Une fois n’est pas coutume

La rubrique «Publicité» de ce blogue l’atteste : les occasions de se plaindre de la langue des publicitaires ne manquent pas.

Il y a cependant des exceptions, par exemple ce message télévisé de Vaillancourt Portes et fenêtres :

L’emploi de l’allitération — «fenêtre finement façonnée par de fervents fabricants», «poser la porte peaufinée passionnément par des professionnels perfectionnistes» — et le passage (involontaire) d’un niveau de langue à l’autre («déguédine») chez ces ouvriers de la construction réjouissent l’Oreille tendue, tout particulièrement le «Kâ», amorce potentielle d’un juron, devenu «Qualité colossale».

Merci.

 

[Complément du 24 mars 2017]

Isabelle Neault (Ogilvy Montréal) a remporté cette semaine le Grand Mérite Francopub et le Mérite du public Francopub de l’Office québécois de la langue française pour cette publicité. Voilà un excellent choix.

Correspondre grâce à Guy Lafleur

Série de tombres-poste «Les héros du hockey», 2016

 

On a beaucoup dit, depuis le milieu des années 1990 et l’apparition du World Wide Web, que la correspondance manuscrite était appelée à disparaître. L’Oreille tendue ne partage pas tout à fait ce point de vue.

Quoi qu’il en soit, cette menace n’empêche pas l’émission de nouveaux timbres-poste.

Récemment, Postes Canada a décidé de commémorer la carrière de Guy Lafleur, le célèbre ailier droit des Canadiens de Montréal, des Rangers de New York et des Nordiques de Québec — c’est du hockey. (Pour en savoir plus sur la représentation culturelle de Guy Lafleur, on clique ici.) Dans la série «Les héros du hockey», il figure à côté de Sidney Crosby, Phil Esposito, Mark Messier, Darryl Sittler et Steve Yzerman. Voilà «six des plus grands attaquants canadiens de la LNH à avoir joué». Cela se défend. Dire de chacun qu’il est un «héro», comme le fait Postes Canada, non.

Lafleur n’est pas le premier joueur des Canadiens à être honoré de la sorte.

Le visage de Maurice Richard a orné une série de timbres émis pour souligner la 50e édition du match des étoiles de la Ligue nationale de hockey en 2000. Il y côtoyait deux coéquipiers, Doug Harvey et Jacques Plante, et trois autres joueurs, Wayne Gretzky, Gordie Howe et Bobby Orr.

Série de timbres-poste, 50e édition du match des étoiles, 2000

 

Rebelote en 2009, au moment de l’interminable centenaire de l’équipe montréalaise. Les joueurs retenus ? De nouveau Harvey, Lafleur, Plante et Richard, en plus de Jean Béliveau, Yvan Cournoyer, Ken Dryden, Bob Gainey, Bernard Geoffrion, Dickie Moore, Howie Morenz, Henri Richard (le frère de l’autre), Larry Robinson, Patrick Roy et Serge Savard.

Série de timbres-poste, centenaire des Canadiens de Montréal, 2009

 

La lettre est peut-être moribonde; pas l’enveloppe.

P.-S. — Il n’est pas du tout impossible que des timbres hockeyistiques aient échappé à l’attention de l’Oreille tendue. Elle n’est pas philatéliste.

P.-P.-S. — Dans son livre de 2006, l’Oreille avait déjà parlé du timbre de Maurice Richard de 2000.

 

Références

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Melançon, Benoît, Épistol@rités, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Washing Machine», 2013. Édition numérique. Recueil de trois textes : Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre (1996), «Postface inédite : Quinze ans plus tard» (2011) et «Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier» (2011). http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506602/epistol@rites

Guy Lafleur, série de tombres-poste «Les héros du hockey», 2016

 

Benoît Melançon, les Yeux de Maurice Richard, éd. de 2012, couverture

Des nouvelles de l’imprimerie

Benoît Melançon, l’Oreille tendue, 2016, couverture

Si tout va comme prévu, l’Oreille tendue : le livre arrivera aujourd’hui de l’imprimerie et sera en librairie au début de la semaine prochaine.

Au cours des dernières semaines, vous avez pu découvrir sa couverture (signée Samuel Cantin), sa quatrième de couverture et sa bande-annonce.

Ci-dessous, son avant-propos.

