Un dimanche après-midi devant le poste

Pub de Tremfya : «Chérie, est-ce qu’on a des assiettes à quelque part ?» «À quelque part» ? Non, jamais : «quelque part» suffit.

Pub de Sonnet : «Vous avez de l’eau dans la cave.» On est toujours le feu de plancher de quelqu’un.

Les Steelers de Pittsburgh — c’est du football américain — jouent mal ? «La chaîne a débarqué.» (Malheureusement, leur chaîne a rembarqué.)

La société Audible annonce un livre audio. Ce n’est pas étonnant. Karine Vanasse, qui fait la publicité, ne prononce pas Audible à l’anglais, mais à la française. Ça, c’est étonnant.

Pub du gouvernement du Québec : «Mais comment le Père Noël facteur va faire pour m’amener mes cadeaux ?» Apporter mes cadeaux, non ?

Pub de Loto-Québec, donc du gouvernement du Québec : «Les câbles, c’est moi qui les a.» Non : «les ai».

Pub de poulet : «Bon, ben, coudonc. On soupe.»

Il faut toujours dire la vérité aux enfants

Lucie Papineau, la Légende de Maurice Richard, 2020, couverture

Ses lecteurs le savent : l’Oreille tendue a consacré beaucoup de temps à Maurice Richard — c’est du hockey. (Voir ici.)

Apprenant la parution de la Légende de Maurice Richard, le petit garçon qui devint le Rocket, un album destiné aux «3 ans et +», signé par Lucie Papineau (aux textes) et Caroline Hamel (aux dessins), elle est donc allée jeter un œil. Elle ne s’attendait évidemment pas à des révélations — elle en a passé l’âge —, mais elle a quand même été étonnée par autant d’erreurs et d’imprécisions en si peu de pages.

La publicité représentée p. 8, celle de Dr Pepper, comporte le slogan «Tree good times»; ce devrait être «Three good times». À la page suivante, il y a «Bigger. Bitter», alors que ce devrait être «Bigger. Better».

En mars 1955, Richard n’est pas suspendu que pour «toute la durée des éliminatoires» (p. 30); il l’est aussi pour les trois derniers matchs de la saison régulière, ce qui le privera du championnat des marqueurs. Le 18 du même mois, quand il s’adresse à ses partisans, à la suite de l’Émeute de la veille, c’est à la radio (p. 31), mais aussi à la télévision.

Il n’est pas nommé au Temple de la renommée du hockey en 1960 (p. 33), mais en 1961. Son chandail, le numéro 9, a été retiré par les Canadiens de Montréal (p. 33), mais pas par toutes les équipes de la Ligue nationale de hockey.

Ça fait un brin désordre, tout ça

 

Référence

Papineau, Lucie, la Légende de Maurice Richard, le petit garçon qui devint le Rocket, Montréal, Auzou, 2020, 35 p. Illustrations de Caroline Hamel.

La bêtise des «cousins»

Soit cette image :

Publicité, Brioche Pasquier

Plusieurs choses y clochent.

Ce que l’on voit au centre de l’écran, en bas, ne s’appelle pas «pancakes» en français du Québec, mais, le plus communément, «crêpes». Dès lors, le mot-clic «#parlerpancake» n’a pas de sens.

Sur la pastille bleue — il y en a quelques autres —, on lit «Je ne veux pas faire mon petit Jean Lévesque.» On attendrait, bien évidemment, «Je ne veux pas faire mon petit Jos Connaissant.»

Au Québec, on n’entendrait pas «les phrases les plus fun», mais «les phrases les plus le fun».

Au centre, on peut taper «Ecris un message en francais [sic]», pour ensuite le «Traduire». Puisque les Québécois francophones parlent français, il s’agirait donc de «traduire» en français… une expression en français.

L’Oreille tendue a fait un test. Elle a tapé «Ce site est mal foutu.» Traduction proposée ? «Sois pas en criss, on jase aussi français nous autres !»

Pour le dire simplement : on est toujours le colon de quelqu’un.

P.-S.—Autre perle, avec «traduction» farfelue et faute d’orthographe.

Publicité, Brioche Pasquier

[Complément du 3 octobre 2020]

Sur Twitter, une lectrice de l’Oreille tendue, plus éveillée qu’elle, lui fait remarquer que l’on a utilisé comme illustration une photo des Rocheuses. Ces montagnes se trouvent à plusieurs milliers de kilomètres du Québec. La totale.

L’art du portrait à rallonge

Lawrence Block, The Burglar Who Painted Like Mondrian, 1983, couverture

«Four more men filled out the audience. One had a round face and a high forehead and looked like a small-town banker in a television commercial, eager to lend you money so that you could fix up your home and make it an asset to the community you lived in. His name was Barnett Reeves. The second was bearded and booted and scruffy, and he looked like someone who’d approached the banker and ask for a college loan. And be turned down. His name was Richard Jacobi. The third was a bloodless man in a suit as gray as hiw own complexion. He had, as far as I could tell, no lips, no eyebrows, and no eyelashes, and he looked like the real-life banker, the one who approved mortgages in the hope of eventual foreclosure. His name was Orville Widener. The fourth man was a cop, and he wore a cop’s uniform, with a holstered pistol and a baton and a memo book and handcuffs and all that great butch gear cops get to carry. His name was Francis Rockland, and I happened to know that he was missing a toe, but offhand I couldn’t tell you which one.»

Lawrence Block, The Burglar Who Painted Like Mondrian. A Bernie Rhodenbarr Mystery, New York, HarperCollins, 2005. Édition numérique. Édition originale : 1983.

Accouplements 154

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

L’Oreille tendue, se remettant (enfin !) au sport télévisé, découvre une publicité d’abord diffusée en anglais en 2019. Une femme y déguste une bière après avoir réussi à retirer son soutien-gorge (sa brassière en français populaire du Québec) sans retirer son chemisier.

Au même moment, l’Oreille relisait le premier roman de Nicholson Baker, The Mezzanine. On y trouve le même geste :

Here was where I made a discovery. An image came to me — Ingres’s portrait of Napoleon. Displacing my tie, I undid a single middle button. Yes, it was possible to get at your underarm by entering the shirt through the gap made by one undone button and then working the stick of antiperspirant up the pleural cavity between T-shirt and shirt until you were able to snag the sleevelet of the T-shirt with a finger and pull it past the seam where your shirtsleeve began, thereby exposing the area you needed to cover. I felt like Balboa or Copernicus. In college I had been amazed to see women take off bras without removing their sweatshirts, by unfastening the rear bra-catch through the material, pushing one sleeve up far enough to slip off one strap, and, after a few arousing shrugs of their shoulders, pulling the whole wriggling thing nonchalantly out of the opposite sleeve. My own antiperspirant discovery had some of the topologically flavor of those bra removals (p. 51-52).

On peut préférer le roman à la publicité.

 

Référence

Baker, Nicholson, The Mezzanine. A Novel, New York, Vintage Books, coll. «Vintage Contemporaries», 1990, 135 p. Paru en français sous le titre la Mezzanine, Paris, Julliard, 1991. Traduction d’Arlette Stroumza.