La clinique des phrases (126)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un quotidien montréalais :

Dix ans après son ouverture, la Maison de la littérature de Québec se félicite d’incarner un phare pour le milieu littéraire […].

L’Oreille tendue manque souvent d’imagination. C’est probablement pourquoi elle est incapable de comprendre comment une «Maison de la littérature» pourrait «incarner un phare».

La personne qui a écrit cela fait probablement partie de celles qui croient qu’employer le verbe «être», ce n’est pas bien. (C’est faux.)

Donc :

Dix ans après son ouverture, la Maison de la littérature de Québec se félicite d’être un phare pour le milieu littéraire […].

À votre service.

Des histoires de famille

Victor-Lévy Beaulieu, Ma Chine à moi, 2021, couverture

Soit la phrase suivante, tirée du livre Ma chine à moi (2021), du Québécois Victor-Lévy Beaulieu : «ça sent le roussi, ça sent le lard de cochon oublié sur le rond d’un poêle à bois parti en peur par temps de verglas, ça sent le grand-père gardé trop longtemps dans son brûlant sirop d’érable» (p. 98).

Évoquant ce «grand-père», l’auteur des Grands-pères (1971) parle-t-il d’un aïeul ? Non, ainsi que le rappelle utilement le dictionnaire numérique Usito : le grand-père, en cuisine québécoise, est un «Dessert constitué d’une boule de pâte cuite dans un liquide bouillant (eau, sirop d’érable, bouillon, etc.).»

À votre service.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 10 novembre 2025.

 

Référence

Beaulieu, Victor-Lévy, Ma Chine à moi. Candiderie, Paroisse Notre-Dame des Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2021, 306 p. Ill.

Accouplements 269

Annotation par Gilles Marcotte d’un ouvrage de Jean Marcel

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Pourquoi Hector Fabre rassemble-t-il ses Chroniques en 1877 ?

Notre littérature est en pleine floraison. Chaque saison voit naître un ouvrage nouveau, prose ou vers. Autour de moi. mes confrères se relisent, se recueillent et font réimprimer leurs écrits. Qu’est-ce à dire ? Il y a donc des lecteurs au Canada, et même des acheteurs ? L’abonné fidèle nous suivrait du journal jusqu’au livre ! Je me pique d’émulation et je veux comme les autres en tenter l’épreuve. Aussi bien mes amis m’y invitent, et, en refusant de me rendre à leurs instances, j’aurais l’air de douter d’eux, autant pour le moins que de moi-même (éd. de 2007, p. 9).

Pourquoi Jean Marcel publie-t-il en 1992 ses Pensées, passions et proses ?

À force d’insistance, l’amitié bienveillante de certains a eu raison de ma réticence à réunir en recueil les textes qu’on va lire (p. 9).

Qu’est-ce qui unit ces deux déclarations de joug amical ?

En 2007, Gilles Marcotte a réédité les Chroniques de Fabre. Vers 1995, le même Marcotte avait offert à l’Oreille tendue son exemplaire du recueil de Jean Marcel et lui avait dit, sourire en coin, que ses amis à lui n’étaient pas aussi insistants. Il avait aussi annoté son exemplaire.

 

Références

Fabre, Hector, Chroniques, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact classique», 189, 2007, 302 p. Postface, chronologie et bibliographie de Gilles Marcotte.

Marcel, Jean, Pensées, passions et proses. Essais, Montréal, L’Hexagone, coll. «Essais littéraires», 13, 1992, 399 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Victor-Lévy Beaulieu

Victor-Lévy Beaulieu, Ma Chine à moi, 2021, couverture

«Je savais qu’il y avait une pelle ronde dedans, une masse et un coin de fer. Que j’avais hâte de les prendre à bras-le-corps et d’aller me cacher derrière de bouquet de cèdres qui me protégerait de la chaleur et de mes parentés !»

Victor-Lévy Beaulieu, Ma Chine à moi. Candiderie, Paroisse Notre-Dame des Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2021, 306 p., p. 99.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 10 novembre 2025.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)