Néologisme du mois

Portrait de Bernardin de Saint-Pierre

Bernardin de Saint-Pierre, 22 avril 1775 : «Petite pluie fine par grumeaux très féconde. Quand on voir tomber ces pluies, on dit qu’il avrile» (éd. de 2015, p. 140).

 

[Complément du jour]

Grâce à @machinaecrire et au Centre national de ressources textuelles et lexicales, l’Oreille tendue découvre l’existence du blé avrillé / avriller / avriller, «semé en avril».

 

Référence

Bernardin de Saint-Pierre, Voyage en Normandie. 1775, Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. «Lumières normandes», 2015, 231 p. Ill. Texte établi, présenté et annoté par Gérard Pouchain.

Effectuons un moratoire

Périodiquement, du haut de sa tour d’ivoire, l’Oreille tendue essaie, sans le moindre succès, d’imposer des moratoires.

Celui du jour ? Effectuer.

Le domaine sportif en raffole.

Effectuer un retour au jeu ? Revenir au jeu.

Effectuer une feinte ? Feinter.

Effectuer une mise en échec ? Mettre en échec.

Il n’y a pas que lui.

Effectuer un déplacement ? Se déplacer.

Effectuer une mineure en philosophie ? Faire une mineure.

Effectuer un vol ? Voler.

Effectuer une recherche ? Chercher.

Effectuer un dépouillement ? Dépouiller.

Effectuer un partage ? Partager.

L’Oreille se sent déjà mieux. Merci pour elle.

P.-S.—Ce n’est pas la première fois que l’Oreille vitupère ce verbe. Voir ici, et, bien sûr, de ce côté.

P.-P.-S.—Faire est un verbe tout à fait fréquentable, comme le sont avoir et être. Suivons dès lors la recommandation de la cinquième édition du Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers, à l’entrée effectuer : «S’il s’agit d’une action simple, on préférera le verbe faire

La clinique des phrases (m)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les deux phrases suivantes :

«Le rose des temps se veut un roman ambitieux.»

Son auteure «explique qu’elle a voulu écrire “un roman altermoderne”, un courant récent qui se veut une réponse à la perte de sens de l’époque postmoderne.»

Peut-on se défaire des deux se vouloir ? Évidemment.

«Le rose des temps est un roman ambitieux.»

Son auteure «explique qu’elle a voulu écrire “un roman altermoderne”, un courant récent qui est une réponse à la perte de sens de l’époque postmoderne.»

On l’aura compris : l’Oreille tendue n’apprécie pas se vouloir et ne voit pas de mal à utiliser être.

À votre service.

Helvético-québécisme du jour

Ceci, via l’ami @bauer_olivier :

Festival Pully-Lavaux, affiche, 2016De quoi s’agit-il ? Explication tirée du site de l’événement :

Fondé en 1996, le festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec est la plus grande scène européenne de musique francophone d’Amérique du nord.

Cette 11e édition sera l’occasion de fêter un anniversaire plein de belles surprises. Avec l’appui de la commune de Pully, le festival agrandit ses infrastructures afin d’accueillir dans les meilleures conditions possibles le nombre de ses visiteurs qui est, à chaque nouvelle édition, en constante augmentation. Nombre d’artistes québécois confirmés, ainsi que d’autres qui seront la relève de demain, ont déjà assuré le festival de leur venue à l’occasion de ce 20e anniversaire.

Ça toffe !, donc : Ça dure ! ou Ça continue !, en passant par l’anglais tough.

L’Oreille tendue, spontanément, aurait écrit On toffe ! Il est vrai qu’elle n’est pas suisse.