées», 2002, 221 p., p. 72.

Lançons-nous

Anne-Marie Beaudoin-Bégin, la Langue rapaillée, 2015, couverture

Le Petit Robert (édition numérique de 2018) connaît deux sens du mot garrocher, propre à la langue familière du Québec : lancer; se précipiter.

Lancer ? Exemple en titre de chronique : «De l’art de garrocher un livre» (le Romancier portatif, p. 89-92).

Se précipiter ? Exemple poétique chez Marie-Hélène Voyer ici. Exemple en prose : «on s’est tous garrochés» (Des histoires d’hiver, p. 10).

Ajoutons un troisième sens, proche du premier : jeter, voire se débarrasser de. Exemple romanesque : «Si j’avais deux cent mille de plus à garrocher en rénovations pis dix ans de ma vie à mettre là-dedans» (Arvida, p. 257).

Le mot a déjà cours au XIXe siècle, mais en un usage un brin différent : «Une gang s’est mise après moi et ils m’ont garoché avec des cailloux» (les Mystères de Montréal, p. 45).

À votre service.

P.-S.—Garocher ou garrocher ? Anne-Marie Beaudoin-Bégin propose une mise au point utile dans la Langue rapaillée (p. 60-62).

 

Références

Archibald, Samuel, Arvida. Histoires, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 04, 2011, 314 p. Ill.

Beaudoin-Bégin, Anne-Marie, la Langue rapaillée. Combattre l’insécurité linguistique des Québécois, Montréal, Somme toute, coll. «Identité», 2015, 115 p. Ill. Préface de Samuel Archibald. Postface de Ianik Marcil.

Berthelot, Hector, les Mystères de Montréal par M. Ladébauche. Roman de mœurs, Québec, Nota bene, coll. «Poche», 34, 2013, 292 p. Ill. Texte établi et annoté par Micheline Cambron. Préface de Gilles Marcotte.

Dickner, Nicolas, le Romancier portatif. 52 chroniques à emporter, Québec, Alto, 2011, 215 p.

Robitaille, Marc, Des histoires d’hiver avec encore plus de rues, d’écoles et de hockey. Roman, Montréal, VLB éditeur, 2013, 180 p. Ill.