Six détestations du lundi matin

1. Quitter employé sans complément. «Je dois quitter.»

2. S’attarder sur un sujet. «Je voudrais bien m’attarder sur ce sujet, mais je dois quitter.» (Non : s’attarder, c’est «Se mettre en retard» ou «Ne pas avancer, ne pas progresser normalement».)

3. La féminisation automatique. «Je voudrais bien m’attarder sur le sujet des Québécois et des Québécoises, mais je dois quitter.»

4. Faire en sorte. «Je voudrais bien m’attarder sur le sujet des Québécois et des Québécoises, mais je dois quitter, pour faire en sorte d’arriver à temps au salon funéraire.»

5. Décéder. «Je voudrais bien m’attarder sur le sujet des Québécois et des Québécoises, mais je dois quitter, pour faire en sorte d’arriver à temps au salon funéraire, parce que mon beau-frère est décédé.» (Non : les gens meurent.)

6. Problématique. «Je voudrais bien m’attarder sur le sujet des Québécois et des Québécoises, mais je dois quitter, pour faire en sorte d’arriver à temps au salon funéraire, parce que mon beau-frère est décédé. C’est ma problématique aujourd’hui.»

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19 réponses sur “Six détestations du lundi matin”

  1. Une petite précision pour le point 6, les gens ne meurent plus, ils partent ou nous quittent, c’est ce que j’entends régulièrement autour de moi. Cet usage du verbe quitter peut causer des malaises au bureau lorsqu’on apprend qu’Untel a nous a quitté, nous ne savons plus s’il est mort ou s’il est parti travailler pour un concurrent.
    Bonne journée

    1. Le verbe existe et il s’applique aux humains. Cependant, comme le note le Petit Robert (édition numérique de 2007), son usage est circonscrit : «Employé surtout dans l’Administration ou par euphémisme, au passé composé et au participe passé.» Décéder a donc une vocation administrative; l’Oreille tendue n’a évidemment aucune objection. En revanche, elle rechigne devant l’euphémisation, ce trait bien caractéristique de notre époque : décéder n’est pas moins douloureux que mourir. De plus, il lui paraît que les utilisateurs de décéder ont recours à ce mot car ils le croient d’un niveau plus recherché que mourir. Ce n’est pas le cas : on ne parle pas mieux quand on dit décéder plutôt que mourir.

  2. « décéder » comme euphémisme est très pratique pour parler de la mort devant un enfant qui n’a pas encore trop compris que les gens (et les poulets) finissent tous par mourir. Lorsqu’il comprend le sens du mot, il est assez vieux pour affronter l’idée de la mort (des poulets et des gens qu’il ne connaît pas trop).

  3. J’aurais quelque chose à ajouter pour le « faire en sorte »: trop souvent, on entend « faire QU’en sorte que »… Ça me donne la chair de poule!
    En tout cas, votre site, je l’adore! Merci beaucoup!

  4. Tant d’erreurs!

    1- S’attarder

    S’attarder : s’arrêter, rester en arrière. Les promeneurs se sont attardés devant la vieille église.
    S’attarder : prendre son temps, rester longtemps à faire quelque chose. Les enfants s’attardaient en revenant de l’école.
    TRANSITIF DIRECT
    RARE – Mettre (quelqu’un, quelque chose) en retard, retarder. Attarder le départ. Ma mère a tellement attardé mon frère qu’il a manqué son train.
    -Source : Antidote

    a.  Rester longtemps quelque part. Laurence et Julien se sont attardés au parc : leur maman était inquiète.
    b.  Perdre son temps à faire quelque chose. Elle s’est attardée à vérifier et à revérifier les données. Il s’attarde sur cette étude.

     Ne pas confondre avec le verbe s’attacher, s’intéresser à quelque chose.
     À la forme pronominale, le verbe se construit avec les prépositions à, sur.
     Le participe passé de ce verbe, qui n’existe qu’à la forme pronominale, s’accorde toujours en genre et en nombre avec son sujet. Elles se sont attardées au restaurant.
    -Source : Multidictionnaire de la langue française 5e édition

    2- Faire en sorte
    Avec les mêmes sens, on trouve également la locution faire en sorte de, qui introduit un verbe à l’infinitif; on emploie l’infinitif plutôt que l’indicatif ou le subjonctif lorsque le sujet de la principale fait l’action du verbe de la subordonnée.
    Exemples :
    – Faites en sorte de ne pas arriver en retard!

    Source – OQLF (https://goo.gl/KCKYDr)

    3- Décéder
     Ce verbe n’est généralement pas employé lorsqu’il s’agit d’une mort accidentelle ou violente. Il désigne l’action de mourir pour une personne, non pour des animaux, et ne se conjugue qu’avec l’auxiliaire être.
    -Source : Multidictionnaire de la langue française 5e édition

    INTRANSITIF (auxiliaire être)
    (En parlant d’une personne) Mourir de mort naturelle. Il est décédé il y a plusieurs mois.
    -Source : Antidote

    4- Problématique
    COURANT, CRITIQUÉ – Problème particulier, question. La problématique du chômage.
    L’emploi courant du nom problématique comme simple synonyme de problème ou de question est critiqué par certains, en particulier par l’Académie française.
    -Source : Antidote

    En résumé, un problème, c’est une question d’ordre théorique ou pratique qui est difficile à concevoir, à expliquer ou à résoudre et une problématique, c’est un ensemble de problèmes liés à un même sujet. On réservera donc l’emploi du nom problématique quand une question ou une situation soulève plusieurs problèmes.
    Source : OTIAQ (https://goo.gl/upu5ku)

    ADJECTIF
    Dont l’issue n’est pas assurée, qui fait problème. Cette enquête est problématique.
    SYNONYMES aléatoire; difficile; litigieux.

    NOM FÉMININ
    1.  Art de poser les problèmes.
    2.  Ensemble de problèmes dont les éléments sont liés. La problématique du réchauffement climatique.
     Ce nom désigne une pluralité de problèmes.

     Ne pas confondre avec le nom problème, difficulté à résoudre.
    -Source : Multidictionnaire de la langue française 5e édition

    Il faut bien vérifier et non présumer 😉

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