«Celui qui s’érige en gardien de la langue exerce par là une forme d’abus de pouvoir qui va contre la nature et la réalité du langage. Le purisme linguistique, la volonté de conserver à la langue une forme immuable — identifiable en fait à une élite de lettrés — alors que tout l’appelle à changer, est une attitude à la fois irrationnelle et irréaliste.»
Marina Yaguello, Catalogue des idées reçues sur la langue, Paris, Seuil, coll. «Points», série «Point-virgule», V61, 1988, 157 p., p. 95-96.
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Le risque est en effet celui de l’embaumement de la langue (http://www.langue-fr.net/spip.php?article64), autrement dit la mort par fixation.
Pour autant, l’anarchie langagière fait courir le risque de la disparition d’une norme commune. On considère généralement que la tendance au « fixisme » remonte à la première moitié du XIXe siècle : c’est aussi la période qui correspond à la massification de l’instruction primaire. Il fallait bien une règle commune.
Après, tout est question (aujourd’hui) de contexte. On glose parfois sur le style SMS, mais le style télégraphique lui était bien antérieur ! Sans doute faudrait-il donner à la langue française un peu d’air, sauf à voir se creuser l’écart, comme d’antiques sociétés, entre une langue sacrée et une langue… vulgaire (au sens non péjoratif du terme).
Ce cher Victor Hugo ne l’avait-il pas déjà dit ? « C’est en vain que nos Josué littéraires crient à la langue de s’arrêter ; les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent » (Préface de Cromwell*).
* Texte (notamment) accessible ici :
http://www.langue-fr.net/spip.php?article32