Les zeugmes du dimanche matin et de Laurent Mauvignier

Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit, 2020, couverture

«Il s’assied tous les soirs, à l’heure du repas, dans la cuisine de son enfance, et, même entièrement refaite, on n’y peut rien, rien ne change dans le secret du temps, il ne suffit pas de rénover, retaper, cacher sous la peinture et la modernité, il y a toujours, qui affleurent, des relents d’une époque qu’on voudrait oublier» (p. 83).

«[…] oui, il arrive qu’on soit soulagé de la fermeture d’une usine, comme celle-ci où on a fabriqué pendant plus de quarante ans des plaques ondulées en fibrociment pour les bâtiments agricoles et des raccords de tuyauteries, mais surtout des cancers, et, pour ceux qui n’en sont pas morts, des dépressions liées à la peur de l’amiante, de vivre avec cette saloperie en soi» (p. 186).

«Et tout ça pour faire quoi de mieux, quoi de plus que venir s’enterrer dans un bled pourri du centre de la France, au milieu de rien, de champs suintant le pesticide et le cancer, l’ennui, la désertification et le ressentiment ?» (p. 577)

Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit, Paris, Éditions de Minuit, 2020, 634 p.

 

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Les zeugmes du dimanche matin et de Germaine Guèvremont

Germaine Guèvremont, le Survenant, éd. de 1954, couverture

«On eût dit que, sous la main de la bru, non seulement la maison des Beauchemin ne dégageait plus l’ancienne odeur de cèdre et de propreté, mais qu’elle perdait sa vertu chaleureuse» (p. 12).

«Fort, sanguin, engoncé dans sa graisse et dans la satisfaction de sa personne, [Pierrre-Côme Provençal] occupait la moitié du banc» (p. 74).

Germaine Guèvremont, le Survenant. Roman, Paris, Plon, 1954, 246 p. Suivi d’un «Vocabulaire». Édition originale : 1945.

 

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Les zeugmes du dimanche matin et d’Anne Hébert

Anne Hébert, Kamouraska, éd. de 1973, couverture

«Ramener la Petite à la maison, la sortir du déshonneur et de la prison» (p. 47).

«J’habite la fièvre et la démence, comme mon pays natal» (p. 115).

«Je voudrais effacer de toi, à jamais, ce temps où je n’existe pas, ce monde fermé de garçons, de messes et de latin» (p. 150).

«Sacrifiant sa longue chevelure noire et ce vague pressentiment d’humaine douceur dans son cœur enfantin» (p. 170).

«Qu’Antoine demeure à jamais enfoui, inerte, cuvant son vin et son affront, dans son manoir de Kamouraska» (p. 183).

«Victoire Dufour déploie un tablier, de plus en plus vaste et bleu» (p. 218).

Anne Hébert, Kamouraska. Roman, Paris, Seuil, 1973, 249 p. Édition originale : 1970.

 

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Les zeugmes du dimanche matin et de Jacques Ferron

Jacques Ferron, l’Amélanchier, éd. de 1977, couverture

«Par ma mère Etna, ainsi nommée parce qu’elle se fâcha une fois, une seule, mais si fameusement que les jours et les ans, les semaines de résignation, de longanimité et de douceur, ne l’ont pas effacée des mémoires, j’ai deux gouttes de sang irlandais, de la malpropreté et de l’orgueil, je suis de race royale, ce qui n’a jamais été contesté dans le quartier Hochelaga où ma mère a grandi, puînée de trois frères résolus» (p. 21).

«pour semer de nouveau le blé, le mil et la gaudriole» (p. 111).

Jacques Ferron, l’Amélanchier. Récit, Montréal, VLB éditeur, 1977, 149 p. Édition originale : 1970.

 

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Le zeugme du dimanche matin et de Valérie Perrin

Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs, 2018, couverture

«J’avais les automatismes de la sonnerie de la barrière dans la tête. Je l’entendais avant même avant qu’elle retentisse. Cette cadence infernale, on aurait dû la partager, la faire par roulement. Mais la seule chose que Philippe Toussaint faisait rouler, c’était sa moto et le corps de ses maîtresses.»

Valérie Perrin, Changer l’eau des fleurs. Roman, Paris, Albin Michel, 2018. Édition numérique.

 

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