Tataouinage baseballistique

Baseball, dessin de presse, 1901

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du jour : «De nouvelles tactiques, comme la multiplication des releveurs, ont ralenti le rythme du jeu. Mais le vrai coupable, c’est le tataouinage.»

Elle demande deux explications.

Les tactiques dont il est question sont celles des joueurs de baseball. Elles ont pour effet d’allonger indûment les matchs. La direction des ligues majeures vient d’imposer de nouvelles règles pour y mettre fin.

Le tataouinage, dans le français populaire du Québec, désigne le fait de prendre trop de temps, de ralentir une action, de perdre et de faire perdre son temps. Pierre Corbeil parle de «complication inutile» (p. 37); Léandre Bergeron, de «niaisage» (p. 481).

À votre service.

 

P.-S.—Oui, on peut dire des personnes qui tataouinent qu’elles brettent.

P.-P.-S.—Le Fichier lexical du Trésor de la langue française au Québec propose 33 citations comportant tataouinage.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Corbeil, Pierre, Canadian French for Better Travel, Montréal, Ulysse, 2011 (troisième édition), 186 p. Ill.

Accouplements 202

(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 2012, pendant les grèves étudiantes, la façade du siège social d’Hydro-Québec, à Montréal, avait arboré un message d’appui à leur cause : «Les étudiants, ici, / on en a rien / à crisser !»

Façade de l’édifice d’Hydro-Québec, 2012

L’Oreille tendue a déjà évoqué cet épisode du Printemps érable par là, tant l’absence de négation que la présence d’un juron, crisser.

Rebelote hier soir. Des opposants à la transformation d’un édifice montréalais en hôtel y ont projeté un message, sacre à l’appui : «Des CPE câlisse.»

Façade du 1, Van Horne, Montréal, 16 février 2023

Il est incontestable qu’il s’agit d’édifices québécois.

 

(Merci à @noradelamontagn pour la photo.)

 

P.-S.—En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille parle de murs; voyez ceci.

Pronom hockeyistique

Publicité de la Banque Scotia en faveur de la diversité dans le hockey, comportant le pronom iel.

En 2021, les dictionnaires Le Robert ont ajouté à leur nomenclature le pronom iel. Tout le monde n’avait pas apprécié. L’Oreille tendue en avait parlé à la radio.

Hier soir, elle regardait un match des Canadiens de Montréal — c’est du hockey — quand elle est tombée sur la publicité dont l’image ci-dessus est tirée.

La Banque Scotia souhaite lutter contre plusieurs aspects de la culture du hockey au Canada, notamment son manque de diversité. Pour ce faire, elle évoque l’ouverture envers diverses communautés (les homosexuels, les jeunes filles, les «communautés culturelles», les Premières nations, etc.), notamment celles où iel se pratique.

Il y a un chroniqueur qui ne doit pas être content.