L’homme d’affaires québécois Paul Desmarais vient de mourir. On l’a annoncé hier.
Comment ?
Sur Twitter, beaucoup ont dit que Desmarais était «décédé». Les lecteurs de l’Oreille tendue savent que, parmi ses batailles perdues d’avance, il y a celle de mourir. Pour le dire d’un mot : dans la langue courante, les gens ne décèdent pas; ils meurent. (Ils ne prédécèdent pas non plus.)
Décéder est un de ces euphémismes qu’aime la langue du XXIe siècle. Ce n’est pas le seul; voir ici et là.
S’agissant de Paul Desmarais, la palme de l’euphémisme revient au compte Twitter @LeDevoir : «L’homme le plus riche du Québec tire sa révérence.»
Dans le Petit Robert (édition numérique de 2014), c’est Courteline qui sert d’exemple à cette «locution plaisante» : «après quoi je tirai galamment ma révérence et m’en allai».
On ne saurait reprocher à quiconque d’être galant.
P.-S. — Merci à Jacques Brel pour le titre de ce billet, tiré de la chanson «Vieillir».
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«Un titan s’éteint» (La Presse) est pas mal aussi.
L’Oreille tendue se faisait exactement la même remarque en ouvrant sa Presse+ ce matin. Merci.
À force de voir ces expressions galvaudées dans la presse, on ne sait plus quoi penser quand on les voit employer correctement. Après avoir vu cet article sur Jean-Louis Trintignant (http://www.lapresse.ca/arts/spectacles-et-theatre/theatre/201310/11/01-4698953-jean-louis-trintignant-a-tire-sa-reverence.php), j’ai dû aller vérifier s’il n’était pas mort.