*****

L’Oreille tendue est née le 14 juin 2009. Ma vie numérique était intense depuis plusieurs années, mais, jusque-là, je n’avais pas trouvé l’approche qui me permettrait de créer un blogue.

J’ai pourtant utilisé, au fil des âges numériques, au moins quatre formats de disquettes. J’ai eu des adresses de courriel, dès la fin des années 1980, sur aol.com et sur compuserve.com, puis sur un serveur universitaire à partir de 1991. L’année suivante, de Paris, j’ai lancé une bibliographie numérique sur le XVIIIe siècle à partir d’un Minitel branché à Internet (si, si). J’ai monté mes premières pages Web, dans un éditeur de texte, presque au moment même de l’apparition d’Internet pour le grand public. J’ai publié un livre sur le courrier électronique, Sevigne@Internet, en 1996, fruit d’une conférence de l’année précédente. Le 18 mars 1997, je donnais pour la première fois une séance de cours, à l’Université de Montréal, sur «Informatique et littérature» (j’ai été reçu assez fraîchement). J’ai géré — les plus vieux se souviendront peut-être de la chose — un site gopher pendant quelques années. Bref, mes expériences numériques étaient nombreuses et anciennes, mais il m’en manquait une.

C’est en dirigeant un mémoire de maîtrise à l’Université de Montréal que j’ai découvert les deux principes qui allaient me permettre de bloguer. Ce mémoire, «Du blogue au livre. Réflexions sur la nature générique du blogue», ne portait pas stricto sensu sur le blogue, mais sur la transformation en livres du contenu de trois blogues québécois. Son auteur, Éric Vignola, y formulait deux hypothèses : que les blogues qui durent proposent très régulièrement de nouveaux textes; que ces blogues ont une thématique forte.

Pour moi, cette thématique serait la langue, et la périodicité, pendant plusieurs années, quotidienne. Je pouvais devenir blogueur. À ces deux principes fondateurs, un troisième s’est rapidement ajouté : un personnage y parlerait, l’Oreille tendue; ce serait moi sans être moi, l’enseigne à laquelle je logerais.

Pourquoi m’obliger à écrire tous les jours ? Au moment de lancer mon blogue, j’occupais des postes de direction dans mon université. Pour écrire autre chose que de la prose administrative, rien de tel qu’une obligation comme celle-là. (Cela va sans dire : écrire rend heureux.)

Avoir une thématique forte, en l’occurrence les questions de langue, surtout au Québec, mais pas uniquement, n’interdit pas d’aborder d’autres sujets. L’Oreille tendue parle donc aussi de sport et de culture, de politique, d’actualité, de livres.

Les pages qui suivent reprennent quelques-uns des 2797 textes publiés à ce jour sur mon blogue. Des ensembles de textes ont été complètement laissés de côté : les citations, les portraits choisis, les annonces autopromotionnelles, les entrées collées sur l’actualité, les néologismes et leurs définitions, les bibliographies, les entrées de mon dictionnaire personnel de rhétorique. Il en va de même pour ceux déjà repris sous forme de livre, dans Langue de puck. Abécédaire du hockey (2014), puis dans Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue) (2015). Le blogue est illustré; pas ce livre. En ligne, il y a des commentaires des lecteurs; point ici. L’Oreille tendue s’appuie souvent sur le Dictionnaire québécois instantané que j’ai cosigné avec Pierre Popovic (2004); quand c’est le cas, je n’ai généralement pas retenu ces textes.

Les textes conservés ont été regroupés thématiquement et, très souvent, réécrits, découpés, réorganisés, augmentés, sans que soit retenue leur date de parution initiale. Ils devraient donner une idée du contenu de L’Oreille tendue, mais sans s’y substituer. Un blogue, ce n’est pas un livre. Ce livre n’est pas mon blogue.

Benoît Melançon
31 août 2016

 

Références

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Melançon, Benoît, Épistol@rités, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Washing Machine», 2013. Édition numérique. Recueil de trois textes : Sevigne@Internet. Remarques sur le courrier électronique et la lettre (1996), «Postface inédite : Quinze ans plus tard» (2011) et «Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier» (2011). http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506602/epistol@rites

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Melançon, Benoît, l’Oreille tendue, Montréal, Del Busso éditeur, 2016, 411 p.

Vignola, Éric, «Du blogue au livre. Réflexions sur la nature générique du blogue», Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, juillet 2009, x/114 p. https://doi.org/1866/3754