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André Belleau, Surprendre les voix, éd. de 2016, couverture

L’Oreille tendue a fait son devoir (de littérature). Ça s’intitule «Quel français pour le Québec de 2024 ?» et ça paraît dans le quotidien le Devoir aujourd’hui. Il s’agit de relire (une fois de plus) André Belleau.

«Une fois de plus» ? En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille réfléchit aux questions de langue chez cet essayiste.

 

Références

Melançon, Benoît, «Le statut de la langue populaire dans l’œuvre d’André Belleau ou La reine et la guidoune», Études françaises, 27, 1, printemps 1991, p. 121-132. https://doi.org/1866/28657

Melançon, Benoît, «Quel français pour le Québec de 2024 ?», le Devoir, 16-17 novembre 2024, p. B11. https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de/823813/quel-francais-quebec-2024

Melançon, Benoît, «Sur un adage d’André Belleau», Études françaises, 56, 2, 2020, p. 83-96. https://doi.org/1866/28559

Les zeugmes du dimanche matin et de Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Odette déambule sur ses talons hauts qui lui font perdre l’équilibre mais jamais le sourire, droit et blanc, qui ne quitte pas son visage» (p. 85).

«Les voix forment un tissu enveloppant qui remplit les temps morts des conversations, on passe d’une discussion à une autre, change de place pour quitter un sujet ennuyeux ou un vieil oncle sourd, on parle à une belle-sœur qu’on n’a pas vue depuis un an» (p. 89).

«l’œuvre pontificale distribuait dans les villages des portraits de jeunes enfants et des miettes de supériorité morale» (p. 127).

«On les fait entrer. Zoey traverse le corridor en silence, et dépose son sac au fond de sa case. Justine Picard parle fort, énumère les cadeaux qu’elle a reçus, évoque les destinations rocambolesques qu’ont choisies ses parents pour se faire griller la couenne au soleil, dévoile son bronzage et ses souvenirs de voyage, elle sort de son sac une tortue colorée qui bouge la tête» (p. 405).

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Aux parapluies !

Charlotte Aubin, Toute ou pantoute, 2024, couverture

Soit les vers suivants, tirés du recueil de poésie Toute ou pantoute :

il mouille à siaux
j’aurais voulu l’anticiper
avant d’en avoir la certitude (p. 12).

Ces siaux sont des seaux, voire des chaudières.

Quand il mouille à siaux, dans le français populaire du Québec, c’est qu’il tombe des trombes d’eau. Protégez-vous.

Synonyme : «Il pleut à boire debout […]» (Amiante, p. 179).

À votre service.

 

Références

Aubin, Charlotte, Toute ou pantoute. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 87 p. Ill.

Dulude, Sébastien, Amiante, Saguenay, La Peuplade, 2024, 209 p. Ill.

Les zeugmes du dimanche matin et d’Éric Chacour

Éric Chacour, Ce que je sais de toi, 2023, couverture

«Ils venaient avec leurs formules convenues et quelques souvenirs de ton père soigneusement dépoussiérés pour l’occasion, jugeaient intérieurement de votre état d’accablement. Ils scrutaient le sillon obscur creusé sous vos yeux par la fatigue, le frémissement s’emparant de vous au moment où ils prononçaient le nom du défunt, puis repartaient avec le goût mêlé des pâtisseries à la pistache et du devoir accompli» (p. 22-23).

«Faire le ménage, la cuisine, la lessive, les courses, des courbettes à sa patronne et du thé aux invités. Faire attention aux franges du tapis et aux verres en cristal. Faire le moins de bruit possible» (p. 176).

«Je pris mon air le plus détaché, elle son calepin» (p. 213).

«Elle avance dans les couloirs du Royal Vic en poussant son chariot et parfois quelques jurons» (p. 249).

Éric Chacour, Ce que je sais de toi, Québec, Alto, 2023, 289 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’art des portraits contrastés

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Le plus vieux des Lamontagne [Gilles] est un monsieur maigre qu’on ne devinerait jamais parent de Roch; sans l’arc épais de leurs sourcils, personne ne pourrait se douter que ce sont des frères. Roch a la constitution majestueuse des Lamontagne, c’est une formidable montagne de chair, au visage plein, bourru et tendre, à la peau mate. Ses cheveux sont tellement noirs qu’ils tirent sur le bleu, ils sont aussi épais qu’un casque de bain, et ont la même forme. Son impressionnante moustache semble avoir une vie indépendante, aussi active qu’un mulot qui aurait élu domicile sous son nez. Même en sortant de la douche, Gilles sent la cigarette. Sa peau est terne, desséchée, ses cheveux gris tirant sur le jaune sont peignés vers l’arrière, dans une coupe vaguement disco qui sert à camoufler sa calvitie de fond de tête. Le corps minuscule de l’aîné est tendu, stressé, torturé par des nerfs mal accordés, noués trop serrés. Sa sueur colle, laisse sur les objets qu’il touche une trace de goudron.»

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p., p. 77.