Accouplements 195

Statue de Daniel Boone par Enid Yandell, 1904, photo déposée sur Wikimedia Commons

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Grenier, Daniel, l’Année la plus longue. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 10, 2015, 422 p.

«Me trouvant sans ressource, après avoir dissipé mon patrimoine, je fus trop heureux de trouver du service comme simple engagé dans les milices du capitaine Daniel Boone […]» (p. 306).

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 11 novembre 2015.

Bernard, Christophe, la Bête creuse. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 14, 2017, 716 p.

«Yannick s’était demandé duquel de ses deux yeux l’ami de la famille pouvait bien parler, le brun ou le bleu, et il s’était amusé à l’idée qu’il aurait pu tirer l’ermite là dans le bois, avec son casque de Daniel Boone et ses mocassins» (p. 558).

Nicol, Patrick, J’étais juste à côté. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 176, 2022, 192 p.

«Daniel Boone, c’est son nom !» (p. 149)

 

Illustration : Statue de Daniel Boone par Enid Yandell, 1904, photo déposée sur Wikimedia Commons

Le zeugme du dimanche matin et de Patrick Nicol

Patrick Nicol, J’étais juste à côté, 2022, couverture

«Quelqu’un a composé ça. Un homme, constitué des mêmes molécules que Pierre, et qui malgré ses moyens limités est arrivé à écrire cette musique, qui suppose pour son exposition l’effort conjugué de ces blonds, de ces bouclées, de tous ces muscles et de tout ce bois. Une œuvre.»

Patrick Nicol, J’étais juste à côté. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 176, 2022, 192 p., p. 140.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Le niveau baisse ! (2022)

Patrick Nicol, J’étais juste à côté, 2022, couverture

(«Le niveau baisse !» est une rubrique dans laquelle l’Oreille tendue collectionne les citations sur le déclin [supposé] de la langue. Les suggestions sont bienvenues.)

 

«Quelqu’un — peu importe qui — fait une observation sur le français chez les jeunes et Jacques s’enflamme, Y a plus personne qui parle français comme du monde. Comment tu veux que les jeunes apprennent à écrire ?»

Source : Patrick Nicol, J’étais juste à côté. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 176, 2022, 192 p., p. 87.

 

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

De quoi ?

Portrait d'Annie Ernaux par Niklas Elmehed, 2022

Le français du Québec connaît les sens de de quoi en français de référence : faute de quoi, il n’y a pas de quoi rire, etc.

S’ajoute à ces sens celui de quelque chose : «On fera de quoi en fin de semaine» (Françoise en dernier, p. 152); «Elle ouvre la bouche, se préparant à dire de quoi, mais n’y parvient pas» (J’étais un héros, p. 13).

Ce de quoi québécois peut aussi laisser entendre que l’on est touché : «Apprendre que le prix Nobel a été remis à Annie Ernaux, ça m’a fait de quoi.»

Il n’y a pas de quoi.

P.-S.—On ne confondra pas de quoi et de quessé.

 

Références

Bienvenu, Sophie, J’étais un héros. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2022, 161 p.

Grenier, Daniel, Françoise en dernier. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 16, 2018, 217 p.

Au corps

Sophie Bienvenu, J’étais un héros, 2022, couverture

Comment, dans le français populaire du Québec, exprimer qu’on ne sait pas ? Fouille-moi pourquoi.

Trois exemples, le premier journalistique, les deux autres, romanesques.

«Ils appellent ça, fouille-moi pourquoi, un centre d’achats de vie urbaine, en anglais lifestyle center» (la Presse, 7 janvier 2012, p. A5).

«Il tire une flûte de son sac d’école, il se trémousse pour faire oublier qu’il joue comme un pied, et fouille-moi pourquoi, les clients se ruent dans sa direction» (les Aurores montréales, p. 77-78).

«Fouille-moi pourquoi Miche trouve pertinent de me parler de son enfance de schnoutte, vingt-quatre heures après ma sortie de l’hôpital» (J’étais un héros, p. 19).

On voit aussi, tout simplement, fouille-moi : «Qu’est-ce que ce chien t’a dit, Pacha ? — Fouille-moi… Je ne parle pas caniche» (la Presse, 20 mai 2001).

Ce n’est pas plus clair.

 

Références

Bienvenu, Sophie, J’étais un héros. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2022, 161 p.

Proulx, Monique, les Aurores montréales. Nouvelles, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 85, 2016, 238 p. Édition originale : 1996.