«On ne les voit pas, ces images, mais pour peu que l’on tende l’oreille, les mots et les musiques déclenchent nos projecteurs» (le Devoir, le D magazine, 21-22 mars 2020, p. 18).
La clinique des phrases (tt)
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit la brève suivante, tirée d’un quotidien montréalais :
Pour appuyer la croissance d’Exprolink dans le secteur de l’électrification des transports, le Fonds de solidarité FTQ investit 3 millions de dollars dans Exprolink, une entreprise de Longueuil active dans le secteur de l’électrification des transports.
On pourrait juger cette phrase un brin répétitive.
Allégeons :
Le Fonds de solidarité FTQ investit 3 millions de dollars dans Exprolink, une entreprise de Longueuil active dans le secteur de l’électrification des transports, pour appuyer sa croissance.
À votre service.
La clinique des phrases (ss)
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit le tweet suivant :
Crise des opioïdes aux États-Unis : près de 100.000 décès non recensés. Les overdoses par opiacés sont désormais la première cause de mortalité chez les jeunes, après les décès par armes à feu et les accidents de voitures.
Calculatrice à la main, l’Oreille tendue en arrive à ceci :
Crise des opioïdes aux États-Unis : près de 100 000 décès non recensés. Les overdoses par opiacés sont désormais la troisième cause de mortalité chez les jeunes, après les décès par armes à feu et les accidents de voitures.
À votre service.
La clinique des phrases (rr)
(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)
Soit les deux phrase suivantes, tirées d’un quotidien montréalais :
Même si tout a été fait dans les règles, préciser que Charles Sirois est un ami personnel de M. Legault et le cofondateur de la CAQ pouvait sans doute faire croire à certains qu’Investissement Québec lui avait accordé un traitement de faveur en injectant 5 millions dans une entreprise dont il est le principal actionnaire, mais on aurait crié à la complaisance si cette information avait été omise.
À l’époque où elle était dans l’opposition, la CAQ aurait déchiré sa chemise si l’entreprise avait appartenu à un ami personnel de Jean Charest ou de Philippe Couillard.
L’Oreille a beau se tâter, en tout bien tout honneur, elle ne voit pas comment un ami pourrait ne pas être personnel.
Suggestions :
Même si tout a été fait dans les règles, préciser que Charles Sirois est [au choix : un ami, un proche, un intime, un ami proche, un ami intime] de M. Legault et le cofondateur de la CAQ pouvait sans doute faire croire à certains qu’Investissement Québec lui avait accordé un traitement de faveur en injectant 5 millions dans une entreprise dont il est le principal actionnaire, mais on aurait crié à la complaisance si cette information avait été omise.
À l’époque où elle était dans l’opposition, la CAQ aurait déchiré sa chemise si l’entreprise avait appartenu à [au choix : un ami, un proche, un intime, un ami proche, un ami intime] de Jean Charest ou de Philippe Couillard.
À votre service.
P.-S.—En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille tape sur ce clou.
P.-P.-S.—L’article s’ouvre sur une citation de Voltaire.
Chronique d’un moratoire annoncé
Ceci, dans le Devoir du jour : «Chronique d’un fiasco annoncé.»
En voyant ce titre, l’Oreille tendue, qui aime assez les moratoires, même non suivis d’effets, s’est souvenue d’une suggestion d’un de ses lecteurs : «Pour un éventuel complément à votre entrée de L’oreille tendue, voici une autre formule toute faite souvent vue et lue dans les titres : “Chronique d’une [quelque chose] annoncée”, d’après García Márquez, cette fois. Celle-là, elle m’agace particulièrement…»
En effet.
«Chronique d’une invasion annoncée en Syrie» (le Devoir, 4 novembre 2019).
«Éducation. Chronique d’une crise annoncée» (le Devoir, 29 août 2019, p A1).
«Baleines. Chronique d’une mort annoncée» (la Presse+, 28 juillet 2019).
«Chronique d’un suicide annoncé» (le Devoir, 2 août 2017, p. B7).
Pitié pour Gabriel García Márquez, svp.
[Complément du 5 avril 2022]
Une autre louche ?
«Chronique d’une crise migratoire annoncée» (la Presse+, 4 avril 2022).
«Chronique d’une mort annoncée» (la Presse+, 3 septembre 2021).
«Chronique d’un départ annoncé. “Le party était terminé”» (la Presse+, 24 mai 2020).
«Reportage diffusé ce matin à Désautels le dimanche. Montréal-Nord, chronique d’une tragédie annoncée» (Twitter, 3 mai 2020).
«Covid-19 ou la chronique d’une émergence annoncée» (Collège de France).
[Complément du 15 mai 2023]
Avec ce romancier, une extension du domaine du moratoire est à envisager.
Il y a la chronique annoncée, certes.
«Chronique d’une mort annoncée pour une pionnière» (la Presse+, 1er mai 2023).
«Gironde, chronique d’un désastre annoncé» (Paris match, 31 juillet 2022).
«Chronique d’un drame annoncé» (la Presse+, 16 avril 2022).
Mais il y a aussi l’amour au(x) temps du x (comme dans l’Amour aux temps du choléra, 1985).
Anouar Benmalek, l’Amour au temps des scélérats (2023).
Sans oublier x ans de solitude (comme dans Cent ans de solitude, 1967).
«Cuba : soixante ans de solitude» (la Presse+, 15 mai 2023).
Ça commence à faire beaucoup pour un seul homme.
[Complément du 28 mai 2024]
Sans surprise, on trouve le même tic en espagnol. (Merci à Luc Jodoin.)