Les raisons de lire Une autre vie (2008), l’autobiographie de Per Olov Enquist, ne manquent pas : la force des mots, l’importance du sport, l’art de la variation, l’absence d’apitoiement sur soi.
Sa lecture est malgré tout accompagnée de menus désagréments.
Tel un quelconque ministre du gouvernement fédéral canadien, un ancien premier ministre suédois aurait eu un «agenda» politique : «Olof Palme ravit leur agenda aux jeunes libéraux […]» (p. 171). Non, sauf s’il leur a vraiment fauché un «Carnet sur lequel on inscrit jour par jour ce qu’on doit faire, ses rendez-vous, ses dépenses, etc.» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).
La comédienne danoise Johanne Luise Heiberg, comme n’importe quel chef d’État britannique, a raconté sa vie. Ses Mémoires auraient été «relues et écourtées par ses amis» (p. 358). Non : le mot est masculin. (Au moins, la majuscule initiale, elle, y est.)
Enquist tient un journal intime : «À cinq heures de l’après-midi, décide de quitter» (p. 434). Les Suédois partageraient-ils avec les Québécois la méconnaissance de certain verbe transitif ?
À ses heures, l’Oreille tendue fait dans l’édition. Elle est donc fort marrie de lire un ouvrage où les capitales ne sont pas accentuées et où les guillemets anglais (“ ”) sont préférés aux français (« »).
C’est tout. (Ça va mieux.)
Référence
Enquist, Per Olov, Une autre vie. Récit, Arles, Actes Sud, coll. «Lettres scandinaves», 2010, 475 p. Traduction de Lena Grumbach et Catherine Marcus. Édition originale : 2008.
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